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Interview d'IRIN avec le conseiller à la présidence, Ambroise Niyonsaba

En 1987, le major Pierre Buyoya s'est emparé du pouvoir au Burundi à la faveur d'un coup d'Etat. Il a immédiatement introduit un processus de réforme destiné à garantir l'égalité des chances dans les domaines de l'éducation et de l'emploi, et la formation d'une armée ethniquement équilibrée. Des élections pacifiques ont eu lieu en juin 1993 et, pour la première fois, un Hutu, Melchior Ndadaye, a été élu président. M. Ndadaye a gouverné tout juste quatre mois avant d'être assassiné lors d'un nouveau coup militaire.

L'assassinat de M. Ndadaye a provoqué de violents massacres dans le pays - des violences commises par la nouvelle administration du Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu) contre des civils tutsis, notamment dans le centre et au nord du pays. Tandis qu'environ 100 000 personnes ont été massacrées, les représailles de l'armée ont entraîné la mort de 100 000 autres civils, pour la plupart des Hutus, et la fuite de 380 000 civils en Tanzanie voisine, avait souligné un rapport de Save the Children-UK datant d'août 2001.

A l'issue de plusieurs années de tractations, un gouvernement de transition a été installé en novembre dernier, suite à un accord de paix signé en août 2000 à Arusha par les partis politiques mais rejeté par les rebelles armés, notamment les Forces pour la défense de la démocratie (FDD) et les Forces nationales pour la libération (FNL).

En dépit de la mise en place de ce gouvernement, les combats continuent dans plusieurs parties du pays, entraînant le déplacement de milliers de personnes et faisant de nombreuses victimes.

Tandis que les pourparlers de paix qui ont eu lieu entre le gouvernement burundais et l'aile des FDD dirigée par Pierre Nkurunziza fin avril à Pretoria, en Afrique du Sud, n'ont donné aucun résultat concret, la possibilité de futures négociations subsiste.

IRIN s'est entretenu le 12 mai 2002 avec le conseiller à la présidence et le chef de la délégation gouvernementale aux pourparlers de Pretoria sur le cessez-le-feu, Ambroise Niyonsaba, également ancien ministre chargé du processus de paix.

QUESTION: La presse burundaise parle des progrès réalisés au cours des
discussions de Pretoria entre la délégation gouvernementale et la rébellion.
En tant que chef de la délégation gouvernementale aux pourparlers sur le
cessez-le-feu, quels sont ces progrès et quels sont les points sur lesquels
vous ne vous êtes pas entendus?

REPONSE: Des progrès ont été réalisés uniquement avec le CNDD-FDD [Conseil
national de défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie] de
Jean-Bosco Ndayikengurukiye. Nous nous sommes entendus sur un cadre des
négociations comprenant l'organisation, le règlement intérieur, l'agenda
proprement dit des négociations dans ses deux aspects politique et
sécuritaire, et le calendrier des négociations.

Q: La délégation gouvernementale aurait mené des discussions avec l'aile du
CNDD-FDD dirigée par Jean-Bosco Ndayikengurukiye alors que certains comme
Nkurunziza affirment qu'il ne dispose d'aucune force sur le terrain. Ne
risquez-vous pas d'aboutir à un accord qui ne peut ramener la
paix dans le pays?

R:Le gouvernement plaide pour des négociations totalement inclusives. Il
considère qu'une attitude tendant à marginaliser des groupes au profit
d'autres ne serait pas favorable à la paix. Notre projet est de signer le
même accord de cessez-le-feu avec tous les groupes armés y compris les trois
mouvements qui sont déjà signataires de l'accord d'Arusha.

Q: Pourriez-vous confirmer ou infirmer l'information selon laquelle le FNL
[Front national de libération] est prêt à mener des négociations directes
avec le gouvernement avant la fin du mois? Ce mouvement a-t-il posé
des préalables à ces discussions?

R: Notre délégation n'a pas rencontré le FNL. Il m'est donc impossible de
connaître ses intentions.

Q: L'ONU propose aujourd'hui une conférence régionale sur la crise dans la
région des Grands Lacs. Quel serait le but d'une telle réunion et dans
quelle mesure aiderait-elle dans la résolution de la crise burundaise
particulièrement la mise en place d'un cessez -le-feu au Burundi?

R: Il est évident que les différentes crises dans la région des Grands Lacs
sont en interaction. Les solutions aussi doivent être coordonnées. Dans ce sens une conférence régionale peut être utile.

Q: La délégation onusienne qui était récemment en tournée dans la région des Grands Lacs serait prête à proposer des sanctions à l'égard de la rébellion si elle continuait à ignorer ses appels en faveur d'un cessez-le-feu et si la sous-région le recommandait. Avez-vous déjà entrepris des démarches visant à convaincre la région qu'il est temps de faire pression sur la rébellion?

R: Le gouvernement de transition de la République du Burundi a déjà démontré
à la facilitation sa disponibilité totale pour la négociation du
cessez-le-feu. La facilitation a tout essayé pour amener le FDD et le FNL à
la table de négociation, mais sans succès. Il est temps qu'elle fasse son rapport à l'initiative régionale pour que celle-ci prenne ses responsabilités, comme
elle l'a promis, pour contraindre les groupes armés à arrêter la guerre. On
ne peut pas accepter qu'un groupe quelconque prenne la paix des Burundais en otage.

Q: La dernière réunion de Pretoria sur le cessez-le-feu était marquée par
l'absence du CNDD, du Frolina [Front de libération nationale] et du
Palipehutu [Parti pour la libération du peuple hutu] de Karatasi alors que
ces mouvements sont considérés comme des groupes armés, qui étaient
d'ailleurs présents à Dar es Salaam dans le cadre des efforts du
gouvernement tanzanien pour convaincre la rébellion de rejoindre la
table des négociations sur le cessez-le-feu. Pourquoi cette absence et ne
risque-t-il pas d'y avoir un accord de cessez-le-feu partiel?

R: Comme je l'ai indiqué plus haut, le gouvernement compte signer le
cessez-le-feu avec tous les groupes armés. Les trois mouvements que vous
venez de citer sont signataires de l'accord d'Arusha et à ce titre ils sont en avance par rapport aux non-signataires. Il faut ramener ceux qui sont en retard au même niveau pour ensuite avancer ensemble.

Q: Y a-t-il une date pour les prochaines discussions sur le cessez-le-feu?

R: Les discussions devraient reprendre très prochainement avec le CNDD-FDD
de Jean-Bosco Ndayikengurukiye. Celles avec le groupe de Nkurunziza ne
reprendront que s'il enlève son blocage au sujet d'une négociation directe avec l'armée [au lieu du gouvernement ]

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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