C’est un sentiment de soulagement qui anime les Irakiens aujourd’hui ; les actes de violence sont en baisse dans leur pays ravagé par la guerre et le nombre de morts violentes est en net recul depuis le début de l’année, d’après les statistiques des ministères de l’Intérieur, de la Défense et de la Santé.
« Le nombre de morts violentes a considérablement chuté en septembre, atteignant des niveaux inégalés depuis plus d’un an. Quelque 290 personnes sont décédées de mort violente, en septembre 2007, contre 1 400 en septembre 2006 », a confié à IRIN Adel Muhsin, inspecteur général au ministère de la Santé, au cours d’un entretien téléphonique.
Selon les statistiques du ministère, entre janvier et fin septembre 2007, le nombre de morts violentes impliquant des civils, des agents de police et des militaires était d’environ 7 100, contre 27 000 à la même période en 2006.
Il y a tout juste an, la morgue principale de Bagdad recevait entre 100 et 150 cadavres par jour. A l’heure actuelle, elle n’en reçoit pas plus de 10 et près de 50 pour cent de ces corps sont ceux de personnes décédées dans des circonstances normales.
« Il y a eu des jours, cette année, où la morgue n’a recueilli aucun cadavre; les employés en avaient alors profité pour effectuer les travaux d’entretien qu’ils n’avaient pu réaliser auparavant, a poursuivi M. Muhsin.
Dans une récente intervention, le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki Moon a fait remarquer qu’au cours du mois de septembre, le nombre de victimes enregistré était bien inférieur à celui des mois précédents. A l’en croire, cette baisse de la violence s’expliquerait par l’arrêt des attaques de l’armée du Mahdi du chef religieux chiite Muqtada al-Sadr qui, au mois d’août, avait décrété l’arrêt provisoire des opérations de ses disciples, y compris les attaques contre les troupes américaines.
Compte tenu de cette situation, les Nations Unies ont décidé de renforcer leur équipe en poste en Irak, faisant passer les effectifs de 65 à 85, à Bagdad et à Erbil, envisageant aussi d’ouvrir un petit bureau à Basra, a expliqué M. Ban.
Photo: DVIC |
Soldats américains patrouillant dans Sadr City, à Bagdad |
Le nombre des victimes des escadrons de la mort chiites avait considérablement baissé peu de temps après le déclenchement de l’opération « Imposer la loi (Operation Imposing Law) » par les forces américaines et irakiennes, le 14 février 2007 ; cette opération a également été suivie d’une trêve dans les violentes attaques des insurgés sunnites.
« Mais cela ne signifie pas pour autant la fin de leurs attaques ; elles sont moins fréquentes et moins efficaces parce que nous avons réussi à arrêter les principaux responsables et que nous avons démantelé bon nombre de cellules importantes », a confié un officier de police, qui requis l’anonymat par peur de représailles.
« En conséquence, le nombre d’attaques à la voiture piégée a baissé passant de huit ou 15 par jour à une ou trois, voire aucune, parfois. Il en est de même pour les attentats à la bombe dans les rues et les assassinats », a-t-il ajouté.
Un semblant de retour à la normale
Naji Mohammed Adel (un nom d’emprunt), 22 ans a rouvert son magasin de musique dans le secteur est de Bagdad, près de deux ans après avoir reçu une lettre de menace des disciples d’al-Sadr, lui intimant l’ordre de fermer sa boutique parce qu’elle contrevenait à leur perception de la loi islamique.
« Désormais, je peux ouvrir mon magasin pendant six à sept heures par jour et les clients viennent tous les jours acheter de nouveaux albums ». |
W.N., une coiffeuse de 33 ans dont le salon se trouve dans le quartier ouest de la capitale, reçoit de nouveau des clientes après avoir été menacée de décapitation par des extrémistes si elle continuait d’exercer ce métier honteux.
« Les clients viennent petit à petit, mais pas comme avant », a-t-elle déploré. « Nous sommes ouverts pendant trois ou cinq heures par jour parce qu’il y a un poste de contrôle de l’armée irakienne près du salon ».
Une activité dangereuse
Quant à Ahmed Khalil Baqir, un chauffeur de taxi, il avait l’habitude de stationner devant la morgue principale de Bagdad, en attendant les familles éplorées venues chercher les corps de leurs défunts.
« Je dépendais entièrement d’eux pour vivre », a expliqué Baqir, 44 ans, père de famille de quatre enfants. « Je n’avais jamais pensé prendre des clients en ville puisque mon taxi était loué cinq à huit fois par jour par ces familles. Mais actuellement, attendre devant la morgue est une perte de temps ; ces jours-ci, j’y stationne pendant environ trois heures, le matin, puis je pars chercher des clients en ville ».
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