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Le gouvernement réprime la société civile

Une experte en droits humains des Nations Unies a condamné les arrestations de leaders et d’activistes de la société civile menées au Pakistan, après la déclaration de l’état d’urgence dans le pays.

« Ce n’est pas l’état d’urgence, c’est [carrément] la loi martiale », a dit à IRIN Asma Jahangir, directrice de la Commission des droits humains du Pakistan, le 5 novembre, depuis Lahore (est), où elle réside.

Mme Jahangir, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la liberté de religion et de conviction, a été assignée à résidence pour une période de 90 jours quelques heures à peine après l’annonce.

Près de 1 500 leaders de l’opposition, avocats, journalistes, activistes de la lutte pour les droits humains et autres membres de la société civile ont été arrêtés au cours du week-end après que le président général Pervez Musharraf eut décrété l’état d’urgence dans le pays, le 3 novembre, et suspendu l’application de la Constitution, selon les associations de défense des droits humains.

En parallèle, la Cour suprême doit entendre une requête contestant le droit de M. Musharraf à occuper une nouvelle fois les fonctions de président.

Elections retardées ?

M. Musharraf avait à plusieurs reprises indiqué qu’il renoncerait à ses fonctions de chef de l’armée nationale avant de prêter serment une nouvelle fois le 15 novembre, et il avait affirmé qu’il organiserait des élections législatives avant le 15 janvier.

Pourtant, au lendemain de l’imposition de l’état d’urgence, les propos du Premier ministre Shaukak Aziz suggèrent le report imminent de la démocratie.

« Le calendrier électoral risque d’être modifié, mais nous n’avons pas encore décidé », a déclaré M. Aziz à la presse, expliquant que le président Musharraf avait pris la mesure « extrajudiciaire » d’imposer l’état d’urgence dans le but d’harmoniser les trois piliers de l’Etat.

« Ces mesures visent à assurer l’autorité du gouvernement, à améliorer l’ordre public et à maintenir l’harmonie entre les pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif, afin que le gouvernement puisse fonctionner sans problème », a déclaré M. Aziz.

Juges arrêtés, médias muselés

Peu après avoir suspendu l’application de la Constitution, M. Musharraf s’est empressé d’assigner sept juges de la Cour suprême à résidence, et notamment Iftikhar Mohammed Chaudhry, président de la Cour suprême, destitué par M. Musharraf lui-même en mai, mais réintégré à la suite de manifestations de masse.

De nouvelles directives ont été adoptées en matière de médias, restreignant la liberté de la presse, tandis que la diffusion des chaînes de télévision privées et des chaînes étrangères était toujours interrompue. Les mesures de sécurité ont été renforcées, le gouvernement se préparant à de possibles manifestations d’opposition.

La police pakistanaise a dispersé les avocats qui manifestaient à Karachi (la plus grande ville du Pakistan), à Lahore et à Rawalpindi, le 5 novembre, selon les comptes-rendus des médias.

Parallèlement, les forces de sécurité ne sont toujours pas parvenues à se sortir du conflit inextricable qui les oppose aux fidèles du Maulana Fazlullah (un chef religieux), qui exigent l’application de la Charia, la loi islamique, dans la vallée de Swat. Ce conflit a d’ailleurs pesé dans la décision du gouvernement d’imposer l’état d’urgence.

ds/at/mw/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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