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Au Myanmar, les mines antipersonnel entravent le retour des déplacés

Zaw Lwin, 42, lost his leg to a landmine 12 years ago in the eastern part of Myanmar's Bago Region. 34 of the country's 325 townships - home to 5.2 million people - are considered landmine-contaminated Zin Win/IRIN
Les mines antipersonnel qui se trouvent dans les États de Kayin et de Kayah et dans la division de Bago, dans le sud-est du Myanmar, ainsi que dans les États de Shan et de Kachin, dans le nord du pays, entravent le retour de plus de 450 000 réfugiés et personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP).

« On ne peut encourager activement les gens à rentrer chez eux tant que les zones minées n’ont pas été identifiées, marquées et déminées », a dit Maja Lazic, agente de protection principale pour la branche du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Myanmar.

Si on ignore l’étendue exacte de la pollution par les mines antipersonnel au Myanmar, on sait cependant que l’armée et au moins 17 groupes armés non étatiques (GANE) en ont utilisé au cours des 14 dernières années, selon la Campagne internationale pour interdire les mines (ICBL), une organisation basée à Genève. Le gouvernement central du Myanmar doit, depuis un certain temps déjà, faire face à un certain nombre d’insurrections par des groupes ethniques qui demandent une plus grande autonomie.

« Les mines antipersonnel sont utilisées comme armes de terreur par les deux parties au conflit... [Certaines zones] ne sont pas marquées parce que les combattants veulent instiller la peur chez l’ennemi. Résultat : les deux camps terrorisent la population [civile] en installant des mines », a dit Yeshua Moser-Puangsuwan, coordinateur des recherches pour le Myanmar pour ICBL.

Au cours de la dernière année, la diminution de l’intensité des combats dans le sud-est du Myanmar a entraîné une légère diminution du nombre d’incidents impliquant des mines, selon ICBL et l’Appel de Genève, une organisation non gouvernementale (ONG) suisse qui se spécialise dans la sensibilisation aux risques posés par les mines. Pour le moment toutefois, aucun groupe armé ne s’est officiellement engagé à cesser d’utiliser les mines, a dit M. Moser-Puangsuwan.

Selon les Nations Unies et les ONG, les opérations de déminage ne peuvent avoir lieu tant qu’il n’y a pas de paix durable. Et pendant ce temps, les mines continuent de tuer des villageois, de restreindre leurs déplacements et de freiner les préparatifs pour permettre le retour des populations déplacées, car les informations disponibles au sujet des emplacements des mines ne sont pas fiables.

Processus de paix

Le gouvernement a signé des accords de cessez-le-feu avec cinq GANE depuis janvier 2012. Selon la branche du HCR au Myanmar toutefois, l’établissement d’un lien de confiance et de collaboration entre les différents GANE et les forces gouvernementales est une condition préalable aux opérations de déminage. [  ]

« Le processus requiert l’accord, la coopération et le soutien des parties au conflit », ont dit Mme Lazic et Patricia Treimer, agente de terrain pour la branche du HCR au Myanmar.

Les cessez-le-feu n’ont pas permis de réduire de manière significative le recours aux mines antipersonnel, car les GANE, les forces gouvernementales et même les civils continuent de les utiliser pour se protéger et pour défendre et revendiquer des territoires.

Selon un porte-parole du Karen Human Rights Group (KHRG) qui est également auteur d’un rapport sur les zones minées de l’est du pays publié en mai 2012, « même s’il y a un cessez-le-feu, les communautés et les groupes armés continuent de prendre des mesures défensives, incluant l’installation de mines antipersonnel, en raison de la présence continue des troupes [militaires dans l’État de Kayin] ».

Les affrontements qui ont lieu dans l’État de Kachin depuis juin 2011 ont entraîné le déplacement de plus de 83 000 habitants de l’État lui-même et de certaines régions de l’État voisin de Shan. Selon les travailleurs humanitaires, tous les déplacés s’exposent au risque de blessures par mines à leur retour.

« Des incidents [impliquant des mines antipersonnel] ont été rapportés dans de nombreuses régions de l’État de Kachin où il y a eu des combats soutenus », a dit Carine Jaquet, qui dirige le bureau de terrain du HCR à Myitkyina.

L’intensité des combats a diminué au cours des derniers mois dans l’État de Kachin (des accrochages ont cependant encore lieu dans l’État voisin de Shan), mais « les gens qui tentent de retourner dans leur village sont en danger », a-t-elle ajouté.

« Avant que les PDIP puissent rentrer chez eux, il faut que des actions de déminage humanitaire soient entreprises, que les deux camps donnent des garanties sécuritaires et qu’une paix durable soit instaurée », a dit La Rip, coordinateur du Réseau d’aide aux déplacés et réfugiés (RANIR), un réseau de 12 ONG basé à Laiza et qui vient en aide aux personnes déplacées dans les régions contrôlées par le gouvernement et dans celles contrôlées par les rebelles.

Craintes d’une hausse du nombre de victimes


Aucune opération de cartographie des zones minées n’a été entreprise dans le sud-est du Myanmar, qui est pourtant truffé de mines. Les panneaux indiquant leur présence sont rares et les connaissances locales au sujet de l’emplacement des mines ne sont pas fiables, ce qui, selon les experts, donne lieu à de fréquents incidents. La situation peut cependant être encore plus risquée pour ceux qui sont partis.

« Les réfugiés n’ont pas eu à vivre avec les préoccupations concernant les risques associés aux mines depuis plusieurs années et leur conscience des risques est donc beaucoup moins aiguë [que celle de ceux qui sont restés] », a expliqué Sally Thompson, directrice générale de The Border Consortium (TBC), un consortium d’ONG qui vient en aide aux réfugiés birmans en Thaïlande.

Selon l’Appel de Genève, de nombreuses routes transfrontalières du sud-est du Myanmar sont contaminées par les mines et ce n’est un secret ni pour les locaux ni pour les ONG.

Les habitants de cinq camps de réfugiés situés le long de la frontière thaïe doivent urgemment être sensibilisés aux risques posés par les mines, indique TBC. « Ils commenceront à prendre la route du retour dès qu’ils auront l’impression que le conflit armé est véritablement terminé, et nous nous attendons à une augmentation du nombre d’incidents impliquant des mines », a dit M. Moser-Puangsuwan.

Selon TBC, l’éducation est le moyen le plus pratique de faire diminuer le nombre d’incidents, car les processus de paix et le déminage peuvent prendre de nombreuses années.

Des plans d’action en cours d’élaboration

Depuis novembre 2012, les organisations d’aide humanitaire qui font du déminage, notamment le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et Danish Church Aid (DCA), travaillent en collaboration avec le gouvernement sur la question des mines.

La première réunion du groupe de travail sur les risques posés par les mines au Myanmar a eu lieu en janvier dans la capitale, Nay Pyi Taw. Des représentants de l’UNICEF, du Danish Church Aid, du département de la Protection sociale et du ministère de la Protection sociale, des Secours et de la Réinstallation étaient présents.

« Toutes les organisations sont prêtes à mettre en oeuvre des opérations de déminage, mais elles attendent que le gouvernement et les groupes armés parviennent à un accord », a dit Chris Rush, responsable de programme pour l’Appel de Genève en Asie.

En outre, le Centre pour la paix du Myanmar (Myanmar Peace Center, MPC), mis en place par le gouvernement en octobre dernier, inclut le Centre d’action pour les mines, qui travaille actuellement à l’élaboration de normes pour le déminage.

« On observe d’importantes pressions en faveur du déminage, mais ce n’est pas utile si on ne comprend pas où est le problème », a dit M. Rush.

Le gouvernement du Myanmar fait partie des 20 pour cent des gouvernements qui n’ont pas signé la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines, adoptée en 1997. La Syrie et le Myanmar sont les seuls pays dont les forces officielles continuent de poser des mines, selon M. Moser-Puangsuwan.

« Les mines antipersonnel sont un élément parmi d’autres qui entravent le retour des personnes déplacées. La première étape est la signature d’un accord entre le gouvernement et les groupes armés pour mettre fin à l’utilisation de mines antipersonnel », a dit Mme Thompson.

dm/pt/rz – gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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