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Les grands-mères s’occupent des orphelins du VIH/SIDA

«Mon père est mort quand j’étais petite et ma mère est morte en 2000», a raconté Yomina, qui, à 14 ans, compte parmi les 250 orphelins du VIH/SIDA recensés à Juba, la capitale du Sud Soudan. Yomina et ses trois frères et sœurs vivent avec leur grand-mère, Catherine, âgée de 60 ans, dans une case en terre battue couverte d’un toit en tôle ondulée. Des sacs alimentaires distribués par le gouvernement américain traînent, vides, le long de la case. Grâce à l’aide versée par l’ONG Help Age International, Catherine peut désormais payer les frais de scolarité – dont le montant a été augmenté - et les vêtements de ses petits-enfants. Help Age International apporte une aide financière aux personnes âgées du Soudan qui s’occupent des orphelins du sida, en allouant des subventions à la Southern Sudan Older People's Organisation (Organisation pour les personnes âgées du Sud Soudan – SSOPO). En 2005, la SSOPO a reçu une aide de 36 000 dollars à l’occasion du Comic Relief, un événement caritatif britannique qui a lieu une fois par an. «Le poids économique que représentent les orphelins du sida pour les grands-parents est tellement important qu’il ne peut être décrit», a déclaré Marcellina Denya, une ancienne travailleuse sociale. «Les personnes âgées de Juba ne disposent d’aucun revenu. Par conséquent, elles doivent faire face à une situation impossible. Même le peu d’argent que nous arrivons à leur donner permet de faire une grande différence.» La grand-mère de Yomina cultive une parcelle de terre dans le village de Kapuri, situé à 16 kilomètres de Juba. Ces 16 kilomètres représentent une distance trop grande pour Catherine, qui ne peut faire l’aller-retour dans la journée. Par conséquent, lorsqu’elle se rend à Kapuri, elle y reste plusieurs jours, bien qu’elle craigne de se faire attaquer par les rebelles ougandais de l’Armée de Résistance du Seigneur. A l’heure actuelle, la SSOPO aide 44 orphelins de Juba ainsi que les personnes qui s’occupent de ces enfants. L’association paie les frais de scolarité et les uniformes des enfants et elle alloue de modestes subventions aux personnes qui prennent soin des enfants afin de les aider à ouvrir de petits commerces, comme par exemple des fabriques de charbon. «S’ils [SSOPO] n’avaient pas aidé ma grand-mère, j’aurais arrêté l’école et je n’aurais rien eu à faire à la place», a déclaré Yomina à PlusNews un jour où elle n’avait pas pu aller à l’école suite à une grève des enseignants pour protester contre les arriérés de salaire. L’avenir des orphelins est morose au Sud Soudan – une des régions les plus pauvres du monde. Selon la SSOPO, de nombreux enfants arrêtent l’école et finissent dans la rue à sniffer de la colle ou du benzène afin d’échapper à la misère quotidienne. Lutter pour que les enfants continuent à aller à l’école Beaucoup craignent que les jeunes filles orphelines se tournent vers la prostitution et s’exposent aux infections sexuellement transmissibles et au VIH/SIDA. L’accord de paix signé en 2005 entre le gouvernement de Khartoum, dominé par des clans arabes, et les factions belligérantes du sud du pays a mis fin à 21 années de guerre civile. Le gouvernement du Sud Soudan, qui vient de voir le jour, a ouvert les frontières et a ainsi favorisé les déplacements des commerçants et des chauffeurs routiers. Ces derniers en provenance soit du sud, de Khartoum, la capitale du Soudan, soit du nord, de l’Ouganda, se livrent à un commerce sexuel croissant dans les plus grandes villes du Sud Soudan. «De nouvelles cultures arrivent et les gens mènent des vies de plus en plus dissolues. Les jeunes filles recherchent des hommes qui ont de l’argent», a déclaré Donato Ochan, coordinateur de programme à la SSOPO. «C’est la raison pour laquelle nous craignons que le VIH/SIDA fasse son entrée dans le pays. De plus, les jeunes filles orphelines sont vulnérables à la tentation.» Le plus grand défi que l’organisation doive relever est de parvenir à convaincre les orphelins de continuer à aller à l’école. L’importance de l’éducation est un argument difficile à vendre, a fait savoir Asunta Dowki, une conseillère qui travaille avec les orphelins de Juba et les personnes qui s’occupent de ces enfants. «Beaucoup d’orphelins doivent se débrouiller seuls même lorsqu’un membre de leur famille s’occupe d’eux. Et ils nous disent ‘maintenant que nos parents sont morts, nous devons gagner de l’argent pour survivre’», a-t-elle expliqué. La SSOPO espère parvenir à offrir aux orphelins un équilibre entre éducation et indépendance financière par le biais de la formation professionnelle. L’organisation dispose de huit machines à coudre et proposera des cours de couture à partir de la mi-avril. Asunta Dowki aimerait également que davantage d’initiatives de sensibilisation au VIH/SIDA soient mises en place. La guerre civile au Soudan a maintenu le taux de prévalence du VIH/SIDA dans le sud du pays à un niveau bas. Elle a également permis au gouvernement soudanais d’éviter d’aborder la question du sida alors que les pays voisins commençaient à lutter contre l’un des sujets les plus tabous du continent. La maladie s’accompagne d’une grande stigmatisation dans le Sud Soudan. Lorsqu’une famille est touchée par le virus, elle est isolée et rejetée de la communauté. «On dit aux enfants qu’ils sont empoisonnés», s’est insurgée Asunta Dowki. Yomina ne sait pas de quoi ses parents sont morts, sa grand-mère a peur de lui révéler que ses parents sont morts du sida. Selon Asunta Dowki, «si la stigmatisation est aussi grande c’est parce que les gens ne sont pas assez sensibilisés au VIH/SIDA – ils doivent l’être davantage.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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