De nouvelles recherches suggèrent que la capacité des fermiers africains à répondre à la demande a été sous-estimée : la production de blé des fermiers de l’est et du sud de l’Afrique ne représenterait que 10 à 25 pour cent du potentiel biologique et économique de leurs terres. Une activité potentiellement lucrative, qui leur permettrait de faire face à l’augmentation mondiale du prix des denrées alimentaires, a donc été négligée.
L’étude, qui a été réalisée par le Centre international d'amélioration du maïs et du blé (CIMMYT) et l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), a conclu que, grâce à l’« utilisation appropriée d’engrais et à d’autres investissements », la culture irriguée du blé serait viable d’un point de vue écologique et économique sur 20 à 100 pour cent des terres arables de 12 pays inclus dans l’étude, selon la modélisation mathématique avancée.
L’étude, qui a été publiée lors d’une conférence de cinq jours sur le thème du blé à Addis Abeba, montre que les terres de trois pays – le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda – offrent le meilleur potentiel pour la production de blé, selon les projections qui prennent en compte l’état du sol, les conditions de production et l’accès au marché.
Le CIMMYT, l’Institut éthiopien de recherche agricole, le Centre international pour la recherche agricole dans les zones arides, l’Union africaine et d’autres partenaires devraient annoncer le lancement d’une initiative visant à stimuler la production de blé à l’occasion de la conférence.
Augmentation de la demande
Le coût élevé des importations devrait stimuler la production nationale : en 2012, les pays africains vont en effet dépenser 12 milliards de dollars pour importer 40 tonnes de blé, a indiqué le CIMMYT.
« Nous ne recommandons pas la culture du blé lorsque les conditions de culture (climat et terres) ne sont pas bonnes, nous préférons insister sur le renforcement des services, le développement de variétés améliorées et l’utilisation d’engrais », a dit Hans-Joachim Braun, directeur du Programme mondial pour le blé du CIMMYT.
D’ici 2025, quelque 700 millions de personnes – soit plus de la moitié de la population actuelle de l’Afrique – vivra en ville, et c’est maintenant qu’il faut préparer cette évolution démographique, a prévenu Bekele Shiferaw, auteur principal de l’étude publiée par le CIMMYT et l’IFPRI.
La demande de blé a enregistré une augmentation rapide – environ 45 pour cent entre 2000 et 2009 – a indiqué Nicole Mason de l’université d’État du Michigan (MSU) et auteur principal d’une étude réalisée par MSU et le CIMMYT sur la consommation de blé en Afrique subsaharienne.
« La demande de blé augmente plus vite que la demande de riz, et elle comble le déficit de céréales en Afrique depuis quelques années », a dit Mme Mason.
La consommation de maïs est toujours supérieure à la consommation de blé dans la plupart des pays, et notamment les pays les plus pauvres de l’Afrique du Sud. On note cependant une augmentation de la demande de blé dans les centres urbains, dont les habitants se tournent de plus en plus vers les denrées alimentaires pratiques pour le consommateur et produites industriellement avec de la farine de blé transformée. En moyenne, les consommateurs dépensent davantage d’argent pour le blé que pour toute autre céréale dans les villes de Lusaka et Kitwe en Zambie, Maputo au Mozambique et Nairobi au Kenya, selon l’étude réalisée par Mme Mason.
Renforcer la sécurité alimentaire
Des pays comme la Zambie ont déjà relancé leur production de blé et sont autosuffisants, stimulés par la demande et les profits, a indiqué Davies Lungu, un phytogénéticien de l’université de Zambie. « Une tonne de blé coûte 350 dollars et une tonne de maïs coûte environ 150 dollars en Zambie ».
Atteindre l’autosuffisance en blé ne garantit pas une meilleure sécurité alimentaire, c’est-à-dire l’accès de tous à une nourriture de qualité, a noté Mme Mason.
Réduire le coût des importations permettrait toutefois de renforcer la capacité des pays et des consommateurs à faire face à l’augmentation brutale des prix, a indiqué M. Hodson du CIMMYT.
Le blé, dont la culture a débuté en Mésopotamie (sud de la Turquie, Irak et Syrie) avant de s’étendre au nord de l’Afrique et à l’Éthiopie, résiste également beaucoup mieux aux températures extrêmes que les autres cultures de base, a souligné M. Braun. « C’est un bon investissement dans le contexte du changement climatique ».
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