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Les enlèvements contre rançons font fuir des milliers de villageois

[CAR] An abandoned village in the troubled northwest region of CAR. [Date picture taken: June 2006] Joseph Benamsse/IRIN
Villagers in the northwest of Central African Republic are seeking safety in urban areas after a spate of kidnappings leaves many destitute when they have to sell livestock to pay the ransom money

La présence dans le nord-ouest de la République centrafricaine (RCA) de coupeurs de route, spécialisés dans l’enlèvement d’éleveurs de bétail pour toucher des rançons, a contraint des milliers de personnes à trouver refuge dans des centres urbains où beaucoup d’entre elles sont devenues indigentes, ont révélé des travailleurs humanitaires.

Appelés communément 'Zaraguinas', ces coupeurs de route attaquent les villages et enlèvent des enfants et des jeunes adultes qu’ils séquestrent jusqu’au paiement de l’importante rançon exigée, a expliqué Hamadou Nabeti, qui a été victime de cette mésaventure.

L’année dernière, il a fui le village de Tantale, situé à 45km au nord de Bozoum, dans la région d’Ouham-Pende, après avoir payé aux ravisseurs la rançon qu’ils exigeaient pour la libération de ses enfants.

Selon les habitants de la région, les enlèvements sont la conséquence de l’instabilité qui règne dans la région. Les coupeurs de route profitent de l’absence de l’armée nationale, trop occupée à combattre la rébellion, pour commettre leurs forfaits.

Quelque 150 000 personnes ont fui leur domicile en raison des fréquents affrontements entre les forces armées centrafricaines et les rebelles de l’Armée populaire pour la restauration de la république et de la démocratie (APRD) et les coupeurs de routes qui sévissent depuis octobre 2006 dans le nord-ouest de la RCA.

« J’ai quitté mon village après l’attaque perpétrée le 17 octobre 2006 par des bandits de grand chemin », a raconté M. Nabeti. Les bandits ont enlevé des enfants et emporté de la nourriture et du bétail, a-t-il précisé.

« J’ai dû vendre toutes mes bêtes pour pouvoir payer la rançon exigée pour la libération de mon fils », a-t-il ajouté. Hamadou Nabeti vit actuellement avec ses deux femmes et ses 12 enfants dans une maison louée à Bozoum, mais il avoue rencontrer quelques difficultés pour acquitter son loyer mensuel de quatre dollars.

Apparemment, c’est le bétail, la richesse de la population de la région, qui attire les Zaraguinas.

Al Hadj Salle, un éleveur de bétail de 45 ans qui vit à Paoua, a été contraint de quitter Bozoum après l’enlèvement de son fils de 13 ans par les Zaraguinas. Il a dû payer 1,5 million de francs CFA (3 000 dollars américains), une somme obtenue en vendant son troupeau.

« Il y a deux mois, on comptait quelque 7 000 déplacés internes dans la ville, mais seuls 3 798 d’entre eux étaient inscrits », a déploré Léonard Bangue, maire de Bozoum, qui a confirmé que ces déplacés s'étaient installés dans sa ville pour des raisons de sécurité.

Le maire s’est plaint des militaires qui ont abandonné les populations qui sont désormais à la merci des bandits. Les patrouilles de l’armée nationale sont rares et les frontières poreuses permettent aux malfaiteurs de passer au Tchad et au Cameroun, deux pays voisins, pour s’y réfugier.

« Nous comptions sur la FOMUC [Force multinationale en Centrafrique] pour nous aider à rétablir la sécurité dans la région, mais nous sommes navrés de constater que la mission de cette force n’est pas de lutter contre le banditisme », a indiqué M. Bangue. Selon lui, la réticence des soldats à s’engager dans la lutte contre le banditisme a contribué à aggraver la situation.

« La plupart des voleurs de bétail sont des étrangers qui opèrent avec la complicité de certains nationaux qui connaissent bien la région », a indiqué maire, affirmant que les bandits ne parlaient pas les langues locales.

Des villageois devenus indigents

La présence d’un grand nombre de déplacés dans la région a exacerbé les problèmes humanitaires. Fuyant les ravisseurs, beaucoup de ces déplacés se retrouvent sans le sou et ne peuvent s’acheter de la nourriture, trouver un abri ou payer des soins médicaux à leurs familles.

« Je vis de l’aumône car toute ma famille se nourrit grâce à l’aide alimentaire distribuée par les agences humanitaires, et deux de mes femmes sont mortes parce que je n’avais pas d’argent pour leur payer des médicaments », a déploré M. Nabeti.

COOPI, l’agence de coopération italienne, et Caritas sont les deux agences humanitaires présentes dans la région.

Le coût de la vie a augmenté dans les villes, avec l’afflux des déplacés, et les hôpitaux et écoles tentent de faire face à la situation. Certains enfants de familles déplacées ne sont pas acceptés dans les écoles parce que les salles de classe sont pleines.

L’insécurité a également désorganisé les activités agricoles. Les paysans évitent d’aller dans leurs champs de peur d’être kidnappés et la sécurité alimentaire pourrait pâtir de cette situation.

« Nous manquons de semences pour la nouvelle saison agricole, et puisque nous n'en avons pas assez, nous risquons de consommer le peu qui nous reste », s’est plaint Benoit Bedounde, 32 ans, chef du village de Bemal, situé à 55 kilomètres au nord de Paoua.

Pour sa part, Raymond Ndougou, le préfet de Bozoum, a demandé au gouvernement de rétablir au plus vite la sécurité dans la région pour faciliter la reprise des activités économiques.

« Le gouvernement doit trouver une solution pacifique à la crise actuelle pour rétablir la sécurité et le calme dans la région du nord-ouest », a souhaité M. Ndougou.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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