« Nous avons dit au gouvernement,“Il faut former et armer [les Arrow Boys] et ils vaincront la LRA, et une fois la LRA morte, les Arrow Boys rendront les armes,” » a dit à IRIN Joseph Bakosoro, gouverneur de l’Equatoria occidental.
« C’est sûr que nous rendrions les armes, » a t-il ajouté. « Le gouvernement ne connaît pas notre culture ; les Zandés suivent les règles et sont loyaux envers leurs chefs, cela ne poserait aucun problème. »
Le gouvernement sud-soudanais est engagé dans le désarmement des civils sur tout le territoire mais d’après les analystes, cette politique a été mise en œuvre de manière ponctuelle plutôt que systématiquement.
La LRA, formée en 1987 dans le nord de l’Ouganda, est dirigée par Joseph Kony, qui est recherché par la Cour pénale internationale. Elle s’est divisée en petits groupes après une opération menée conjointement en 2008 par les armées de l’Ouganda, du Sud-Soudan et de la République démocratique du Congo (RDC).
Depuis, ces groupes sont actifs dans les régions frontière du Sud-Soudan, de la RDC et de la République centrafricaine. Dans ces zones, au moins 2 000 personnes sont mortes, 2 600 ont été enlevées et 400 000 déplacées par les rebelles.
Selon Small Arms Survey [un projet de recherches indépendant sur les armes légères], on craint également que les rebelles ne soient utilisés par le gouvernement soudanais pour saboter le référendum prévu pour le 9 janvier. C’est également l’opinion de certains responsables en Equatoria occidental.
Attaques
Il n’existe pas de chiffres précis sur le nombre d’attaques de la LRA en Equatoria occidental. Les locaux et les autorités disent qu’entre mai et octobre 2010, les attaques de la LRA ont eu lieu presque chaque semaine. Selon les Arrow Boys de Yambio, la capitale de l’Etat, la LRA a intensifié ses attaques en novembre, mais M. Bakosoro a dit qu’il n’y avait eu qu’une seule attaque durant ce mois.
Photo: Marc Hofer/IRIN |
Des Arrow Boys patrouillent les abords de la ville de Nzara, à la recherche des derniers soldats de la LRA qui pourraient constituer une menace |
Selon les Arrow Boys de la ville de Nzara et Alfred Karaba, commandant du groupe au niveau de l’Etat, l’attaque la plus récente a eu lieu le 18 novembre, date à laquelle les combattants ont alors kidnappé deux jeunes filles.
M. Bakosoro est arrivé à Juba le 9 décembre pour pousser le gouvernement à débloquer les 5 millions de livres soudanaises (2 millions de dollars) promis pour le soutien des Arrow Boys, a t-il dit au téléphone à IRIN. « Il nous faut établir si ces fonds sont disponibles. Le référendum approche et nous devons nous organiser de façon que les gens puissent voter en paix pour le référendum,’ a t-il dit. Selon M. Kabara, l’Etat d’Equatoria occidental compte 6 175 Arrow Boys.
Luka Smith, le chef des Arrow Boys à Yambio, a affirmé que son groupe avait capturé des combattants de la LRA le mois dernier. « Nous pensons que ce n’est pas durant l’enregistrement qu’ils ont l’intention d’attaquer, mais durant les journées du scrutin, » a t-il dit à IRIN. « Si nous ne sommes pas présents dans les bureaux de vote ces jours-là, ils viendront kidnapper et tuer nos concitoyens. »
Les Arrow Boys, cependant, manque de ressources adéquates. Ils sont armés d’armes rudimentaires : machettes, couteaux de cuisine, lances, arcs et flèches ; ils sont quelquefois munis de fusils de fabrication locale qui s’achètent pour 200 livres soudanaises (80 dollars) à des trafiquants de RDC.
Des désaccords se sont fait jour sur la façon de dépenser les fonds promis. Pour M. Bakosoro, l’argent devrait être acheminé par l’intermédiaire de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), mais les autorités d’Equatoria occidental disent qu’elles préfèreraient former elle-mêmes les Boys.
Selon le porte-parole de la SPLA, le colonel Philip Aguer, « l’armée ne devrait certainement pas encourager l’idée de fournir des armes à des civils et je ne pense pas que nous devrions les former. A la rigueur, peut-être la police pourrait-elle le faire, parce qu’il faut une forme de contrôle. »
Toutefois, la police a dit qu’elle était mal équipée [pour le faire]. » Nous n’avons pas assez de ressources, nous avons besoin nous-mêmes d’armes à feu et de munitions, » a dit John Karba, officier de police dans le comté de Nzara. « Les Arrow Boys font de leur mieux et ils aident la communauté… mais s’ils doivent recevoir une formation quelconque, cela devrait être quelque chose d’officiel venant du gouvernement, parce qu’ils ne font partie ni de la police, ni de l’armée, » a t-il ajouté.
« Le meilleur moyen de venir à bout [de la LRA], c’est de tous nous asseoir, les Arrow Boys, la SPLA et l’UPDF [les Forces de défense populaires de l’Ouganda], et de nous mettre d’accord sur une stratégie.. » a dit Angelo Edward, coordinateur des Arrow Boys. « Tous les trois, ensemble, nous allons dans la brousse, nous leur donnons la chasse et dans un mois ou deux, la LRA aura disparu d’ici. »
jmc/eo/mw – og/amz
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions