La Mission des Nations Unies au Libéria (UNMIL) a rapporté que 101 495 combattants avaient été désarmés et démobilisés, en 2004, au terme du processus de désarmement.
Quelque 60 000 anciens soldats ont suivi des formations professionnelles dans la plomberie, la menuiserie, la maçonnerie ou ont été scolarisés.
D’ici le milieu de l’année 2007, l’ensemble des anciens combattants aura pu suivre une formation financée par les bailleurs de fonds, a indiqué Charles Achodo, conseiller du Programme des Nations Unies pour le développement pour le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.
« Les financements visant à aider l’ensemble des ex-combattants ont été épuisés, mais nous avons lancé un nouvel appel de fonds. La procédure est en cours, et d’ici le milieu de l’année 2007, tous les anciens combattants recevront une formation », a expliqué M. Achodo.
Une étude nationale commanditée par les Nations Unies a été menée en février et mars derniers, et a porté sur la réinsertion des anciens soldats. Les résultats de cette enquête recommandent la poursuite des formations professionnelles.
« Il est dangereux de délaisser un groupe très vulnérable d’anciens combattants, composé d’éléments qui ont été désarmés et démobilisés, mais qui n’ont pas encore suivi de formation. Ces individus sont les soldats qui ont reçu le moins d’éducation, qui sont les plus démunis, les moins intégrés et dont la vie dépend de l’agriculture », a indiqué l’étude.
Toujours selon les résultats de l’enquête, l’argent versé par les bailleurs de fonds internationaux doit être consacré à la poursuite des formations professionnelles.
Compte tenu des retards dans la mise en place des formations professionnelles, on craint que les anciens soldats ne soient enrôlés dans des milices autonomes présentes dans les autres pays instables de la région. Quatorze années de guerre civile ont ravagé le Libéria, mais des conflits ont également secoué la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire et la Guinée voisines.
« Si vous abandonnez ces combattants, si vous ne leur apprenez pas à fabriquer des chaussures, des lits, des tables, des vêtements ou à étudier, ils n’auront qu’une seule pensée en tête, retourner à la guerre où ils peuvent obtenir facilement ce qu’ils veulent grâce à leurs fusils », a rappelé un conseiller psychosocial libérien.
William Bayue, un ancien membre de la rébellion Mouvement pour la démocratie au Libéria (MODEL), partage le point de vue du conseiller psychosocial.
« Les Nations Unies doivent absolument accélérer leurs programmes de formation professionnelle pour que tous nos amis aient la chance d’aller à l’école ou d’apprendre un métier utile qui leur rapporte de l’argent. Sinon ils franchiront la frontière [ivoirienne] et deviendront des combattants étrangers », a dit William Bayue, un jeune libérien de 23 ans.
Après avoir déposé les armes, William Bayue a été scolarisé dans une école secondaire de Monrovia, la capitale. Cette expérience l’a transformé, a-t-il affirmé.
De nombreux anciens combattants n’ayant pas encore bénéficié de programmes de réinsertion se trouvent dans les villes proches des frontières ivoirienne, sierra léonaise et guinéenne, a déclaré Charles Achodo. Selon lui, les programmes de formation professionnelle et d’éducation devraient donc s’intéresser davantage à ces villes.
Dernièrement, des rapports de presse faisant état d’un éventuel enrôlement des anciens combattants libériens par les forces gouvernementales et des groupes rebelles ivoiriens circulaient à Monrovia.
La Côte d’Ivoire est divisée en deux depuis la guerre civile qui a éclaté en 2002, et une reprise du conflit est toujours à craindre.
Le lieutenant général Isaac Obiakor, commandant des forces onusiennes au Libéria, a signalé que les faits rapportés par la presse n’avaient pas été confirmés, mais que les Casques bleus avaient multiplié les patrouilles le long de la frontière ivoirienne.
Malgré les opérations de désarmement et la dissolution des groupes armés, des armes continuent de circuler dans les zones rurales du Libéria. Il s’agit d’un problème plus large, qui touche l’ensemble de la région, ont indiqué les responsables.
En effet, huit millions d’armes de petit calibre circuleraient en Afrique de l’Ouest, a précisé Jeanine Jackson, l’ambassadrice des Etats-Unis au Burkina Faso.
« Dans le cadre des programmes de désarmement et de démobilisation, toutes les armes n’ont pas été collectées. Ainsi, depuis le mois de janvier, nous avons mené des opérations au sein des communautés. Nous avons sensibilisé les habitants et leur avons demandé de rendre les armes qu’ils cachaient. Ces opérations ont été un véritable succès », s’est félicité Napoleon Abdulai, responsable du Programme des Nations Unies pour le développement - Projet de contrôle des armes de petit calibre au Libéria.
Napoleon Abdulai a précisé que la population civile et d’anciens combattants avaient contribué à identifier les zones où étaient cachées les armes.
« Nous avons collecté des milliers de munitions, d’explosifs et des armes de petit calibre, qui représentent un réel danger pour la communauté. Notre objectif est de collecter l’ensemble des armes du Libéria », a dit M. Abdulai.
D’après les chiffres avancés par le Projet de contrôle des armes de petit calibre au Libéria, l’année dernière, plus de 19 000 munitions et des centaines d’armes, de fusils et d’explosifs ont été collectés.
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