Alors que le gouvernement du président tchadien Idriss Deby et quatre groupes rebelles s’apprêtent à signer un nouvel accord de paix, les récents affrontements intercommunautaires ont contraint les autorités a décrété l’état d’urgence dans trois régions du pays.
« Le gouvernement débat actuellement de la situation de l’insécurité dans l’est du pays, un problème qui devient de plus en plus préoccupant au fil des jours », a indiqué Hourmadji Moussa Doumgor, le porte-parole du gouvernement.
Le président Deby avait publié le 16 octobre un décret instaurant l’Etat d’urgence pour une période de 12 jours à Ouaddaï et Wadi Fira, deux villes de l’Est, ainsi que dans la région de BET (Borkou-Ennedi-Tibesti), au Nord du Tchad. Et à en croire certaines autorités, l’Etat d’urgence pourrait se prolonger au-delà des 12 jours.
Dans la même journée du 16 octobre, et sur ordre du gouverneur d’Ouaddaï, un couvre-feu avait été décrété à partir de 18h30 dans la ville d’Abéché, le principal centre opérationnel des organisations humanitaires présentes dans l’Est du pays.
« Nous pensons que cela est lié à l’Etat d’urgence », a expliqué à IRIN Eliane Duthoit, responsable du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). « Nous nous attendions à une reprise des affrontements avec la fin de la saison des pluies, et c’est ce qui semble se passer actuellement ».
En novembre 2006, un groupe rebelle avait pris le contrôle d’Abéché pendant quelques heures avant d’en être chassé.
Et malgré l’Etat d’urgence, explique un haut fonctionnaire, sous le couvert de l’anonymat, un accord a été conclu à Tripoli, en Libye, entre le gouvernement, représenté par le ministre d’Etat, ministre des Infrastructures, Adoum Younousmi, et les responsables des quatre groupes rebelles : Timane Erdimi du Rassemblement des forces pour le changement (RFC), Mahamat Nouri de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), Acheikh Ibn Oumar UFDD-Fondamentale et Hassan Aldineidji de la Concorde nationale tchadienne (CNT).
« Une cérémonie de signature officielle aura lieu bientôt en Libye, en présence de plusieurs chefs d’Etat, pour officialiser l’accord », a indiqué la source gouvernementale.
L’annonce de la signature de cet accord intervient deux jours après que l’Union européenne ait accepté d’envoyer un contingent de quelque 3 000 soldats dans le cadre de la force de maintien de la paix des Nations Unies qui sera déployée à partir de la mi-novembre dans l’Est du Tchad et en République centrafricaine, le pays voisin.
Il est donc possible que les groupes rebelles cherchent entre temps à gagner du terrain avant le déploiement des troupes de l’UE, a déduit Mme Duthoit.
L’Est du Tchad est en proie à au moins trois types de conflit armés ; l’un est un débordement du conflit qui secoue la région voisine du Darfour, au Soudan ; l’autre, un conflit interne entre le gouvernement et les différents groupes rebelles tchadiens et le troisième, un conflit entre les communautés locales de l’Est du pays. Et comme l’affirment certains observateurs, ces trois conflits sont liés.
Reprenant les propos de Mahamat Nouri, plusieurs journaux locaux indiquent que le leader de l’UFDD pense que l’accord qui va être signé n’apportera qu’une « paix partielle », bien qu’il ait lui-même accepté de parapher le document. « La guerre continuera malgré tout », aurait-il affirmé.
M. Doumgor, porte-parole du gouvernement, partage cet avis et pense qu’elle se poursuivra surtout du côté de la frontière avec le Soudan.
« Nous n’avons pas encore trouvé une solution définitive et les affrontements intercommunautaires se poursuivront avec leur lot de morts », a-t-il ajouté.
Selon Radio France International, au moins 20 personnes auraient été tuées à Tama (est) depuis le 12 octobre.
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