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L’armée en guerre contre le sida

Face aux données disponibles, encore rares mais déjà inquiétantes, montrant des taux d’infection au VIH élevés parmi les militaires, l’armée nationale tchadienne n’a pas eu d’autre choix que de s’attaquer au VIH/SIDA, qui fait peser une menace sur ses membres censés assurer la sécurité du pays.

Une enquête menée par les autorités fin 2003 a montré que le taux de prévalence du VIH au sein des forces armées et de sécurité était de 5,3 pour cent, et jusqu’à 11,3 pour cent pour les femmes en uniforme, contre une prévalence moyenne de 3,5 pour cent au sein de la population générale.

Lorsque le premier service de dépistage du VIH a été mis en place en 2004 au sein de l’hôpital militaire d’instruction (HMI) de N’djamena, la capitale tchadienne, l’affluence a d’abord été timide, a noté le docteur Allao Dounia Adrinkaye, coordonnateur du Noyau anti-sida des armées et point focal VIH/SIDA du ministère de la Défense.

Mais aujourd’hui, suite à des efforts de sensibilisation menés au cours des dernières années, « les gens se bousculent », a-t-il dit. Le local qui héberge le noyau anti-sida du HMI, situé derrière le bâtiment principal de l’hôpital, voit défiler quotidiennement un flot quasi ininterrompu d’hommes et de femmes, militaires et civils : plus de 2 500 personnes sont venues se faire dépister en 2008, selon les données du service de santé des armées. Parmi les 850 militaires, hommes et femmes, qui ont fait ce test, environ 13 pour cent étaient séropositifs.

Les candidats au dépistage viennent généralement dans trois cas de figure, a noté le capitaine Boniface Mbaïndodjim, conseiller du centre de dépistage du HMI. « Il y a ceux qui viennent [sur demande du conjoint ou de la famille] parce qu’ils vont se marier, ceux qui viennent parce qu’en tant que militaires, ils veulent vérifier qu’ils sont en bonne santé, et ceux qui viennent parce qu’il y a eu un problème avec le conjoint – maladie ou décès », a-t-il expliqué.

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Au départ limités au dépistage, les services VIH/SIDA du HMI se sont peu à peu étoffés, avec le soutien de l’Etat, via le ministère de la Défense, et de bailleurs de fonds comme la Banque mondiale via son Projet population et lutte contre le sida (PPLS) : aujourd’hui, le noyau anti-sida de l’hôpital propose la prise en charge complète et gratuite de l’infection, depuis le dépistage jusqu’au traitement antirétroviral (ARV), en passant par le comptage du CD4 – qui permet d’évaluer la résistance du système immunitaire - et le traitement des infections opportunistes.

L’unité VIH/SIDA de l’hôpital militaire de N’djamena fournit actuellement des ARV à 230 personnes. En collaboration avec le service de santé des armées, elle propose également un service de soutien psychosocial, a noté M. Adrinkaye.

Un certain nombre de pairs éducateurs ont été formés pour diffuser l’information sur le VIH auprès des militaires, à la fois parmi les officiers et les hommes de troupe, et inciter au changement de comportement. « Si la sensibilisation [auprès des militaires du rang] est faite par des officiers, ils prennent ça pour des ordres », a dit M. Adrinkaye.

Encore des défis

Bien que la lutte se soit peu à peu organisée au sein de l’armée depuis 2004, les autorités militaires se sont trouvées face à d’importants défis à relever.

L’intégration d’éléments venus de groupes armés, suite à un accord de paix signé fin 2006 entre le gouvernement et certains mouvements de rébellion, a constitué l’un de ces défis, notamment dans le domaine des efforts de prévention.

« Avec les ralliements [des groupes rebelles] et l’arrivée de nouvelles recrues, il est difficile d'être à jour [dans la sensibilisation] », a dit M. Adrinkaye.

D’autre part, les problèmes rencontrés par le Tchad en 2006 au niveau de la gestion des fonds du PPLS et la suspension des financements de la Banque mondiale qui en a résulté jusqu’en juin de cette même année, a eu des effets négatifs notamment sur la prévention de l’infection.

« Il y avait eu une [importante] commande de préservatifs, mais quand ils sont finalement arrivés, ils étaient périmés », a dit M. Adrinkaye.

Et ce problème de disponibilité des préservatifs au niveau de l’unité sida de l’hôpital militaire demeure aujourd’hui. « On a eu des stocks de dépannage, mais il y a des ruptures d’approvisionnement alors que les militaires les demandent beaucoup », a dit M. Mbaïndodjim, le conseiller.

« On donne ce qu’on a, mais on n’en a pas assez », a-t-il ajouté, soulignant que le noyau anti-sida recherchait des partenaires pour remédier à cette situation.

Une enquête menée parmi les militaires dans le sud du pays, zone la plus touchée par le VIH/SIDA, vient d’être finalisée et ses résultats sont actuellement en cours d’analyse, a dit M. Adrinkaye. Cette étude devrait permettre d’en savoir plus sur la situation réelle de l’épidémie au sein des militaires dans cette zone, à la fois en termes d’épidémiologie et de comportements.

ail/

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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