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La mauvaise santé du bétail menace la nutrition humaine

Dans certaines zones de la région de Diffa, dans l’extrême est du Niger, de nombreux animaux meurent de malnutrition, ce qui a des conséquences directes sur la sécurité alimentaire et la nutrition des populations humaines, d’après des responsables locaux du ministère de l’Elevage.

Kosso Matta Kellou, directeur régional de l’Elevage, a dit à IRIN que 90 pour cent des habitants de Diffa ont besoin des animaux pour survivre, et que l’on n’a pas assez pris conscience que la mauvaise santé animale pouvait être une cause de la malnutrition humaine.
« On assiste à un cercle vicieux, la situation est très précaire. »

D’après les résultats préliminaires d’une étude sur la malnutrition en 2009 chez les enfants de moins de cinq ans, menée en ce moment par le gouvernement, Diffa présente le plus haut taux de malnutrition aiguë du pays : 17,4 pour cent, soit cinq points de plus que l’année dernière. Ce taux reste néanmoins inférieur à celui de 2007, qui était de 19,4 pour cent.
 
M. Matta Kellou a indiqué que les responsables du ministère de l’Elevage avaient l’intention d’étudier les registres locaux comptabilisant les morts d’animaux. Certains éleveurs rapportent avoir perdu jusqu’à 25 pour cent de leur bétail.

« La plupart de ces morts sont liées à la malnutrition », a affirmé M. Matta Kellou. En janvier 2008, le gouvernement a mené sa première campagne de vaccination animale de masse, qui a fait baisser la mortalité animale due à la maladie, a-t-il dit à IRIN.

Mais la distribution gratuite de vaccins ne sauve pas les animaux de la malnutrition, a ajouté M. Matta Kellou.

Il a indiqué que l’élevage représentait plus de la moitié de l’économie de Diffa, et que la santé humaine était donc directement liée à la santé animale. « Cette année, les bêtes meurent plus de malnutrition que de maladie. La réduction des terres d’élevage et la malnutrition animale constituent toujours de réels problèmes. »

En 2008, le Niger a subi une pénurie de plus de cinq millions de tonnes de fourrage naturel, et Diffa a été l’une des régions les plus touchées, d’après l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

En matière d’élevage et d’agriculture, les perspectives sont « inquiétantes » car jusqu’à présent, les pluies de 2009 ont été insuffisantes et tardives, a indiqué à IRIN Nourou Tall, coordinateur adjoint au sein de l’unité de coordination des urgences de la FAO.

Un récent bulletin interministériel sur l’agriculture et l’élevage a observé que les pluies de juillet avaient amélioré l’état des pâturages, et que les animaux étaient globalement en bonne santé.

Breeder Mamadou Difjao is vaccinating his animals in Niger's Diffa region himself to save on gas cost
Photo: Phuong Tran/IRIN
Qu’est-ce qui a tué ses vaches?
Pourtant, des bergers de la région de Diffa ont dit à IRIN qu’ils étaient obligés de vendre leurs animaux sous-alimentés et malades avant qu’ils ne meurent. « J’ai cette vache depuis cinq ans », a dit Malam Sinear, en montrant une vache étendue sur le sol dans son village de Kinjandi, à 80 kilomètres à l’est de la ville de Diffa.

« Elle pèse la moitié de son poids normal. Si nous la tuons maintenant, je pourrai la vendre pour 34 dollars. Mais je pourrais gagner dix fois plus si elle était en bonne santé. » Il a demandé à IRIN s’il devait mettre la vache debout pour la photo, parce qu’elle ne pouvait plus se lever toute seule.

M. Sinear a dit que les deux tonnes de blé qu’il avait reçu de la FAO au début de l’année étaient épuisées depuis longtemps. En 2009, la FAO a donné 636 tonnes de fourrage aux éleveurs de Diffa.

L’éleveur a montré un gros trou dans le mur sur le côté de sa maison, en racontant qu’il avait commencé à faire manger à ses animaux des morceaux de sa maison, construite en paille. M. Sinear a dit à IRIN qu’il avait perdu six de ses 43 animaux en 2009, et que trois de plus étaient aujourd’hui malades.

Iliassou Idi, le boucher local, a raconté à IRIN que de plus en plus d’éleveurs essaient de lui vendre leurs animaux qui dépérissent. « Je les achète et je vends la viande à 50 cents pour quatre morceaux. »

Au marché à bétail qui se tient toutes les semaines à Djario, 24 kilomètres plus loin, Mamadou Difjao, éleveur, a dit à IRIN que la piroplasmose avait tué cinq de ses 20 bêtes en 2009 – 40 pour cent – contre trois morts sur 25 animaux en 2008, soit 12 pour cent.
La piroplasmose est due à un parasite transmis par une morsure de tique ; les animaux contaminés perdent l’appétit et dépérissent.

M. Difjao a dit qu’il vaccinait lui-même ses bêtes plutôt que d’appeler le responsable local du bétail, parce que cela lui évitait de payer les frais d’essence que l’agent facture lorsqu’il vient administrer le vaccin.

El Sidi Heikey, l’agent local, a expliqué à IRIN que son budget ne couvrait pas les frais d’essence pour les visites à domicile.

M. Matta Kellou, directeur régional de l’Elevage, a déclaré qu’il est difficile, sans diagnostic officiel, de déterminer si les animaux sont morts de maladie ou de faim.

pt/np/il

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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