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Augmentation des violences sexuelles au Soudan du Sud

Women in South Sudan have never had the choice about when to have children Hannah McNeish/IRIN

Les violences sexuelles et fondées sur le genre ne sont pas nouvelles au Soudan du Sud, mais la crise actuelle et la quasi-absence de protection des populations civiles exacerbent ce phénomène, selon les analystes.

« Nous savons qu’elles [les violences sexuelles et fondées sur le genre] constituent un problème majeur. Même si bon nombre de victimes de violences sexuelles n’exposent pas leur calvaire en raison de la stigmatisation qu’elles peuvent créer, partout où nous sommes allés, des femmes et des filles nous ont dit qu’elles avaient été violées par des membres des forces gouvernementales ou de l’opposition », a dit à IRIN Donatella Rovera, conseillère principale sur la réaction aux crises à Amnesty International.

Le 8 mai, Amnesty International a publié un rapport sur les atrocités commises à l’égard des populations civiles, y compris les viols et les violences sexuelles, par les deux parties au conflit qui secoue le Soudan du Sud depuis cinq mois.

« L’environnement militarisé, avec des hommes armés omniprésents et l’absence virtuelle de respect de la loi, expose les femmes et les filles à un risque élevé de violences sexuelles. Les rapports qui font état de violences sexuelles perpétrées par les forces gouvernementales et les forces d’opposition indiquent clairement que les violences sexuelles liées au conflit sont courantes », a indiqué Amnesty International dans ce rapport.

« Nous avons reçu des témoignages de femmes et de filles qui ont été victimes de violences sexuelles dans toutes les principales régions touchées par le conflit : Djouba et certaines zones des Etats d’Unité, du Jonglei et du Nil supérieur », a dit à IRIN Mme Rovera d’Amnesty International.

Dans son rapport, également rendu public le 8 mai, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a noté que « le conflit a accru la vulnérabilité des femmes et des enfants du Soudan du Sud aux violences sexuelles ».

Dans ce rapport, la MINUSS a indiqué : « Toutes les parties au conflit ont commis des actes de viol et d’autres formes de violences sexuelles sur des femmes appartenant à différents groupes ethniques. Selon des informations crédibles, des violences sexuelles ont été commises en relation avec la survenue de violations des droits de l’homme et du droit humanitaire avant, pendant et après des combats intenses, des bombardements, des pillages et des fouilles dans les maisons ».

Il a ajouté : « Des femmes originaires de pays voisins ont également été visées. Les formes de violences sexuelles utilisées pendant le conflit incluent le viol, parfois avec un objet (pistolet ou balle), le viol collectif, l’enlèvement et l’esclavage sexuel ainsi que l’avortement forcé. Des femmes ont été mutilées et, dans au moins un cas, des femmes ont été obligées à sortir de leur domicile nues ».

Dans l’Etat du Centre équatorial, par exemple, la MINUSS a indiqué que les violences sexuelles ont augmenté après « le 15 décembre. Au moins 27 incidents ont été recensés, dont 22 incidents attribués aux forces de sécurité gouvernementales et principalement au SPLA [Armée populaire de libération du Soudan]. Ils incluent 14 incidents de viol et de viol collectif, une tentative de viol et quatre cas d’esclavage sexuel…

« Ainsi, après le 15 décembre, des femmes d’ethnie nuer ont été arrêtées dans une rue de Djouba par des soldats du SPLA et emmenées dans des lieux inconnus. Elles ont été confiées à des soldats qui ont les violées à de multiples reprises. Certaines parmi les survivantes ont ensuite été prises pour « épouses » par les soldats. Le 16 décembre, trois filles âgées de moins de 18 ans ont été victimes de viols collectifs commis par des soldats du SPLA qui sont entrés chez elles et les ont trouvées seules ».

Témoignage

Allongée sur un lit installé dans une tente de fortune du camp de protection des civils de Tomping, Monica*, une mère de six enfants âgée de 27 ans, raconte qu’elle a été violée à de multiples reprises à Gudele - un quartier densément peuplé de la capitale - par des membres présumés des troupes gouvernementales. Quelques heures à peine après le début des violences, les troupes fidèles au gouvernement ont envahi des quartiers de Djouba et tiré sans discernement sur les populations civiles, faisant de nombreux morts et des milliers de blessés. Le mari de Monica, âgé de 35 ans, fait partie des personnes tuées durant les attaques.

« Ils sont arrivés, ont donné un coup de pied dans la porte, sont entrés et nous ont frappé avec la crosse de leurs armes avant de nous demander de nous allonger sur le sol. Ils ont interrogé mon mari à propos d’armes, mais il n’en avait pas. Ils nous ont aussi demandé à quelle ethnie nous appartenions. Ils m’ont violée – chacun d’entre eux. Je ne sais pas combien ils étaient. Ensuite, ils ont tué mon mari », a dit à IRIN Monica.

Elle était enceinte de cinq mois au moment du viol. Trois mois plus, elle a perdu son bébé. Monica est trop effrayée pour rentrer chez elle, même si un calme relatif est revenu à Djouba.

« Je n’ai pas envie de rentrer maintenant. Ce qui m’est arrivé est effrayant. Comme vous pouvez le voir, je suis malade. Je ne sais pas comment je vais recommencer quand je rentrerai et je ne sais pas si ça [le viol] se reproduira », a-t-elle dit.

Abus d’alcool et de drogue

Les personnes hébergées dans les bases des Nations Unies ne se sentent pas plus en sécurité. Le directeur d’un camp de Tomping a dit à IRIN - sous couvert d’anonymat – que des femmes seraient victimes de harcèlement.

« Les femmes et les filles sont harcelées la nuit. Nombre d’entre elles ont même trop peur pour se laver ou aller aux toilettes le soir. Les femmes qui vivent seules sont constamment harcelées par de jeunes hommes. C’est un gros problème », a-t-il dit.

Il a ajouté que l’abus d’alcool et de drogue avait exacerbé les cas de harcèlement sexuel dans les camps.

« Les hommes et les garçons n’ont rien à faire et ils achètent de l’alcool. Quand ils boivent de l’alcool ou qu’ils prennent d’autres drogues, ils deviennent ingérables. Les maris maltraitent leur femme et les filles sont constamment poursuivies à la nuit tombée. On entend des bruits et des cris le soir ».

Selon le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), quelque 10 000 femmes et filles déplacées qui vivent dans des zones inaccessibles aux organisations d’aide humanitaire risquent de subir des violences sexuelles.

« Il faut accorder une plus grande attention à la protection des populations déplacées. Sinon, le nombre de femmes et de filles exposées aux violences sexuelles pourraient augmenter de manière considérable en raison de la forte insécurité et de la perte des mécanismes de protection communautaire liées au conflit. Nous disposons de rapports indiquant que des femmes et des filles subissent des viols lorsqu’elles vont chercher de la nourriture ou du bois de chauffage », a dit à IRIN Julitta Onabanjo, directrice régionale de l’UNFPA.

Des travailleurs humanitaires ont dit à IRIN que les craintes liées à la dénonciation des viols au sein de la communauté et l’insécurité avaient rendu encore plus difficile le contact avec les survivantes ou les soins.

« Il est même plus difficile d’atteindre les femmes et les filles qui ont été violées et qui vivent à l’extérieur des camps. Mais ici, dans le camp, il y a au moins quelques bénévoles au sein de la communauté à qui nous pouvons faire confiance et qui ont pu nous adresser certaines personnes, nous donnons des conseils et nous traitons les survivantes, si possible », a dit à IRIN un travailleur humanitaire qui intervient dans un camp temporaire du comté d’Awerial, dans l’Etat des Lacs, et qui a préféré garder l’anonymat.

L’UNFPA a indiqué : « La sensibilisation au signalement rapide des cas de viol est encore faible au sein de la communauté et souvent les cas ne sont signalés qu’après la période de 72 heures au cours de laquelle des traitements qui peuvent sauver la vie, comme les antirétroviraux et la contraception d’urgence, sont administrés ».

Mme Rovera d’Amnesty International a dit : « Aucune ONG [organisations non gouvernementales] capable de fournir des services médicaux et psycho-sociaux aux survivantes de violences sexuelles n’est accessible, particulièrement dans les camps pour déplacés établis dans les bases des Nations Unies. Cependant, seul un faible pourcentage des personnes déplacées par le conflit – moins de 10 pour cent – sont hébergées dans les camps établis dans les bases des Nations Unies. La majorité est hébergée dans des zones rurales isolées et n’a pas ou peu d’accès à une aide humanitaire de quelque type que ce soit ».

Plus d’un million de personnes ont été déplacées depuis le début du conflit. Le 5 mai, le président Salva Kiir et le leader rebelle Riek Machar ont rédigé un accord visant à mettre fin aux hostilités pour une période d’au moins un mois afin de permettre l’évacuation des civils pris dans le conflit.

*Nom d’emprunt

ko/cb-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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