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Emeutes sur le prix des vivres dans les grandes villes

Le coût élevé de la vie a donné lieu à des émeutes dans trois grandes villes du Burkina Faso la semaine dernière, une situation qui suscite des craintes chez certains observateurs quant à la stabilité du pays, paisible mais pauvre.

« On s’attendait à cette réaction », a expliqué à IRIN Laurent Ouédraogo, secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Burkina (CNTB), ajoutant que les émeutes avaient été provoquées par la hausse constante des prix des produits de base (tels que les vivres, le tissu et l’essence), hausse qui avait engendré une colère croissante au sein de la population.

« La misère n’attend pas ; les gens voient les prix augmenter chaque jour et ne savent pas quoi faire. C’est comme si on avait des allumettes près d’un morceau de coton, susceptible de prendre feu à tout moment », a poursuivi M. Ouédraogo.

Les manifestants sont d’abord descendus dans les rues de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, le 20 février, s’en prenant aux bureaux du gouvernement et incendiant des boutiques, des voitures et des stations-service.

Les manifestations se sont poursuivies à Bobo le lendemain, et 100 émeutiers ont été arrêtés après avoir jeté des pierres sur les membres de la délégation dépêchée sur place par le gouvernement pour apaiser la situation.

Des manifestations semblables ont eu lieu le même jour à Ouhigouya, la troisième plus grande ville du pays, située à quelques centaines de kilomètres au nord de Bobo-Dioulasso, et à Banfora, dans l’ouest.

Des édifices publics, essentiellement les bureaux des douanes et des impôts, ainsi que des réverbères ont été détruits ou incendiés par les manifestants, et notamment par des marchands et des commerçants, descendus dans la rue pour dénoncer la hausse des impôts et du prix des marchandises.

Les émeutes sont survenues deux semaines après que le gouvernement eut annoncé qu’il imposerait des « mesures fermes » pour contrôler le prix des vivres et d’autres produits de base, qui, selon lui, ont augmenté de 10 à 65 pour cent.

La vie reprenait son cours normal le 22 février, mais on pouvait apercevoir des soldats, des paramilitaires et des membres des forces de police aux points stratégiques de toutes les villes et les bourgades, ainsi qu’à Ouagadougou, la capitale, qui n’a été le théâtre d’aucune flambée de violence.

S’exprimant en direct à la télévision nationale, le 22 février, Jean-Baptiste Compaoré, ministre burkinabè des Finances et de l’Economie, a imputé les difficultés du pays au prix élevé du pétrole.

« Le gouvernement s’efforce de chercher des solutions [à ce problème], mais la solution doit être régionale pour être viable », a-t-il estimé.

Le gouvernement a confirmé qu’il mettait des réserves d’urgence sur le marché pour essayer de contenir les prix. Selon certains responsables du gouvernement, les douanes bloquent même officieusement les exportations de céréales, bien qu’il ne s’agisse pas d’une politique nationale. Les autorités burkinabè ont en outre indiqué qu’elles avaient baissé de 30 à 35 pour cent les taxes imposées sur certains produits de base.


Photo: Brahima Ouedraogo/IRIN
Boutique saccagée pendant les manifestations à Bobo-Dioulasso
Pour M. Compaoré, les violences sont en partie imputables au fait que le gouvernement a « démantelé » les techniques frauduleuses employées par certains commerçants pour éviter de payer les taxes d’importation et d’exportation. « C’est cela qui est douloureux pour eux », a-t-il observé.

Le blog Africa Flak, rédigé de Ouagadougou, rapportait le 22 février que certains journaux locaux avaient attribué la hausse des prix aux nouvelles taxes imposées par le gouvernement, une hypothèse « vivement réfutée » par le gouvernement.

Selon d’autres médias locaux, « le nouveau Premier ministre réformateur a en bonne partie mis fin à la culture des pots-de-vin que les agents des douanes avaient instauré avec de gros commerçants et distributeurs alimentaires », pouvait-on lire sur le blog.

D’autres émeutes sur le coût élevé des vivres avaient également eu lieu cette année en Mauritanie et au Sénégal, voisins sahéliens du Burkina Faso, qui se distinguent, dans la région, en ce qu’ils dépendent des importations de blé et de riz, deux produits devenus plus coûteux, partout dans le monde, cette année.

En Afrique de l’Ouest, cette situation est encore aggravée par le prix exceptionnellement élevé des vivres, dû à la perturbation de la saison agricole dans certaines zones de la sous-région en 2007 et au fait que certains commerçants ne mettent pas en vente l’ensemble de leurs réserves, dit-on, dans les marchés du nord du Nigeria, du Ghana et d’ailleurs.

La Guinée Conakry, autre pays d’Afrique de l’Ouest, est même considérée comme l’un des pays les plus instables du monde par les analystes des conflits, essentiellement en raison des cinq émeutes anti-gouvernementales successives qui ont eu lieu à l’échelle nationale ces 18 derniers mois, provoquées par le mécontentement des masses face à la hausse du coût de la vie.

bo/nr/nh/ads/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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