« Un soir, un voisin de la même concession que nous m’a demandé de rentrer dans sa maison pour chercher de l’eau. Quand je suis rentrée pour prendre le seau, il m’a attaquée. Il m’a violée.
« Il n’y avait personne dans la concession ce soir-là, ma mère était partie à une [veillée mortuaire], [mes frères et sœurs] n’étaient pas là. Le voisin a dit que si je racontais qu’il m’avait violée, il me tuerait avec un couteau, alors je n’ai rien dit.
« Mais il a recommencé et il m’a attaquée un autre soir, quand j’étais dans la douche. C’était trop dur, alors je l’ai dit à ma mère, et elle m’a dit qu’on allait voir s’il essayait de recommencer.
« Quelques temps plus tard, alors que je dormais sous la moustiquaire avec ma mère, le voisin est rentré et il m’a encore attaquée. J’ai crié, ma mère s’est réveillée et le voisin s’est enfui.
« Ma mère m’a emmenée au centre médical où on m’a fait faire un test de dépistage [du VIH] et on m’a donné des médicaments [prophylaxie post-exposition]. On s’est occupé de moi, on m’a beaucoup conseillé et je suis restée la nuit à l’hôpital. Mais c’était trop tard.
« Ma mère est allé voir le chef de [quartier], mais comme le voisin était de la famille [du chef], il n’a pas voulu lui faire de problèmes » |
« Ma mère est allé voir le chef de [quartier], mais comme le voisin était de la famille [du chef], il n’a pas voulu lui faire de problèmes. Donc ma mère est allée porter plainte en justice. L’homme a été arrêté et emprisonné, mais quand les rebelles ont attaqué N’djamena [offensive contre le régime du président Idriss Déby les 2 et 3 février 2008], ils ont ouvert la prison et le voisin a été libéré. Je ne sais pas ce qu’il est devenu depuis, il n’est pas revenu [à la concession].
« Le voisin était malade, sa femme était déjà décédée et on savait que c’était de la maladie [VIH].
« Quelques temps après [la confirmation de l’infection au VIH], je suis devenue faible, j’étais très fatiguée. On m’a fait des examens, et on m’a donné des ARV. Ca fait plusieurs mois maintenant que j’en prends.
« J’ai repris un peu de forces, et maintenant, ça va un peu mieux. Je fais partie d’une association de personnes vivant avec le VIH. Je suis à l’école [primaire] et je veux continuer.
« Mais mon père est décédé il y a plusieurs années, j’ai plusieurs frères et sœurs, et ma mère ne travaille pas. Quand on a de l’argent, on mange, et sinon on va dormir. J’ai vraiment envie de continuer à l’école, mais parfois, c’est difficile ».
ail/
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