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Frustration face à l’incapacité de l’Etat à empêcher les “atrocités”

Sharmila Chettri et sa famille ont désespérément essayé de récupérer leur terre agricole, récemment saisie par des ouvriers maoïstes dans le district du Chitwan, à environ 300km à l’ouest de Katmandou, mais en vain.

« Nous nous sommes rendus dans notre village plus de 15 fois pour demander aux cadres militaires maoïstes de nous rendre notre terre mais ils ont menacé de nous agresser », a raconté Mme Chettri. Des ex-rebelles en armes se promenaient encore dans les villages, en parfaite violation du traité de paix signé avec le gouvernement népalais en novembre 2006 a-t-elle constaté.

Malgré les instructions des dirigeants maoïstes de restituer toutes les propriétés saisies pendant les hostilités, certains activistes maoïstes continuent de faire la sourde oreille, ont rapporté des habitants locaux.

« J’essaye de solliciter l’aide des paysans locaux…et j’ai promis de leur céder quelques lopins de terre s’ils parviennent à convaincre les cadres maoïstes locaux de me rendre mes terres », a dit Puja Thapa, un villageois de Nawalparasi, un district du sud du pays, situé à 400 km de Katmandou.

Des villageois comme M. Chettri et M.Thapa ont recommencé à fuir, malgré le processus de paix et après presque 11 années de violence qui ont déplacé plus de 200 000 familles et fait plus 14 000 morts, selon des groupes de défense des droits humains.

« Même aujourd’hui, nous sommes obligés de faire des dons d’argent et de nourrir les ouvriers maoïstes », a dit Sunita Karki à Irina. Elle a fui son village avec sa famille quand elle en a eu marre des extorsions pratiquées par les maoïstes à Nawalparasi.

Selon Mme Karki, la situation a à peine changé dans les villages où les maoïstes font régner la loi. Ils continuent de harceler les partisans politiques des sept autres partis nationaux, bien qu’ils soient eux aussi membres du gouvernement de coalition qui dirige le pays.

Police « impuissante »

Même la police n’a rien fait pour lui venir en aide quand les maoïstes ont publiquement menacé de s’en prendre à sa famille, a dit Mme Chettri, en pleurant de frustration.

« La police semblait impuissante et incapable de faire quoi que ce soit. Qui va assurer notre protection et notre sécurité à présent ? », a demandé son mari.

« Il est nous très difficile de faire notre travail car ils menacent toujours d’attaquer nos postes de police », a expliqué à IRIN Mukesh Kunwar, un policier de Nepalgunj, une ville située à 600 km à l’ouest de la capitale. Selon lui, ces menaces ne sont pas à prendre à la légère, étant donné qu’en mai des maoïstes s’étaient emparés des postes de police du district de Banke, non loin de Nepalgunj.

Des militants d’associations de défense des droits humains ont affirmé que plusieurs policiers avaient également été enlevés à la suite de l’attaque perpétrée en mai contre un poste de police de Suyiya par 500 maoïstes. L’agent de police, Mukesh Kunwar, responsable du poste, avait été enlevé, détroussé, et son bureau avait été incendié, ont-ils ajouté.

« L’attaque a eu lieu parce que les forces de police avaient réussi à mettre fin à des activités criminelles soutenues par des maoïstes qui tiraient parti du trafic de bois et d’autres produits dans la région limitrophe de la frontière avec l’Inde », a dit Mohammed Rahis Jolaha, un habitant de la localité.

«Nous ne savons pas qui pourrait nous protéger à présent, puisque la police est totalement impuissante et démoralisée », a-t-il expliqué.

Lorsque les villageois ont protesté contre l’attaque, ils ont été menacés par les Maoïstes, a ajouté M. Jolaha.

« Ma famille se prépare à fuir vers l’Inde pour échapper aux intimidations et aux menaces des maoïstes et des bandes de voleurs armés » a dit Mohammad Jalil.

Les diplomates sont concernés

Plus inquiétant encore, la ligue communiste de la jeunesse maoïste (YCL), une branche de la jeunesse maoïste récemment créée, préoccupe à la fois les partis politiques et les missions diplomatiques du Népal.

Au cours de la dernière semaine de mai, des membres du YCL ont jeté des pierres sur un véhicule des Nations Unies qui transportait l’ambassadeur des Etats-Unis, James F. Moriarty et le représentant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Abraham Abraham.

« Nous condamnons toutes les tentatives, quelles qu’elles soient, visant à nuire, menacer ou contrarier les diplomates étrangers en poste au Népal », a souligné un communiqué des 15 missions du corps diplomatique accrédité au Népal.

L’aptitude du gouvernement à renforcer la sécurité laisse la classe politique bien sceptique. En effet, les autorités népalaises n’ont fait aucun commentaire à propos de l’attaque perpétrée le 3 juin contre un véhicule transportant des responsables de partis politiques, ont fait remarquer certains politiciens.

« Les excès et les atrocités commis par les maoïstes doivent cesser immédiatement », a indiqué un communiqué officiel du Congrès Népalais (NC), le plus grand parti du pays. Les parlementaires NC ont appelé le gouvernement à prendre des mesures fermes contre les auteurs de cette attaque.

«Les maoïstes ont violé l’accord de paix en poursuivant leurs activités », a dit le député Sitadevi Yadav.

Pourtant, les leaders maoïstes nient toute violation de l’accord de paix, affirmant que les attaques sont le fait d’autres criminels.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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