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Les activistes alarmés par la remise en cause de la baisse des prix

Les organisations camerounaises de lutte contre le VIH/SIDA se disent inquiètes de l’avenir de la prise en charge des personnes séropositives au Cameroun, suite à une tentative récente de l’Etat camerounais de réduire sa subvention aux examens de suivi biologique du VIH.

Même si dans un communiqué publié cette semaine, le ministère de la Santé a indiqué que « le ministre de la Santé publique [André Mama Fouda avait] annulé la note » du 8 janvier prévoyant « la fixation des quotas semestriels des bilans de suivi biologiques subventionnés » pour les personnes vivant avec le VIH, les associations de lutte contre le sida ne se sentent pas rassurées pour autant.

« Ce qui vient de se passer n’est que le prémisse de ce qui nous attend dans un avenir proche », s’est alarmé Alain Fogué, président du Mouvement camerounais pour le plaidoyer et l'accès aux traitements (MOCPAT).

Le gouvernement avait décidé, le 30 juin 2006, de subventionner les examens de suivi biologique du VIH, permettant ainsi aux patients séropositifs d’effectuer ces examens pour 3 000 francs CFA (environ sept dollars) contre 21 000 francs CFA (48 dollars) auparavant.

Mais fin janvier 2008, le MOCPAT a appris « de manière officieuse... qu’une note datée du 8 janvier du Comité national de lutte contre le VIH/SIDA [CNLS] indiquait qu’allait être instauré pour chaque centre de prise en charge un quota de patients bénéficiaires des examens biologiques subventionnés », a expliqué à IRIN/PlusNews M. Fogué.

« La note prévoyait que ces derniers, choisis on ne sait comment, continueraient de payer 3.000 francs CFA leur examen tandis que les autres auraient à débourser comme autrefois 21.000 francs CFA », a-t-il poursuivi.

Après avoir tenté d’établir un dialogue avec les autorités camerounaises, le MOCPAT a finalement organisé une manifestation à Yaoundé devant le siège du CNLS. En soutien, l'association française de lutte contre le sida Act Up a fait de même devant l’ambassade du Cameroun à Paris, en France.

Face à la mobilisation des activistes et au tollé suscité par la tentative du gouvernement –inédite à l’heure où la tendance est plutôt vers la baisse du coût de la prise en charge pour le patient-, le ministre de la Santé publique a donc fait machine arrière cette semaine.

''...Si rien n’est fait rapidement pour aboutir à un changement, nous serons face dans six ou 12 mois à une situation bien pire que celle à laquelle nous venons d’être confrontés...''
L’Etat continuera de prendre en charge la majeure partie du coût du bilan pré-thérapeutique et du bilan semestriel de suivi des personnes sous antirétroviraux, qui continueront à payer 3 000 francs CFA, a dit M. Mama Fouda.

Des financements trop rares

Le ministre de la Santé a également annoncé la constitution d’un groupe de travail « pour réfléchir sur des solutions de financement en vue de couvrir les 110.000 bilans de suivi attendus pour 2008 ».

Car selon le docteur Maurice Fezeu, secrétaire permanent du CNLS, la décision gouvernementale a été motivée par le fait qu’il y avait eu « plus de bilans à faire que de ressources disponibles » en 2007.

Le retour à des examens biologiques subventionnés ne résout pas le problème du manque de financements permettant la prise en charge à moindre coût du VIH, entre autres du suivi biologique, selon M. Fogué, pour qui la situation reste extrêmement préoccupante.

« Le Cameroun vit toujours sur les fonds attribués lors du 5ème [appel à proposition] du Fonds mondial [de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme], puisqu’il a été recalé pour les 6ème et 7ème [appels]. S’il n’est pas éligible pour le 8ème, ce sera la catastrophe », s’est-il alarmé.

« Si rien n’est fait rapidement pour aboutir à un changement, nous serons face dans six ou 12 mois à une situation bien pire que celle à laquelle nous venons d’être confrontés », a-t-il estimé.

De nombreux activistes craignent que cette tentative de revenir sur la baisse des coûts, obtenue de haute lutte, puisse ouvrir la voie à d’autres « reculades », dans un pays où 5,5 pour cent des quelque 16 millions d’habitants vivent avec le VIH, selon les Nations Unies.

« Si les autorités sont capables de nous demander aujourd'hui de payer 21 000 francs CFA l'examen biologique, nous avons peur que demain ou le jour suivant, le traitement contre le VIH/SIDA ne soit plus gratuit non plus », a expliqué un activiste le 21 février sur les ondes de la radio nationale camerounaise.

fp/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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