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Interview avec Thomas Lubanga, le leader de l'UPC

Les représentants des groupes armés de l'Ituri, région affectée par de violents combats dans le Nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC), se sont rendus à Kinshasa, la capitale de la RDC, la semaine dernière. Ils ont rencontré les membres du gouvernement transitoire et ceux de la Monuc, la mission des Nations Unies en RDC.

Aucun de ces groupes armés n'avait signé l'accord national de partage du pouvoir qui avait conduit à l'installation, le 30 juin dernier, d'un gouvernement transitoire, dirigé par le président Joseph Kabila.

Les négociations de la semaine dernière étaient destinées à inclure ces groupes armés dans le processus de transition, duquel ils étaient exclus. Un mémorandum a été signé à la fin des pourparlers. Les groupes armés d'Ituri ont accepté de travailler avec le gouvernement d'union nationale à la restauration de l'autorité de l'Etat dans cette région. Ils se sont encore engagés à mettre fin aux hostilités ainsi qu'aux groupes "incontrôlés" qui continuent à commettre des massacres malgré la signature de cessez-le-feu.

Depuis le déclenchement de la guerre dans l'Est de la RDC en 1998, le nombre de victimes en Ituri est estimé à 50.000 alors que plus de 500.000 personnes ont été déplacées. La prise de contrôle des ressources naturelles dans la région avait principalement motivé ce conflit aggravé par une dimension ethnique.

A l'occasion de sa visite à Kinshasa, Thomas Lubanga, le leader de l'Union des patriotes congolais (UPC) a accordé une interview à l'IRIN. [L'UPC est l'un des principaux groupes armés de l'Ituri, dans le Nord-est de la RDC.] Le leader de l'UPC a évoqué la contribution de son mouvement pour l'accès du personnel humanitaire à la population locale et à la restauration de la paix dans cette région.

QUESTION : Thomas Lubanga, vous représentez un mouvement dont l'influence est majeure à Bunia et en Ituri. Que comptez-vous faire pour faciliter l'accès du personnel humanitaire à la population vulnérable?

REPONSE : La vulnérabilité de la population de l’Ituri a toujours été notre préoccupation. C’est dans ce sens que nous avons œuvré durant sept mois lorsque nous assumions le pouvoir dans cette contrée de l’Ituri. Actuellement, les espaces dans lesquels les organismes humanitaires peuvent se déplacer avec aisance et en toute sécurité, sont les espaces où nos éléments sont cantonnés. Nous avons déjà demandé à nos éléments et nos collaborateurs d'assister le personnel humanitaire qui veut se déplacer pour aider la population vulnérable. C’est ainsi que se manifeste notre contribution à l'aide humanitaire. Elle est d’ailleurs actuellement très importante pour la population en Ituri.

Q : Malgré les accords signés entre les milices de l'Ituri, des massacres sont encore signalés dans certaines zones de cette région. Dans ces conditions peut-on affirmer que les groupes armés ont réellement la volonté d’arrêter les hostilités et de permettre ainsi à la population d'accéder à l'aide humanitaire?

A : Les massacres qui sont perpétrés en Ituri échappent au contrôle de ceux que l’on appelle à tort ou à raison des groupes armés. Les massacres en Ituri ont débuté en 1999 quand ces groupes armés n’existaient pas encore. Il est vrai que ceux, qui opéraient en 1999, continuent encore maintenant, indépendamment des groupes armés.

Q : A qui faites-vous allusion plus précisément ?

A : Nous faisons allusion à ceux que certains ont tentés de regrouper sous le label FNI [le Front des nationalistes intégrationnistes]. Ils constituent, jusqu’aujourd’hui, des groupes indépendants, désordonnés, commandés par personne. C’est une dimension qu’il faudrait prendre en considération. Il faut savoir qui tue qui en Ituri et pourquoi. Il faut connaître ceux qui gênent les activités humanitaires dans cette région.

Q : Ne pointez-vous pas du doigt les Lendu qui composent majoritairement le FNI?

A : Les massacres qui ont été perpétrés tout récemment à Fataki [à environ 80 km au Nord de Bunia] ont été initiés à partir de Kpandroma, à environ 140 km au Nord de la ville de Bunia. Tout le monde sait que Kpandroma est le quartier général de FNI. Il est donc impossible de prétendre que le FNI ignorait l'existence des groupes qui sont allés opérer à Fataki. Cette responsabilité leur incombe donc parce que les massacreurs sont venus du village ou du quartier général où est basé le FNI.

Q : Accusez-vous le FNI d’avoir été instrumentalisé pour commettre ces massacres?

A : Instrumentalisé, oui. Parce qu'aujourd’hui, il nous faut savoir qui a impulsé la création de ces groupes armés. Ils ont poussé comme des champignons en moins d’une semaine. Il a été curieux de constater une fertilité des idéaux sur le plan politique et militaire qui brusquement s'est traduite par la naissance de groupes armés. Il y en a qui, depuis leur création, n’ont jamais mis les pieds à Bunia si ce n’est sous la conduite de la MONUC. Ils n’ont pas plus mis les pieds dans aucun autre centre. Il est donc clair que ces groupes sont téléguidés. Il faudrait que l’on comprenne.

Q : En clair, qui accusez-vous ?

A : Il y a des mains qui entretiennent ces groupes dans les pays environnants et peut-être même au niveau de notre pays. Certains soutiennent ardemment ces groupes.

Q : Pouvez-vous garantir que vos forces resteront sous votre contrôle après le premier septembre, date du départ de la force multinationale intérimaire d'urgence, Artémis?

A : Nos forces l’ont toujours été. Nos forces, nous les avons construites. Nous les avons organisées. Nous les commandons sur le plan militaire à travers notre état-major général que nous contrôlons tous les jours et à chaque instant. Il n’y a donc pas de crainte à avoir. Nos forces n'agiront pas de manière indépendante comme cela arrive au sein de certains groupes sans structures et sans organisation noble.

Q : Il a été demandé aux éléments des différents groupes armés de se cantonner pour procéder au désarmement. Est-ce que les vôtres le sont déjà ?

A : Nos éléments ont été les premiers à respecter les exigences de la communauté internationale à l’arrivée de la force multinationale à Bunia. Aujourd’hui, nous sommes en tractation avec le gouvernement et les responsables militaires du pays pour voir comment nos éléments pourront être gérés.

Q : Comment l’UPC va-t-elle répondre à d'éventuelles provocations d’autres milices sans compromettre la sécurité et le bien-être de la population à Bunia?

A : Nous avons confiance dans le nouveau déploiement de la task force II de la MONUC [ dont le mandat a été renforcé par la résolution 1493 du Conseil de sécurité, le 28 juillet 2003]. Et, nous espérons que ce déploiement empêchera les provocations inutiles. Si des groupes armés continuent leurs activités sur place, je crois qu’ils auront à répondre devant la MONUC et devant la communauté internationale. Une attaque nous obligerait nécessairement à alerter la communauté internationale puisque nous sommes en train de respecter ses exigences.

En ce qui nous concerne, il n’y a pas de guerre entre nous et une quelconque force de ces groupes actuellement constitués. Nous combattions le Rassemblement congolais pour la démocratie-Kisangani/Mouvement de libération (RCD-K/ML)[ancien mouvement rebelle qui fait partie aujourd'hui du gouvernement transitoire] et c’est au RCD-K/ML que nous avons succédé en Ituri. Il n’y a donc pas actuellement de justification pour que nous lancions une autre guerre.

Q : Avant l’arrivée de la force multinationale, l’UPC contrôlait Bunia après avoir chassé les Lendu. Comment allez-vous répondre maintenant au désir de ces combattants Lendu de regagner leur domicile dans la ville ?

A : Toute personne est libre de regagner sa résidence. Nous ne pouvons pas nous y opposer. Il ne nous revient même pas d’assurer la sécurité de la population, que ce soit à Bunia ou à l'intérieur du pays. Si des combattants veulent rentrer à Bunia, il y en a d’ailleurs déjà, ce qui nous importe, c’est la sécurité. La communauté internationale s'occupera de ceux qui insécurisent les autres.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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