Même si le gouvernement autorise la publication de journaux privés, la Guinée est le seul pays de la région à interdire les stations de radio et de télévision privées et le problème a longtemps été au cœur des préoccupations de l’opposition et de la communauté internationale qui exigent plus de démocratie.
Lors du Conseil des ministres de mardi dernier présidé par le chef d’Etat Lansana Conté, le gouvernement a approuvé un projet de loi autorisant la création, l’acquisition et la gestion de stations de radio ou de télévision privées par des ressortissants ou des sociétés guinéennes, mais pas par des partis politiques et des groupes religieux, précise le communiqué.
Les bailleurs internationaux, notamment l’Union européenne (UE) dont une délégation rencontre à présent des autorités guinéennes, bloquent d’importantes aides financières en attendant que le pays ait fait la preuve de plus de démocratie, d’une meilleure gouvernance et d’une libéralisation de la presse.
«C’est le résultat d’une pression constante que nous exerçons, dans l’opposition, avec l’UE», a dit à IRIN Mamadou Ba, membre de la coalition des partis de l’opposition, le Front républicain pour l’alternance démocratique (FRAD).
Une première tentative de la libéralisation de la presse a déjà été menée en janvier dernier lorsque le Premier ministre Cellou Dalien Diallo a promis d’autoriser la création de chaînes de radio privées et de renouer le dialogue avec le FRAD qui a boycotté les élections présidentielles de 2003.
Selon certains observateurs et diplomates, la situation en janvier dernier était devenue si dramatique en Guinée que les autorités ont convenu que la libéralisation de la presse serait un moindre mal.
Le mécontentement au sein des huit millions de guinéens grandissait. L’augmentation du prix des denrées alimentaires, des factures d’électricité et les retards de salaire ont, au fil des mois, conduit des étudiants , les mineurs et des habitants en colère à descendre dans les rues.
L’UE, qui est traditionnellement le principal bailleur de fonds de la Guinée, bloque une aide financière de plus de 100 millions de dollars américains parce que le gouvernement n’a pas réussi à mettre en œuvre les réformes politique et économique visant à une meilleure gouvernance dans ce pays pauvre et réputé corrompu.
Début décembre 2004, Diallo avait été nommé Premier ministre, huit mois après la démission de son prédécesseur, François Fall, lors de son voyage à Paris et de son exil en France qui survient deux mois après sa nomination à la tête du gouvernement guinéen.
Conté, qui est maintenant âgé de 70 ans a pris le pouvoir à la faveur du coup d’état de 1984, puis a été élu pour un mandat de sept ans en décembre 2003 au cours d’une élection présidentielle boycottée par les principaux partis de l’opposition. Ceux-ci ont déclaré plus tard que le scrutin qui a permis à Conté de recueillir 95% des suffrages était entaché de nombreuses d’irrégularités.
Certains diplomates constatent avec inquiétude que la Guinée n’a connu que deux présidents autoritaires depuis que la France lui a accordé l’indépendance en 1958 et que Conté n’a toujours pas désigné de successeur alors que la situation politique et économique du pays se détériore de plus en plus.
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