« On en a assez maintenant. Quitter l’Irak est devenu une obligation », a dit Jamal Habo Korges, un mécanicien de 44 ans. « Nous souffrons depuis 2003 et nous n’en pouvons plus. Le récent carnage constitue l’ultime avertissement », a dit à IRIN ce père de trois enfants.
Deux ans après l’invasion de 2003 menée par les Etats-Unis, lorsque les minorités furent visées par les extrémistes sunnites et les milices chiites, la famille de M. Korges a quitté l’Irak pour la Syrie voisine. Mais avec le rétablissement d’une relative sécurité depuis début 2008, la famille est rentrée au pays.
« Nous avons eu tort concernant cette décision », a dit M. Korges. « Nous n’avions pas réalisé que la sécurité était fragile... Maintenant nous nous préparons à repartir pour la Syrie et ensuite y demander asile ; c’est la seule décision raisonnable ».
Le 31 octobre, cinq kamikazes ont pris en otage une congrégation entière dans la cathédrale Notre Dame du Perpétuel Secours, une des plus grandes églises syriaques catholique de Bagdad, peu après la messe. Ils ont abattu des fidèles, y compris deux prêtres, avant de faire exploser leurs ceintures bourrées d’explosifs lorsque les forces de sécurité irakiennes ont fait irruption dans l’église quelques heures après. Près de 100 personnes ont été blessées.
L’attaque, revendiquée par un groupe lié à Al-Qaïda, appelé l’Etat islamique d’Irak, est la plus meurtrière enregistrée contre les Chrétiens d’Irak.
Nouvelles menaces
Le groupe a justifié l’attaque en disant que l’Eglise copte en Egypte était présumée détenir deux femmes qui se seraient converties à l’Islam, et a donné 48 heures à l’Eglise pour les relâcher. L’ultimatum expirait le 2 novembre et le groupe a mis en ligne une autre déclaration menaçant d’attaquer des Chrétiens au Moyen-Orient.
« Le ministère de la Guerre de l’Etat islamique d’Irak annonce que toutes les institutions chrétiennes, centres, dirigeants et fidèles sont des cibles légitimes pour les moudjahidines [guerriers saints], là où ils peuvent les atteindre », indique la déclaration en arabe.
Appel pour l'autonomie
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La STP a ajouté sa voix à un appel controversé pour l’établissement d’une région autonome administrativement pour les minorités, y compris les Chrétiens, dans la province de Nineveh, dans le nord de l’Irak. Dans la région, les groupes minoritaires constituent la majorité. « L’autonomie pour la région pourrait aider à protéger les communautés ethniques et religieuses les plus petites si cette zone est liée à la région pacifique [autonome] irako-kurde », a dit Tilman Zülch, le président de la STP, dans une déclaration.
« La Constitution de l’Irak permet la création de régions autonomes et prévoit un référendum sur l’affiliation, y compris pour des zones de la province de Nineveh », a dit M. Zülch. « Le référendum doit se tenir prochainement, car c’est dans l’intérêt de la sécurité de toutes les minorités ».
Lors d’une manifestation à Nineveh pour dénoncer l’attaque contre l’église de Bagdad, le prêtre Gebrial Korges a demandé au gouvernement de protéger les Chrétiens et de traduire en justice les responsables du massacre.
« Il y a un plan évident dont l’objectif est de faire partir les Chrétiens hors de l’Irak central et méridional », a dit M. Korges dans un communiqué. « La question est : qui se tient derrière ces crimes contre des Chrétiens et pourquoi le gouvernement ne les traduit-il pas en justice ? ».
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