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Une approche de la prévention du VIH qui sort des « sentiers battus »

A patient at Jakarta's Yayasan Pelita Ilmu (YPI) clinic receives his monthly dose of state-funded ART Brendan Brady/IRIN
En dépit des progrès scientifiques enregistrés au cours de ces dernières années en matière de prévention et de traitement du VIH, on compte plus de deux millions de nouvelles contaminations par le VIH chaque année. Ces chiffres montrent la nécessité de développer des approches de prévention pilotées par les communautés afin de freiner l’épidémie, selon les experts.

Depuis plusieurs années, les preuves se sont accumulées que la thérapie antirétrovirale (ARV) – ces associations de médicaments qui permettent d’obtenir la suppression virale sont le traitement principal de l’infection à VIH – peut aussi se révéler efficace en termes de prévention.

Cependant, une recherche récente montre qu’il est nécessaire d’adopter une nouvelle approche locale de mise en œuvre des programmes de prévention basés sur les ARV en raison de complications liées à : l’approvisionnement en ARV, la distribution d’ARV, la prise d’ARV, l’adhérence aux ARV et l’éventuel changement de comportement des patients (certaines études ont établi un lien avec l’augmentation des comportements à risques chez les patients atteints du VIH dans la phase post-traitement).

« La recherche sur la prévention du VIH doit sortir des sentiers battus et impliquer des personnes qui ont des idées très différentes sur ce qu’est le VIH », a dit à IRIN Jim Pickett, directeur de projet à Mapping Pathways, un projet international de recherche et de plaidoyer.

Des progrès ont été enregistrés en matière de recherches et de politiques au niveau international qui ont permis d’améliorer la sensibilisation au et la popularité de ce que l’on appelle le « traitement comme prévention », mais son application au niveau local reste floue et fragmentée.

« Nous parlons beaucoup des résultats de la science et nous réfléchissons à la manière de `leur donner du sens’ dans les contextes locaux. Mais la science elle-même est un processus qui devrait impliquer la participation des communautés dès le départ », a dit M. Pickett.

De l’efficacité théorique à l’efficacité pratique

Selon Mapping Pathways, l’approche idéale de l’utilisation du traitement comme prévention devrait non seulement tenir compte de l’objectif clinique de l’efficacité théorique (travail en laboratoire), mais aussi de l’efficacité pratique (comment la solution peut être mise en œuvre dans une communauté).

« Je sais que si une personne prend des médicaments antirétroviraux, le virus est supprimé. Nous en avons la preuve – il s’agit d’une avancée scientifique majeure dans l’histoire de l’humanité », a dit Linda-Gail Bekker, administratrice en chef des opérations de la Fondation Desmond Tutu contre le VIH, basée en Afrique du Sud.

« Mais nous devons rassembler les informations pour que cela fonctionne, ce qui implique de collaborer avec un large éventail de personnes qui mènent des vies très différentes de ce que nous imaginons, nous qui menons ces programmes », a-t-elle dit.

L’efficacité pratique passe par un changement de comportement et ainsi, elle varie selon les cultures, les gouvernements et les communautés et dépend « des fabricants de médicaments, des cliniques de soins de santé qui délivrent les médicaments, des centres communautaires qui éduquent les populations et des partenariats établis », selon Mapping Pathways.

« Les êtres humains se comportent comme des êtres humains. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela fait plusieurs siècles que les sciences sociales essayent de le comprendre et elles n’ont même pas une théorie, alors pourquoi cela serait-il différent pour les programmes de lutte contre le VIH ? », a demandé Mme Bekker.

« L’idée d’une `approche universelle’ dans les programmes de lutte contre le VIH s’est retournée contre nous et cela a été une leçon d’humilité pour ceux d’entre nous qui travaillent dans le domaine ».

Science « locale »

Selon Molly Morgan Jones, chercheuse au sein du groupe de réflexion public international Rand Corporation et auteur principale du dernier rapport de Mapping Pathways, les diverses applications de la science doivent être prises en compte lors de la conception des programmes : « L’assimilation des nouvelles idées ou des nouveaux produits dépend de divers facteurs qui peuvent n’avoir aucun lien avec ce qui est créé dans un laboratoire ou recommandé par les spécialistes en politique...

« Cela fait un moment que les ARV existent, l’innovation va maintenant porter sur la façon dont nous allons utiliser les médicaments – une nouvelle manière de penser à la façon dont les communautés accèdent à cette technologie, la comprennent et l’utilisent », a-t-elle expliqué.

Le développement du modèle de Mapping Pathways s’est basé sur la recherche menée avec des partenaires basés aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et en Inde.

Dans chacun de ces pays, les parties prenantes locales – y compris les cliniciens, les chercheurs, les décideurs politiques, les fabricants de médicaments, les défenseurs des patients et les coalitions – ont interprété les observations scientifiques de manière différente, ce qui a eu de « profondes » répercussions sur la façon dont la prévention et le traitement du VIH ont été mis en œuvre, ont noté les chercheurs.

« Nous avons toute cette science – et maintenant ? », a dit M. Pickett, en référence à l’approche descendante traditionnelle des interventions de lutte contre le VIH, qui suppose que les preuves scientifiques de l’efficacité d’un traitement suffiront à convaincre les patients de l’utiliser.

« Nous avons besoin de ces processus pour avoir un point de vu local dès l’élaboration », a-t-il dit, reprenant les arguments du rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la santé qui indique que la participation des populations affectées au processus de prise de décision est la clé d’une intervention réussie.

Cette théorie est prometteuse, mais des inquiétudes demeurent concernant sa mise en pratique.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment publié des recommandations pour faire passer le nombre de personnes sous thérapie antirétrovirale à 25 millions (contre 9,7 millions de personnes actuellement). Financer cette mise à l’échelle tout en renforçant l’acceptation au niveau local constituera un défi, indiquent les analystes.

Mais un effort doit être entrepris, a soutenu M. Pickett : « Ce n’est pas parce qu’une chose ajoute de la complexité à une méthodologie ou à un protocole que l’on ne doit pas la faire – allez sur place, dans les endroits où les résultats de la recherche scientifique sont destinés à être utilisés et parlez avec la population de ce qu’elle peut faire et, plus important, de ce qu’elle en attend ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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