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Observer les volcans

Residents of Goma in eastern Democratic Republic of Congo make their way through lava-filled streets after a nearby volcano, Mount Nyirabongo, erupted in January 2002, destroying much of the town Anthony Morland/IRIN
Perché à flanc de coteau, l’Observatoire volcanologique de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), offre une vue magnifique du mont Nyiragongo voisin.

« Goma se trouve face au plus grand risque qu’une ville dans le monde entier puisse affronter », a dit Dario Tedesco, coordinateur du projet pour la prévention et l’analyse des risques volcanologiques en RDC. Le projet est basé à l’Unité de gestion des risques du Bureau d’appui des Nations Unies pour le soutien aux projets (UNOPS), près de l’observatoire.

« Nous n’avons pas que des volcans ; nous avons des émissions de gaz, des pluies acides, de l’eau polluée et une fluorose endémique », a-t-il ajouté. « Chaque année des gens sont asphyxiés dans cette région, parce qu’il y a des fractures qui émettent du dioxyde de carbone tout au long de la faille ».

« Il est difficile de donner une estimation du nombre de gens qui meurent », selon Ciraba Mateso, secrétaire scientifique au département de géophysique à l’observatoire.
« Les gens qui vivent aux alentours savent où est le gaz, alors ils l’évitent », a-t-il ajouté. « Mais il y a eu plus de morts quand les personnes déplacées sont venues dans la région parce qu’elles ne savaient pas où était le gaz ».

Nyiragongo est l’un des deux volcans en activité du Nord-Kivu. L’autre, le Nyamulagira, est entré en éruption le 2 janvier, vomissant de la lave à 10 kilomètres de distance et menaçant la ville de Sake et la route Sake-Goma. Sake est l’une des principales sources de produits frais de Goma.

Cette éruption était la 35ème du Nyamulagira depuis 1882. Il y a eu peu de dommages car la lave s’est surtout engouffrée dans le parc national des Virunga, selon Feller Lutaichirwa, le gouverneur adjoint du Nord-Kivu.

Deux jours plus tard, le mouvement de la lave a augmenté, parcourant 500 mètres en 24 heures. Puis il a ralenti. Quand il s’est arrêté, l’eau de pluie récoltée pour la consommation dans les villages de Sake, Kingi et Rusayo était polluée, selon Action by Churches Together.

Des centres de santé locaux ont aussi rapporté une augmentation des cas de diarrhée et de maladies oculaires, et les habitants ont rapporté des cas de mortalité du bétail, selon l’organisation caritative.

Gestion de crises

[DRC] A smoking Mt. Nyiragongo looms large over the city of Goma in eastern DRC, with damage from the January 2002 lava flows in foreground (taken November 2002)
Photo: IRIN
Le mont Nyiragongo domine la ville de Goma, avec les dommages causés par la lave en janvier 2002 au premier plan – photo prise en novembre 2002
Des agences des Nations Unies, des organisations non gouvernementales (ONGs) locales et internationales, comme la Croix-Rouge congolaise, ont mis en place un plan de contingence et une équipe de gestion de crise. Le 10 janvier, les agences et le gouvernement ont évalué la situation dans les villages voisins et ont trouvé une situation calme.

“Le Nyamulagira est à 32 kilomètres à l’ouest de Goma, mais nous étions terrifiés quand c’est arrivé”, a dit à IRIN Françoise Turange, une habitante de Goma. « Il y a eu beaucoup de panique. Nous pensions que cela serait comme en 2002 quand le Nyaragongo est entré en éruption ».

Cette éruption avait duré 24 heures. Le volcan est à 17 kilomètres de la ville de Goma, mais il a fait des dizaines de victimes, rendu 120 000 personnes sans abri, et 18 pour cent de la surface de la ville a été couverte de lave, selon l’observatoire.

Trois cent mille personnes avaient été évacuées. D’autres avaient fui, en traversant la frontière rwandaise, dans la ville de Gisenyi, selon des travailleurs humanitaires. A l’aéroport de Goma, la moitié de la piste d’aviation était couverte de lave, compliquant par la suite les efforts humanitaires.

« L’éruption du Nyamulagira en janvier a été un coup de semonce, un rappel du fait que Goma fait face à un risque grave », a dit à IRIN un travailleur humanitaire le 13 février. « Après Haïti, nous devons être préparé à toutes les éventualités ».

Exposés

Située dans la vallée du Rift en Afrique de l’Est, la ville de Goma se trouve dans une région ravagée par des années de combats entre les forces gouvernementales de la RDC et différents groupes armés, y compris les activistes rwandais hutu.

L’insécurité a affecté le travail de l’observatoire, obligeant les experts à surveiller les volcans principalement en utilisant les hélicoptères de la mission des Nations Unies en RDC, la MONUC. Par exemple, après l’éruption du Nyamulagira, la MONUC a mis en place des vols quotidiens pour évaluer l’intensité du volcan. Ces vols ont maintenant été réduits à deux vols hebdomadaires.

Contre toutes attentes, la population de Goma a atteint un million de personnes, contre 400 000 personnes en 2004 et 250 000 en 2002, rendant difficile l’évacuation dans le cas d’une éruption volcanique, selon un observateur militaire à Goma.

Préparation

[DRC] Goma volcano
Photo: WHO
La lave bloque des maisons à Goma après l’éruption du mont Nyiragongo en 2002: Goma fait face au plus grand risque auquel est confronté une ville dans le monde, selon Dario Tedesco (rapport d’archive)
Le plan de contingence de 2009, utilisé par le gouvernement, les agences des Nations Unies et les ONGs pour répondre à l’éruption du Nyamulagira, a été développé sur la base d’anciens scénarios.

Le gouvernement de la RDC l’a validé, et il constitue maintenant la base de la réponse dans le cas d’une éruption qui nécessiterait l’évacuation de la population. Mais le plan manque grandement de ressources, selon des travailleurs humanitaires à Goma.

« Tous les gens vivant ici ont peur », a dit un membre d’une ONG. « Le problème c’est que les agences humanitaires vont évacuer leur personnel. Que se passera-t-il pour les locaux ? Quelqu’un peut il vraiment évacuer assez rapidement un million de personnes de cette ville ? ».

Les habitants eux aussi s’inquiètent. « C’est une chose que d’entendre à la radio que nous devrions courir vers Gisenyi, mais j’ai 11 enfants et les déplacer à pied serait difficile », a dit Mme Turange, qui a presque 50 ans.

« L’idée c’est d’avoir une alerte précoce », a dit Dario à IRIN. « Mais cela requiert un travail spécifique – nous l’appelons la science pour les utilisateurs finaux. Le problème est que nous ne recevons pas assez de soutien et de financement ».

L’observatoire possède de l’équipement, mais il faut faire une tomographie [une sorte de radiographie sous le volcan] pour comprendre où sont les réservoirs de magma, mais il n’a pas encore réussi à trouver la somme requise, entre 500 000 et un million de dollars, en partie pour faire venir les scientifiques.

« En janvier, l’ensemble de l’activité a démarré sans signal d’alerte spécifique, sans aucun précurseur détectable », a dit Dario. « Cela nous indique que le magma était déjà là, attendant de sortir. Cela pourrait se reproduire ».

« Nous craignons que la fracture ait atteint la ville durant l’éruption de 2002 du Nyiragongo, ce qui signifie que la prochaine éruption puisse démarrer dans la ville elle-même. Nous avons besoin de savoir comment cela marche et où est le réservoir de magma ».

Les volcans sont également observés par des experts au Luxembourg, en Italie, en Belgique, par la NASA, et au Michigan aux Etats-Unis, qui collectent des informations par satellite. Certains regardent aussi le lac Kivu, qui est riche en méthane et en dioxyde de carbone.

eo/mw/sk

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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