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Coup dur pour les réfugiés centrafricains coincés dans une ville soudanaise

Depuis qu’il s’est enfui de sa ville du centre-nord de la République centrafricaine (RCA), le 3 décembre 2006, Abdoulay Douga Mandja Noël, 40 ans, vit difficilement à Am-Dafock, une bourgade soudanaise située à la frontière entre la RCA et le Soudan.

M. Abdoulay a fui les combats qui ont opposé pendant plusieurs mois l’armée centrafricaine à une rébellion armée, l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR). Cette coalition de mouvements rebelles revendique le partage du pouvoir et accuse le Président François Bozizé d’avoir instauré un gouvernement basé sur des considérations ethniques.

« Nous avons vécu sous la menace permanente des rebelles et de l’armée nationale », a confié M. Abdoulay. « J’ai fui pour des raisons de sécurité, mais je pense qu’il est temps de retourner chez moi ».

Abdoulay Douga Mandja Noël vivait auparavant à Sam-Ouandja (nord), une des cinq localités prises en novembre par l’UFDR, puis reconquises par l’armée.

En décembre, M. Abdoulay a mis sur pied l’association des réfugiés d’Am-Dafock qu’il préside. La plupart des réfugiés ont été logés dans un établissement scolaire mis à leur disposition par les autorités soudanaises d’Am-Dafock.

Les réfugiés coincés dans la partie soudanaise d’Am-Dafock souhaitent ardemment rentrer chez eux et attendent que le gouvernement centrafricain organise leur rapatriement, même s’ils n’ont pour l’instant reçu aucune assistance humanitaire.

Si l’existence de ces réfugiés a échappé à l’attention des organisations humanitaires, c’est notamment parce qu’aucun programme de développement des Nations Unies n’a été initié dans la région au cours des trois dernières décennies et qu’aucune agence onusienne n’est présente dans la région.

En outre, la préfecture de Vakaga, qui a été la cible des attaques de la rébellion, n’est pas accessible par la route pendant la saison des pluies, ce qui a contribué à isoler un peu plus la région au cours des trois derniers mois.

« Je suis coincé ici. Je rentrerais bien chez moi si j’avais les frais de transport », s’est lamenté M. Abdoulay.

A l’en croire, les habitants de la ville centrafricaine de Sam-Ouandja ont été maltraités par les rebelles et de nombreux civils innocents ont été tués par l’armée qui les accusait de soutenir la rébellion. Beaucoup de membres de la communauté Goula à laquelle il appartient, ont été la cible des attaques des autres communautés qui les accusaient d’être à l’origine de la rébellion, a-t-il ajouté.

Au moins 4 000 Centrafricains se sont réfugiés au Soudan, a affirmé M. Abdoulay.
« Certains ont trouvé refuge bien au-delà de la ville soudanaise de Nyala », a-t-il précisé. La ville de Nyala se trouve à 80 kilomètres à l’est de la frontière entre la RCA et le Soudan.

Pour M. Abdoulay, les autorités soudanaises n’ont recensé que 877 réfugiés.

« Beaucoup de réfugiés ont refusé de se faire recenser pour ne pas être rapatriés de force par le gouvernement soudanais », a-t-il ajouté.

Pour s’en sortir, certains d’entre eux ont été obligés de travailler dans des fermes privées ou de s’adonner à la pêche.

Comme M. Abdoulay, Ashta Amine, 32 ans, souhaiterait rentrer chez elle à Birao, la capitale de la province nord de Vakaga.

« On est bien mieux chez soi, et je suis prête à rentrer si le gouvernement organise notre rapatriement », a-t-elle affirmé.

« Les rebelles et mes voisins ont volé mes biens et je survis à Am-Dafock grâce à la générosité des gens », a-t-elle déploré. « Je n’ai plus de vêtements, plus de casseroles, plus de lit pour dormir, mais je préfère être chez moi ».

Les affrontements entre l’armée et l’UFDR ont commencé début novembre 2006, après la prise par les rebelles de cinq localités. Bien que la situation dans le nord de la RCA soit calme, la menace de nouvelles attaques inquiètent la plupart des habitants. Comme le soulignent ceux restés dans les villes précédemment contrôlées par la rébellion, les soldats de l’armée ne maintiennent pas une présence permanente dans la région et l’UFDR pourrait être tentée de reconquérir ces villes.

D’après le rapport de l’Assemblée nationale de la RCA, au moins 12 000 Centrafricains se sont réfugiés au Soudan après les combats, un chiffre confirmé par M. Abdoulay.


La représentation du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en RCA a affirmé qu’elle ne connaissait pas le nombre de réfugiés centrafricains présents au Soudan. L’agence fera les investigations nécessaires pour tenter d’établir le nombre exact de ces réfugiés, a assuré Gogo Hukportie, chargé de programmes au bureau du HCR de Bangui.

« Près de 900 réfugiés se sont faits recenser dans la partie centrafricaine de la ville », a déclaré le 24 janvier Pierre Edouard Tamboula, l’adjoint au commissaire de police.
Pour M. Tamboula, la plupart des personnes qui se trouvaient du côté centrafricain de la ville d’Am-Dafock sont retournées chez elles.

« Je n’ai pas le nombre exact des personnes qui se trouvent de l’autre côté de la frontière, mais d’après ce qui se dit, il y en aurait beaucoup », a-t-il ajouté.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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