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Quand des cendres volcaniques se mettent en travers de la route

An image of the ash plume (brown) from the Eyjafjallajökull volcano in Iceland captured by NASA's Aqua and Terra satellites on 19 April 2010 NASA's MODIS Rapid Response Team
Contrairement à l’éruption du volcan Pinatubo en 1991 aux Philippines – la deuxième plus grande du 20ème siècle – celle du volcan islandais Eyjafjallajökull ne contribuera pas au changement climatique ; au contraire, en empêchant les avions de traverser le ciel européen pendant près d’une semaine, elle a permis d’éviter l’émission de milliers de tonnes de gaz à effet de serre.

Les cendres volcaniques d’Eyjafjallajökull ont laissé derrière elles une traînée de missions humanitaires perturbées, d’affectations reportées et d’ateliers annulés. « Mais le monde ne s’est pas effondré ! », a dit Tom Sharman, responsable du dossier changement climatique chez ActionAid International. « Cela m’a donné l’idée de suggérer qu’une ‘journée sans avions’ pourrait être une bonne idée ! »

Le transport aérien est responsable de jusqu’à quatre pour cent des émissions nocives mondiales de gaz carbonique (CO2) issu de combustibles fossiles près de la surface de la terre, d’après la NASA (l’Administration américaine de l’aéronautique et de l’espace).

L’éruption du Mont Pinatubo a fait 800 morts, déplacé plusieurs centaines de milliers d’habitants, et provoqué la dispersion d’environ 20 millions de tonnes de dioxyde de soufre et de cendres, entraînant une instabilité météorologique qui constituait un changement climatique à court terme, d’après des chercheurs.

« Le paramètre majeur qui caractérise la capacité d’une éruption volcanique particulière à affecter le climat est la quantité de SO2 [dioxyde de soufre] injectée dans la stratosphère », a dit Georgiy Stenchikov, professeur de science de l’environnement à l’Université de science et technologie du Roi Abdullah, en Arabie saoudite, un des chercheurs ayant mené des recherches sur l’impact climatique de Pinatubo.

Le SO2 est converti en aérosol de sulfate – gouttelettes d’acide sulfurique très concentré – qui a une « longue durée de vie et reflète le rayonnement solaire ». La réduction du rayonnement solaire entraîne une baisse des températures et une modification des schémas de la circulation atmosphérique, mais « l’éruption islandaise a émis 5 000 fois moins de SO2 que Pinatubo, donc il n’y aura pas d’effet climatique détectable », a dit M. Stenchikov.

Bien que l’éruption d’Eyjafjallajökull ait été moins grande que d’autres par le passé, elle a causé un chaos suffisant pour bloquer plusieurs milliers de voyageurs loin de chez eux, d’après un communiqué de la Stratégie internationale des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (SIPC). Le nuage de cendres volcaniques a perturbé de nombreux voyages, missions et affectations chez les organisations humanitaires – et il faudra des semaines pour que tout rentre dans l’ordre.

Etre bloqué à l’étranger coûte cher

Cependant, lorsque l’on est travailleur humanitaire employé par les Nations Unies ou un gouvernement, et que l’on est bloqué dans une ville européenne où l’on bénéficie d’une indemnité journalière de subsistance élevée – aussi appelée per diem, un terme latin signifiant « par jour », qui est souvent utilisé pour désigner les dépenses ou les remboursements quotidiens –, on peut éventuellement se réjouir de ce nuage de cendres, malgré le dérangement.

« Cela m’a donné l’idée de suggérer qu’une ‘journée sans avions’ pourrait être une bonne idée »
En Europe, le per diem peut aller jusqu’à 400 dollars par jour. Michel Tonneau, responsable de la gestion des déplacements à l’Organisation mondiale pour les migrations (OIM), basée à Genève, a reconnu que les coûts élevés liés aux per diem étaient préoccupants dans de telles situations.

Contrairement aux Nations Unies et aux agences gouvernementales, la plupart des ONG (organisations non gouvernementales) remboursent les frais engagés plutôt que de donner une indemnité journalière de subsistance, et attendent de leurs employés qu’ils se montrent économes dans leurs dépenses, ont dit des travailleurs humanitaires.

Lorsque des circonstances imprévues forcent les travailleurs humanitaires à rester bloqués dans un lieu où ils reçoivent un per diem élevé, on leur demande en général de s’installer dans des hôtels moins chers, ou même de loger chez le personnel local, a dit M. Tonneau. Tom Sharman, d’ActionAid, a dit que le directeur du bureau cambodgien de l’organisation était bloqué à Londres, et qu’il avait trouvé des parents qui pouvaient l’héberger.

Norbert Allale, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) devait quitter l’Afrique de l’Ouest pour se rendre à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, pour prendre en charge, en tant que coordinateur des secours, l’Opération tremblement de terre en Haïti de l’organisation.

« [Son] vol a été annulé, il ne sait toujours pas quand il pourra commencer – comme vous pouvez l’imaginer, un volume de travail important l’attend », a dit son collègue Pablo Suarez.

M. Sharman, d’ActionAid, qui devait assister à la Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique en Bolivie le 19 avril, n’a pas seulement manqué une opportunité d’interagir avec d’autres ONG après la conférence sur le changement climatique de Copenhague en décembre 2009 : il était également censé apporter des fonds pour couvrir les dépenses quotidiennes d’autres participants d’ActionAid.

« Heureusement, les autres participants s’en sont sortis, mais ils étaient coincés [là-bas] sans argent ! » Il avait trouvé quelqu’un en Bolivie pour aider les participants à assumer leurs frais, mais il cherchait encore un moyen de rembourser cette personne.

Des solutions plus écologiques

Les retards considérables ne seront pas rattrapés avant un certain temps, et l’annulation des vols a forcé les ONG à avoir recours à des solutions plus écologiques, telles que les téléconférences. Marie-José Vervest, de la FICR, devait aider des partenaires d’autres ONG à développer un projet communautaire d’adaptation au changement climatique, qui doit être mis en place au Mali, en Afrique de l’Ouest.

Elle a apporté sa contribution par téléconférence, mais son collègue, M. Suarez, a commenté : « Bien sûr, la technologie [n’est pas toujours fiable], et donc nous devrons consacrer du temps en plus à la coordination avec nos collègues maliens pour finaliser notre proposition. »

M. Sharman a dit : « Dans la plupart des pays dans lesquels nous travaillons, la technologie n’est pas assez bonne pour la vidéoconférence ou la téléconférence, mais c’est la direction à prendre – nous espérons que cela s’améliorera et que nous n’aurons plus besoin de voyager par avion ! »

Erwin van 't Land, coordinateur de la communication internationale de l’ONG médicale Médecins Sans Frontières (MSF), basé à Paris, a fait part d’une réflexion sérieuse dans ce contexte de chaos : « Il est évident que si une nouvelle urgence majeure survenait, faire parvenir à temps le personnel et le matériel jusqu’aux victimes pourrait être plus complexe qu’en temps normal. »

La SIPC des Nations Unies a suggéré qu’il serait bon d’élaborer un système d’alerte précoce et un plan de préparation aux risques volcaniques, et a appelé de ses vœux une collaboration plus étroite entre les décideurs politiques et la communauté scientifique.

Des vulcanologues doivent se réunir du 31 mai au 4 juin à Ténérife, la capitale des Iles Canaries, pour discuter de l’effet des volcans sur les mégapoles, et de la gestion des crises volcaniques.

jk/he/il/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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