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Nouvelle explosion de la violence à Mogadiscio

A quelques jours du déploiement en Somalie de la force africaine de maintien de la paix, la flambée de violence qui touche Mogadiscio a contraint des centaines de familles à fuir la capitale et à s’installer dans des camps provisoires situés à la périphérie de la ville.

Selon Madobe Nuunow Muhammad, le ministre somalien de l’Information, le gouvernement veut impliquer les civils dans la recherche d’une solution à la crise.
« Nous faisons face à une crise, mais tentons de la résoudre et nous y parviendrons bientôt », a-t-il affirmé lundi.

« L’insécurité actuelle est le résultat de seize années de chaos et d’anarchie et elle ne peut être résolue en si peu de temps », a ajouté le ministre. « Un comité spécial chargé de la sécurité a été créé pour la capitale ; il comprend des représentants du gouvernement et de la population. Ensemble, nous pouvons trouver une solution à la crise et c’est pour cette raison que le gouvernement compte impliquer la population ».

Dans le cadre des stratégies mises en place pour sécuriser la ville, l’Union Africaine (UA) envisage de déployer quelque 8 000 soldats de maintien de la paix. A ce jour, seuls 4 000 d’entre eux ont été mobilisés, mais les autorités ougandaises envisagent d’envoyer en Somalie dans les prochains jours, leur premier contingent de 1 500 soldats.

Mais en attendant le déploiement de la force africaine, les habitants de Mogadiscio subissent au quotidien les conséquences de cette violence. Dimanche, quatre personnes sont mortes dans l’explosion de leur voiture et quatre autres, dont un agent de police, ont été abattues, selon des sources locales.

Le nombre de blessés par balle admis à l’hôpital a considérablement augmenté, ont révélé les autorités hospitalières.
« Du 1 au 18 février, nous en avons reçu 98, dont 21 sont morts des suites de leurs blessures », a déclaré Sheikhdon Salad, le directeur de l’hôpital de Medina, le principal centre hospitalier du sud de Mogadiscio.

Dans la même période à Keysaney, 48 blessés par balle ont été admis dans le principal établissement médical du nord de Mogadiscio, mais deux d’entre eux sont morts, a fait remarquer Haji Muse Hassan, l’infirmer en chef.
D’autres sources médicales ont révélé qu’au cours des deux dernières semaines, 260 blessés ont été admis dans les hôpitaux de la ville, dont 42 ont succombé à leurs blessures.
« Et ces chiffres ne tiennent compte que de ceux qui ne se sont pas rendus dans des hôpitaux. En effet, beaucoup d’autres victimes ont été soignées à domicile par leurs parents et, en cas de décès, elles ont été enterrées », a-t-il ajouté.

Selon certains témoins, les milices indépendantes qui contrôlaient des points de passage à Mogadiscio, avant que les miliciens de l’Union des tribunaux islamiques ne s’emparent de la ville, ont fait leur réapparition dans certains quartiers de la capitale.

En décembre 2006, les troupes du gouvernement fédéral de transition, appuyées par les forces éthiopiennes, ont chassé les miliciens des tribunaux islamiques qui contrôlaient Mogadiscio et une bonne partie de la région sud du pays, depuis juin 2006.

« Les armes qui avaient totalement disparu des rues ont refait surface en l’espace de deux mois », s’est indigné un témoin.

Dans son rapport de situation publié vendredi dernier, la représentation locale du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique « qu’il existerait actuellement une quinzaine de points de passage où des populations civiles sont victimes de violence, d’extorsion de fonds et d’actes d’intimidation. Des incidents similaires ont été rapportés sur les routes de Mogadishu-Johwar [nord] et de Mogadishu-Brava [sud] ».

Selon OCHA, certaines informations font état d’un flux continu de déplacés internes qui quittent Mogadiscio, afin d’échapper à l’insécurité et à la violence qui y règnent. Ils fuient notamment les camps de déplacés situés à proximité de la base des miliciens des tribunaux islamiques et des forces armées éthiopiennes, du port et de l’hôpital de Digfer.

Quelque 650 familles se seraient ainsi installées provisoirement à Xaawo-cabdi [sur la route menant à Afgooye].

De l’avis de quelques habitants de la capitale, les auteurs de ces violences sont de plus en plus audacieux. L’explosion qui a touché dimanche une voiture qui circulait devant le stade de Mogadiscio était si puissante que les passagers qui se trouvaient à bord du véhicule sont morts sur le coup.
A 14 heures, des hommes armés et masqués ont attaqué un véhicule de police dans le quartier de Huriwa, au nord de Mogadishu. Ils ont abattu un des agents de police, alors que ceux-ci s’étaient arrêtés pour acheter des boissons », a ajouté M. Hassan.

Mais la violence ne touche pas uniquement la capitale. Des rapports indiquent que la situation sécuritaire s’est également dégradée à Lower Shabelle où il est fait état de plusieurs cas de viols, et à Baidoa, où un journaliste a été tué vendredi.

Pour Abdifatah Geesey, directeur de la station de radio privée, Radio Warsan, basée à Baidoa, le journaliste a été abattu de sang froid.
« Ali [Muhammad Umar] a été abattu par deux inconnus armés alors qu’il rentrait chez lui vendredi soir, vers 20 heures ».

Ce climat d’insécurité a des conséquences sur le fonctionnement de la station de radio de M. Geesey.
« Dès le coucher du soleil, tous les gens s’enferment chez eux. Pour des raisons de sécurité, j’ai demandé à notre équipe de nuit de rester dormir dans les locaux de la station ».

Radio Warsan, a été fermée à plusieurs reprises et n’a recommencé à émettre que depuis douze jours.
« Le gouvernement avait fermé notre radio pendant un mois et cela fait douze jours à peine que nous avons eu l’autorisation d’émettre à nouveau », a déclaré M. Geesey.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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