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La lutte contre le VIH a désormais sa loi

La malchance semblait enfin lui donner un peu de répit. Ailton Lima, 30 ans, diagnostiqué positif au VIH il y a quatre ans, attendait de commencer un nouvel emploi comme réceptionniste dans un hôtel à Praia, la capitale de l’archipel du Cap Vert.

L’entrevue s’était bien passée, il était qualifié pour le poste. Mais à la dernière minute, le directeur de l’hôtel lui a simplement fait savoir qu’il ne pouvait pas l’engager, sans entrer dans les détails.

Pour Lima, la raison s’appelle VIH. Ex-consommateur de drogues injectables, il a été diagnostiqué séropositif en 2003, lorsque, après avoir perdu des amis à cause du sida, il a décidé de faire le test. Il pense avoir été infecté en partageant des seringues.

Même si Lima semble en être sûr, il est difficile de prouver que dans ce cas le candidat n’a pas été engagé à cause de sa séropositivité.

C’est exactement pour éviter d’autres situations semblables que l’Assemblée législative du Cap Vert a approuvé à l’unanimité, fin octobre, sa première loi spécifique sur le VIH et le sida.

Le projet de loi a été proposé par une commission de députés du Parti Africain pour l’indépendance du Cap Vert (PAICV) et du Mouvement pour la Démocratie, les deux partis qui occupent le plus de sièges à l’Assemblée.

« Cela a été un consensus. Il est important de montrer que les députés luttent eux aussi contre le sida », a dit Mário Matos, député du PAICV et rédacteur du projet de loi.

Le Cap Vert, archipel de 10 îles situé au large des côtes du Sénégal, présente une séroprévalence de 0,8 pour cent pour une population d’environ 500 000 habitants.

La loi traite de sujets liés à la prévention, contrôle et traitement de la maladie, tels que l’assistance médicale, la confidentialité, le préjugé, la transmission volontaire du virus et la sécurité des professionnels de la santé qui manipulent du sang.

Pour l’activiste Samira Pereira Fernandes, 24 ans, la nouvelle loi représente un pas en avant pour les Capverdiens séropositifs, surtout en ce qui concerne la stigmatisation, à laquelle elle-même est confrontée depuis qu’elle a assumé publiquement sa séropositivité.

Mme Fernandes, originaire d’Assomada, dans les environs de Praia, a été contaminée par son mari, père de sa fille unique ; elle a rendu publique sa séropositivité peu après l’avoir su, il y a quatre ans.

Elle est passée à la télévision et dans les journaux. Les conséquences ont été lourdes : elle n’a plus jamais pu trouver du travail, ses clients ont déserté sa petite boutique de produits cosmétiques.


Photo: Lilian Liang/PlusNews
Pour Ailton Lima, le VIH est la raison pour laquelle il ne trouve pas d'emploi
«Je me suis déjà fait insulter dans la rue, les gens disent du mal de moi », a-t-elle raconté. « J’ai même été agressée physiquement par des jeunes gens qui disaient que je n’aurais pas dû me montrer. Si vous le racontez à la police, ils vous rient au nez ».

Grâce à la nouvelle loi, des actes de ce type – dans la rue, au travail, à l’école ou dans les hôpitaux – seront considérés comme crimes de discrimination, avec des peines pouvant aller d’une simple amende à l’emprisonnement, selon ce qui est prévu dans le code pénal national.

« Je pense que les personnes séropositives seront mieux protégées avec cette loi », a dit Jacqueline Pereira, directrice générale du ministère de la Santé.

La nouvelle loi met aussi l’accent sur la confidentialité, autant en ce qui concerne l’obligation pour les professionnels de la santé de respecter le secret médical que le droit des personnes séropositives au respect de leur vie privée.

Cela signifie que toute personne a le droit de faire anonymement le test du VIH et de recevoir seule les résultats. Il est interdit au médecin, à certaines exceptions près, sous peine d’amende ou de prison, de révéler à des tiers des informations concernant ses patients.

La confidentialité est à double sens, ce qui signifie que les séropositifs ont eux aussi des obligations. Ainsi, un patient qui reçoit un résultat positif est obligé d’en informer son conjoint ou partenaire sexuel dans un délai de six semaines.

« S’il ne le fait pas, le médecin a le droit de rompre le secret professionnel et d’informer la partie concernée », a expliqué le député M. Matos. « Le droit à la vie, dans ce cas, prime sur le droit à la confidentialité ».

La transmission volontaire du VIH est aussi visée par la nouvelle loi. Selon le Code pénal, le fait de transmettre consciemment le VIH est considéré comme un attentat à l’intégrité physique, une offense corporelle et une propagation d’une maladie sexuellement transmissible, actes passibles d’une peine de prison.

Selon les spécialistes, la nouvelle loi ne fait que rendre officielles des pratiques déjà existantes, telles que l’assistance à la santé, les campagnes d’éducation sur le VIH dans les écoles et l’interdiction d’exiger le test du VIH comme condition d’embauche.

« Cette loi consacre des valeurs et des pratiques adoptées par l’archipel depuis longtemps », a expliqué Artur Correia, secrétaire exécutif du Conseil de coordination de la lutte contre le sida. « Mais c’est avec les lois que la société évolue ».

ll/ms/dc/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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