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La Cour pénale internationale confirme les accusations à l'encontre de Thomas Lubanga

Les habitants de l’Ituri, la région instable du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), ont dans l’ensemble accueilli avec satisfaction la confirmation par la Cour pénale internationale (CPI) des accusations à l’encontre du chef rebelle Thomas Lubanga.

La Cour de la Haye a indiqué lundi qu’elle disposait d’assez d’éléments pour inculper et juger M. Lubanga pour crimes de guerre et recrutement d’enfants soldats. L’ex-chef rebelle est ainsi le premier protagoniste du conflit de l’Ituri à répondre de ses actes devant la CPI.

« C’est une bonne nouvelle », a dit Christian Lukusha, le chef de section Assistance et Protection des Droits de l’Homme au sein de l’ONG Justice Plus à Bunia, la capitale de l’Ituri.

Selon M. Lukusha et Mme Geraldine Mattioli, de l’organisation Human Rights Watch, même si la mise en accusation constitue une étape importante, la Cour doit aller plus loin dans les poursuites engagées à l’encontre de M. Lubanga.

« Nous souhaitons que des charges comme massacres, abus sexuel et tortures soient ajoutées à l’occasion du prochain procès et que d’autres leaders de l’Union des Congolais Patriotes (UPC) soient mis en examen », a indiqué Mme Mattioli. « Nous souhaitons également que la CPI s’intéresse aux hauts responsables qui ont soutenu, financé et armé ces milices ».

Thomas Lubanga, 46 ans, a été arrêté le 17 mars 2006 en Ituri. Il est le premier suspect appréhendé deux ans après l’ouverture par le procureur du tribunal d’une enquête sur ses activités pendant le conflit en Ituri. Il a été transféré à la Haye et est la seule personne détenue par la CPI.

Mais certains membres de la communauté Hema, à laquelle appartient Thomas Lubanga, estiment qu’il est injuste que M. Lubanga soit le seul à figurer dans le box des accusés.

« Pourquoi seulement notre leader et pas les autres qui ont aussi participé aux crimes en Ituri », a dit Pascal Mateso un agriculteur.

Pour l’ONG Espoir pour Tous, basée à Bunia, la CPI devrait émettre d’autres mandats d’arrêt pour donner un caractère impartial à son action.

« C’est un message fort de la communauté internationale dans la lutte contre l’impunité pour ceux qui utilisent ou qui seront tentés d’utiliser les enfants dans l’armée », a dit Manoodge Munubay le porte-parole de la Monuc - Mission des Nations Unies en RDC - en Ituri.

Pour pouvoir mettre en examen les complices de Thomas Lubanga, la CPI a besoin de la collaboration des habitants de l’Ituri dont certains pensent que la Cour devrait protéger les témoins et les victimes des exactions.

« On a cité mon nom au cours de l’audience de confirmation alors qu’on a convenu que mon témoignage sera anonyme ; cela m’a plongé dans l’insécurité. L’Union des Patriotes Congolais de Thomas Lubanga m’a menacé », a dit un journaliste sous couvert de l’anonymat.

La CPI est un organe indépendant et permanent qui poursuit et juge les auteurs de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Le Statut de Rome, entré en vigueur le 1 juillet 2002, définit les compétences juridictionnelles de la Cour et son fonctionnement.

M. Lubanga, père de sept enfants, est resté calme tout au long de l’audience de confirmation des charges et a souvent pris des notes. Il a rejeté les charges qui pèsent contre lui et s’est présenté comme un compatriote.

Il a fondé l’UPC en 2000. La plupart des membres de l’UPC appartiennent à la communauté Hema qui considère les Lendu, la communauté voisine, comme des ennemis. En septembre 2002, il a créé les Forces patriotiques pour la libération du Congo, l’aile militaire de l’UPC.

L’Ituri a été l’une des régions les plus marquées par le conflit en RDC. Selon les Nations Unies, au moins 60 000 civils y ont été tués. Outre les nombreuses exactions commises par l’UPC, des graves cas de violations des droits de l’homme ont été commis par d’autres groupes armés dont le Front des nationalistes et intégrationnistes de Floribert Ndjabu Ngabu, une milice Lendu.

M. Ngabu est actuellement détenu à Kinshasa, la capitale de la RDC, mais n’a pas encore été mis en examen par la CPI de la Haye.

Après son arrestation en février 2006 par les autorités de RDC, suite au meurtre de neuf Casques bleus de l’ONU en Ituri, M. Thomas Lubanga a été emprisonné à Kinshasa, avant d’être remis au CPI le 16 mars 2006.

La chambre d’accusation de la Cour a jugé qu’elle disposait d’assez d’éléments de preuve pour estimer que M. Lubanga s’est rendu coupable et complice de crimes de guerre en recrutant des enfants au sein d’un groupe armés et en les utilisant dans les combats, de septembre 2002 au 13 août 2003 ; une décision qui a été bien accueillie par le gouvernement de la RDC.

« Cette décision est un pas dans la bonne direction et est conforme à ce que le gouvernement de la RDC a toujours souhaité », a expliqué Mme Madeleine Kalala, la ministre congolaise des Droits de l’homme. « C’est un signal fort pour le pays qui pousse davantage à la lutte contre l’impunité. C’est donc à nous de lutter ici, à l’intérieur, contre l’impunité », a-t-elle ajouté.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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