1. Accueil
  2. East Africa
  3. Somalia

En faisant l'école buissonnière, les enfants prennent leur éducation en main

Il est 10 h 30 et, en ce jeudi matin ensoleillé, dans la capitale de la république auto-proclamée du Somaliland, Mohamed Yousouf, 15 ans, fait l’école buissonnière. Mohamed ne joue pas au football ; il ne fume pas non plus, ni ne cire de chaussures pour se faire quelques shillings de plus. Au contraire, lui et une demi-douzaine de ses camarades de classe ont parcouru cinq kilomètres à travers les rues poussiéreuses de Hargeisa pour assister à une réunion du club Enfant-à-enfant (EAE) de l’école primaire de Biyo Dhacay. En d’autres termes, Mohamed et ses amis font l’école buissonnière pour prendre leur éducation en main.

Financés par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et mis en place par l’Association des élèves du Somaliland (SOLSA), les programmes EAE somaliens reposent sur un principe directeur simple – les élèves énoncent un problème, puis planifient et mettent en œuvre des projets en vue de le résoudre. Ce processus, qui consiste à présenter des problèmes (au cours de débats souvent houleux), et à prendre des décisions pour les traiter (avec un peu de chance, par consensus), est tout aussi important que les résultats tangibles qui en ressortiront finalement, quels qu’ils soient.

Au cours de la première année de fonctionnement du programme, les élèves de Biyo Dhacay ont décidé qu’ils avaient besoin d’un espace ombragé pour déjeuner et d’une occasion de mesurer leurs talents académiques à ceux d’autres établissements secondaires de la ville. Leur club EAE a donc planté des arbres dans la cour et organisé une série de compétitions académiques avec d’autres écoles de Hargeisa.

La Somalie compte 105 clubs EAE, chacun composé d’une trentaine d’élèves âgés de 10 à 19 ans. Ces clubs sont importants de par leur simple existence ; en effet, après la chute du gouvernement central en 1991, le système scolaire du pays s’est en grande partie effondré.

Aujourd’hui, selon l’UNICEF, le taux d’inscription à l’école primaire enregistré en Somalie est un des plus faibles du monde. Et si, de manière générale, l’idée d’un enseignement dirigé par les enfants a été accueilli avec enthousiasme, les éducateurs dont l’enseignement repose sur une approche par le haut peinent encore à confier pleinement leurs classes à leurs élèves.

Selon Hanna Sundberg, responsable éducative d’UNICEF-Somalie, son organisation doit elle aussi se garder d’adopter involontairement une attitude par le haut lorsqu’elle intervient dans des clubs enfant-à-enfant. « Les programmes EAE sont très bien pour l’UNICEF parce qu’ils servent de points de convergence pour nous permettre de transmettre nos messages directement aux enfants », a-t-elle expliqué. « Mais nous ne voulons pas seulement continuer à asséner des messages aux enfants ; nous voulons que les messages viennent des enfants eux-mêmes ».

« Le taux d’inscription à l’école primaire enregistré en Somalie est un des plus faibles du monde ».
Ce matin, au club EAE de Biyo Dhacay, le débat porte sur l’élaboration du programme de l’année à venir. C’est aussi l’occasion pour Mohamed et ses amis de transmettre un message de la part de leur club EAE et de partager les meilleures pratiques et les enseignements tirés.

« Ce qu’il vous faut », dit Mohamed à ses camarades de classe, « c’est élire un secrétaire qui pourra prendre les minutes de toutes vos réunions ». Mais juste au moment où le débat sur les mérites d’un poste de secrétaire commence à s’animer, la directrice de Biyo Dhacay s’introduit dans la salle de classe, réprimande Mohamed et ses amis pour avoir pénétré dans l’enceinte de l’école et met promptement fin à la réunion.

Dehors, dans la cour, la discussion se poursuit néanmoins. « Pour l’année à venir, nos priorités seront d’augmenter le nombre de participants [aux programmes] EAE dans les écoles où des programmes sont actuellement en place », estime Sagal Osmaan Aaden, un élève de quatrième, « et nous devons trouver un moyen de mieux collaborer avec nos professeurs et nos parents ».

« Mais ce dont nous avons vraiment besoin », crie un autre élève, de l’autre côté de la cour, « c’est de nouvelles cages de but pour le foot ».

cj/sr/nh/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join