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Augmentation du VIH au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

March Assemblance / KEEP THE PROMISE AIDS Rally at the George Washington Monument Grounds on the National Mall on Constitution Avenue at 15th Street, NW, Washington DC on Sunday morning, 22 July 2012 Elvert Barnes/Flickr
La discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH/SIDA est courante au Cameroun

Le taux de nouvelles infections à VIH et les décès liés au SIDA augmentent plus rapidement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord que n’importe où ailleurs dans le monde.

Alors que le monde célèbre la Journée mondiale du SIDA, les experts préviennent que bon nombre de patients restent dans l’ombre à cause de la stigmatisation culturelle et des régimes juridiques répressifs. Ils n’ont accès ni aux traitements ni aux services d’aide, ce qui occasionne des pertes de vie inutiles et accroît les risques de transmission. 

Les derniers chiffres du Programme commun des Nations sur le SIDA (ONUSIDA) indiquent que 230 000 personnes vivent avec le VIH dans les 21 pays qui, selon la définition donnée par l’organisation, composent la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA).

Ces chiffres indiquent une prévalence très faible de 0,1 pour cent – en comparaison avec d’autres régions de l’Afrique australe où une personne sur quatre vit avec le VIH. Si les régions les plus touchées réussissent à réduire leur taux de nouvelles infections à VIH et les décès liés au SIDA tout en améliorant l’accès au traitement, c’est le contraire qui se produit dans la région MENA.

En 2013, la région a enregistré 15 000 décès liés à la maladie, soit une augmentation de 66 pour cent par rapport à 2005, et si le nombre de nouvelles infections a diminué de 38 pour cent à travers le monde depuis 2001, pendant la même période, il a augmenté dans la région MENA.

« Ce n’est pas le niveau absolu de VIH dans la région qui devrait nous inquiéter – bien qu’il soit préoccupant – mais plutôt la pente de la courbe de croissance qui est alarmante », a dit Shereen El Feki, célèbre militante de la lutte contre le VIH et ancienne vice-présidente de la Commission mondiale sur le VIH et le droit

« Dans la région MENA, l’épidémie de VIH est pour l’instant concentrée dans certains groupes démographiques – comme les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, les travailleuses du sexe, les personnes qui consomment de la drogue », a-t-elle expliqué. « Ils ont des pratiques et des comportements condamnés par la société et par la religion, et dans une large majorité des pays de la région, les trois sont interdits ».

« Ces populations vivent dans l’ombre et les gouvernements ont des difficultés à engager le dialogue avec elles, car même si le ministre de la Santé leur tend la main, le ministre de l’Intérieur peut leur tendre l’autre main et les jeter en prison », a ajouté Mme El Feki, auteur de Sex and the Citadel, un livre qui enquête sur la sexualité dans le monde arabe.

La stigmatisation des groupes à risque

Il n’y a pas de chiffres vraiment fiables sur les taux d’infection en raison de la stigmatisation des comportements qui exposent certaines populations au VIH dans la région MENA, et l’ONUSIDA elle-même estime qu’entre 160 000 personnes et 330 000 personnes vivent avec le VIH.

« Il est difficile de se faire une idée précise des taux d’incidence et de prévalence réels, car les gens ont peur de se faire dépister quand ils se situent dans les catégories de risque, pour toute sorte de raisons, y compris la possibilité d’être jeté en prison », a dit à IRIN Paul Galatowitsch, professeur auxiliaire à l’école de santé publique du Medical College de New York et directeur exécutif du groupe de conseil sur les stratégies de lutte contre les maladies, basé à New York.

Le docteur Ali Feizzadeh, le conseiller régional en information stratégique de l’ONUSIDA dans la région MENA, a reconnu qu’il y avait un déficit de surveillance.

« La Syrie, le Liban et l’Irak ainsi que quelques autres pays de la région n’ont pas pu fournir d’estimation de leur épidémie de VIH, et la Syrie et l’Irak ont été incapables de fournir un rapport sur le nombre de personnes bénéficiant d’un traitement », a-t-il dit.

« L’ONUSIDA aide les pays à établir leur rapport annuel pour le Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le SIDA ainsi qu’une estimation de l’épidémie de VIH … [mais] certains pays ne veulent pas ou ne peuvent pas fournir ces rapports », a-t-il ajouté.

M. Galatowitsch a également prévenu que les conflits tels que ceux que connaissent la Syrie et la Libye et la pression qu’ils font peser sur les pays voisins avec les flux de réfugiés pouvaient provoquer une augmentation des cas de transmission iatrogène (transmission par le personnel médical).

« Une dislocation sociale majeure – comme en Syrie, en Libye et, dans une certaine mesure, au Liban – crée les conditions requises pour une augmentation des transmissions iatrogènes », a-t-il expliqué.

« Lorsqu’un système de santé s’effondre, le système de contrôle des infections s’effondre, des fournitures médicales peuvent être réutilisées, ce qui entraîne un risque de transmission plus élevé », a-t-il ajouté.

Outre – et à cause de – le manque de surveillance et la stigmatisation liée au VIH dans la région MENA, dans bon nombre de pays, les mesures de réduction des risques, comme l’éducation, les préservatifs et les échanges de seringues restent limitées.

La disponibilité limitée des ARV

Quarante pour cent pour cent des personnes vivant avec le VIH dans le monde ont accès à la thérapie antirétrovirale (ART), mais dans bon nombre de pays de la région MENA, moins de 20 pour cent des patients ont accès au traitement, ce qui représente un des taux les plus faibles au monde et joue un rôle dans la hausse importante des décès liés au SIDA, indique l’ONUSIDA.

Djibouti et le Maroc sont deux exceptions : entre 20 pour cent et 40 pour cent des adultes et des enfants vivant avec le VIH ont accès au traitement.

La marginalisation des populations affectées qui sont les moins disposées et les moins en mesure de demander un traitement joue un rôle.

Mais selon un rapport rendu public en juin 2014 par le Bureau d’information démographique basé à Washington, « l’insuffisance de fonds, la mauvaise gestion, l’insuffisance des soins de santé et les crises politiques et les conflits actuels se traduisent fréquemment par des pénuries épisodiques de médicaments (ruptures de stock) » et « rendent l’accès aux ARV encore plus difficile ».

Mme El Feki a qualifié la faible couverture de traitement antirétroviral (ARV) de « lamentable ».

« Cette situation est d’autant plus inacceptable que les pays de la région sont plus riches que les pays d’Afrique subsaharienne qui ont des taux de traitement plus élevés et un nombre de personnes infectées plus important », a-t-elle dit.

Cependant, malgré l’historique de traitement globalement médiocre de la région MENA, certains gouvernements, y compris ceux du Maroc et d’Oman, ont été félicités pour la mise à l’échelle de leur programme de lutte contre le VIH.

Les organisations de la société civile de pays comme la Tunisie, le Maroc, le Liban et l’Algérie ont également été saluées pour leur action de sensibilisation et de défense des droits du patient.

Au niveau politique, le Conseil des ministres arabes de la Santé a adopté la Stratégie arabe de lutte contre le VIH et le SIDA (2014–2020) après l’adoption par le Parlement arabe de la Convention arabe sur la prévention du VIH et la Protection des droits des personnes vivant avec le VIH en mars 2012. Même des pays très conservateurs comme l’Arabie Saoudite ont désormais des programmes publics de lutte contre le VIH.

Le docteur Feizzadeh a dit que l’ONUSIDA aidait les pays de la région à obtenir les ressources financières nécessaires pour améliorer l’approvisionnement en ARV, et que l’organisation travaillait également avec les organisations de la société civile pour « améliorer leurs connaissances » sur les droits relatifs aux soins.

Des avancées

Parmi les avancées enregistrées au cours de ces dernières années, Mme El Feki relève le Réseau régional arabe contre le SIDA (RAANA) ; MENA-Rosa, le premier groupe régional dédié aux femmes affectées par le VIH ; et l’émergence des groupes de soutien aux lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT). 

« Je pense que c’est un processus », a-t-elle dit, en se référant au renforcement des programmes de lutte contre le VIH malgré le contexte culturel et religieux de la région. « Il y a beaucoup de personnes incroyablement intelligentes qui travaillent sur ces questions dans la région ».

De nombreux projets de recherche sont en cours dans la région. Ainsi, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) doit dresser le profil socio-économique des personnes vivant avec le VIH en Egypte, en Algérie et en Tunisie entre octobre et janvier, et enquêter sur les régimes de protection sociale de ces populations.

Le projet vise à améliorer la sensibilisation aux besoins de protection sociale des personnes vivant avec le VIH et à obtenir des filets de protection sociale supplémentaires par la défense et le soutien aux politiques.

Selon la définition de l’ONUSIDA, la région MENA inclut les pays suivants : l’Algérie, le Bahreïn, Djibouti, l’Egypte, l’Iran, l’Irak, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, le Maroc, Oman, le Territoire palestinien occupé, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Somalie, le Soudan, la Syrie, la Tunisie, les Emirats arabes unis et le Yémen.

Cinq pays – l’Iran, le Soudan, la Somalie, l’Algérie et le Maroc – représentent 88 pour cent du nombre de cas dans la région.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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