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Entretien avec William Swing, le chef de la Monuc

William Swing, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, en République Démocratique du Congo (RDC), a accordé une interview à l'IRIN, mardi dernier, à Kisangani, la principale ville de la Province orientale. La Monuc, l'actuelle mission des Nations Unies en RDC, vient d'y dispenser une formation aux droits de l'Homme à 265 policiers.

William Swing a évoqué le déploiement dans le Nord et dans l'Est du pays, des forces de la Monuc ainsi que l'autorise la résolution 1493 du 28 juillet 2003 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Kisangani sera la base logistique de toutes les opérations de la Monuc dans l'Est de la RDC.

William Swing est un ancien diplomate américain. Il a été le représentant spécial de Kofi Annan au Sahara Occidental. Avant, il occupait le poste d'ambassadeur en RDC, en Haïti, au Libéria, au Nigeria et en Afrique du Sud.

Il a été nommé représentant spécial de Kofi Annan en RDC le 22 mai. Il est arrivé dans le pays le 5 juillet.


QUESTION : M. l’ambassadeur, la MONUC vient d'achever la formation de quelques éléments de la Police d’intervention rapide aux notions des droits de l’Homme. Les Nations Unies envisagent-t-elles d'étendre cette formation à l'ensemble de la police nationale congolaise ?

REPONSE : Pour le moment notre objectif vise à former 1.200 policiers avant la fin de l’année en coopération avec le gouvernement. Nous allons encourager les autres pays en vertu de la résolution 1493 du Conseil de Sécurité à soutenir un programme de formation pour la police. Sur le long terme, ce seront plutôt les bailleurs des fonds et les pays tiers qui, sur base d’accords bilatéraux, assureront cette formation parce qu’ils en ont l’expérience, l’expertise, la capacité et les ressources. Notre rôle serait alors plutôt de coordonner ce programme et de vérifier que notre objectif sera atteint.

Q: La MONUC assure aujourd’hui, conformément aux exigences des belligérants représentés dans le gouvernement d'unité nationale, la protection des membres des institutions transitoires. Cette force neutre des Nations Unies devra être remplacée par une police républicaine intégrée dans quelques mois. Quelles sont les dispositions prises pour assurer cette transition, sachant que la police nationale intégrée reste encore à former?

R: Les 1.200 policiers que nous sommes en train de former seront affectés à Kinshasa afin de remplacer la force neutre, composée de près de 1.000 officiers militaires tunisiens et ghanéens. Nous disposons de plusieurs possibilités quant à leur affectation ultérieure. Bunia en est une. Mais rien n'a encore été décidé jusqu'à présent. Il est vrai, par ailleurs, que le mandat de ces officiers s'achève à la fin de l'année. Ils seront alors remplacés par l’unité de la police intégrée.

Q: La formation que vous avez dispensée à la police ici, à Kisangani, a été initiée à la suite d'une mutinerie militaire sauvagement réprimée. Nombres de civils avaient été tués. En planifiant d'affecter ces policiers formés, à Kinshasa, ne craignez-vous pas de créer un vide à Kisangani où la population, traumatisée par la guerre, a besoin de protection. Ces policiers nouvellement formés ne pourraient-ils pas encore être déployés dans le Nord-est, en Ituri, pour mettre fin à l'insécurité qui y prévaut actuellement?

R: Vous avez tout à fait raison. 1.200 policiers, c’est un début. Nous sommes aujourd'hui limités par la capacité d'accueil du centre de formation de Kapalata. Il ne peut recevoir que près de 300 stagiaires. Nous cherchons un autre endroit, une autre académie à Kinshasa ou ailleurs dans le pays. Nous discutons du sujet avec le gouvernement de transition.

Q: La Monuc a reçu mandat par la résolution 1493 d'assurer, à partir du premier septembre, la protection et la sécurité de la population en Ituri et dans les deux Kivu. A quinze jours du départ de la force multinationale intérimaire d'urgence "Artémis" de Bunia, êtes-vous prêt, en terme de moyens, à assumer cette mission?

R: Comme vous le savez, la dernière résolution a autorisé une augmentation des effectifs. Ils passeront de 8.700 à 10.800 soldats. Nous avons prévu une brigade renforcée pour l’Ituri. Pour le moment, un tiers de ces hommes est déjà déployé sur le terrain. Nous avons 1.400 soldats à Bunia. Ils seront plus de 2.000 à partir du 1er septembre. Avant la fin septembre les effectifs avoisineront les 3.000 hommes, éventuellement 3.800.

Q: Mardi dernier, 250 soldats bangladais supplémentaires sont arrivés en RDC. Les autres pays contributeurs ont-ils déjà rassemblé les troupes nécessaires ?

R: 700 soldats bangladais sont maintenant sur le terrain en plus des 740 uruguayens que nous avions déjà. Quelques centaines sont arrivées de l’Inde avec nos hélicoptères. Un bataillon pakistanais doit encore arriver vers le 25 août.

Q: Le gouvernement congolais a décidé, le week-end dernier, de prendre contact avec ceux qui continuent de manipuler les groupes armés en Ituri et dans les Kivu. Vous étiez mardi dernier en Ouganda, pays voisin de l'Ituri. Avez-vous discuté de la question avec les autorités ougandaises, accusées d'attiser le conflit dans le Nord-est de la RDC?

R: Non, je suis allé à Kampala parce que je suis en train de prendre contact avec tous les pays de la région. Ensuite, il s'agissait d'ouvrir officiellement un bureau de la MONUC en Ouganda comme l'autorise l'accord signé, vendredi dernier, entre ce pays et le département de maintien de la paix des Nations Unies à New York.

Q: La MONUC semble mettre l'accent sur la ville de Kisangani. Les Nations Unies y amènent de plus en plus de matériel. Quel rôle comptez-vous faire jouer à la ville par rapport au déploiement de la deuxième force de la MONUC ?

R: Kisangani est pour nous, maintenant, une base logistique de grande importance. C’est de cette ville que nous soutiendrons toutes les opérations de la MONUC dans l’Est du pays y compris notre groupement à Kindu qui compte un peu plus de 2.000 personnes et notre groupement à Bunia qui doit atteindre entre 3.000 et 3.800 hommes. D’autres villes encore, comme Goma, Bukavu, Kalemie, Butembo, Beni … seront soutenues par la base logistique de Kisangani.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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