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Des drones à usage humanitaire ?

Gimball, a UAV created by Flyability in Switzerland, that is collision-proof due to its outer protective frame. Can be used in buildings and fires. Contains an HD camera. Won top prize of USD$1million at Dubai's Drones for Good event in February 2015 Flyability

Plus souvent associée aux missions d’espionnage ou militaires, l’utilisation de véhicules aériens sans pilote, ou drones, à des fins humanitaires fait à la fois l’objet d’une forte médiatisation et d’une certaine prudence.

Les plus sceptiques se méfient des incidences éthiques et pratiques de l’utilisation de drones. Ils s’inquiètent des conséquences en matière de droits de l’homme et de sécurité et ne sont pas convaincus de leurs capacités ni de leur utilité.  

Les spécialistes estiment cependant que les drones pourraient jouer un rôle important dans les secours d’urgence et avoir des applications utiles dans d’autres contextes civils.

Des utilisations potentiellement positives des drones dans des contextes civils et humanitaires ont été présentées ce week-end lors d’un évènement de deux jours aux Émirats arabes unis. D’importantes sommes d’argent ont été offertes pour les meilleures idées.

« Les drones n’ont pas très bonne réputation », a admis Patrick Meier, directeur de l’innovation sociale au Qatar Computing Research Institute (QCRI) et ardent défenseur de l’utilisation des drones dans le secteur de l’humanitaire, qui a participé au jury du concours de Dubaï.


« Il ne faut pas oublier que par le passé nous associions les satellites avec la Guerre froide et l’armée et que cela a changé grâce à la démocratisation de l’imagerie. » 

Nouvelle réputation

« J’espère qu’à mesure que le public verra plus d’exemples de drones utilisés à des fins honorables, pour mettre fin au braconnage, sauver des vies dans des opérations de sauvetage ou distribuer des médicaments dans des régions isolées d’Afrique, il changera de point de vue », a dit M. Meier, qui est par ailleurs le cofondateur du Digital Humanitarian Network (DHN), un réseau numérique d’intervenants dans la réponse aux catastrophes. 

L’évènement de Dubaï, baptisé « Drones for Good », a réuni des centaines d’équipes de près de 60 pays différents avec pour mission de créer un drone à usage civil pour « améliorer la vie des populations ».

Outre les concepts commerciaux pour réguler les stationnements ou contrôler la circulation, un certain nombre de prototypes pouvaient être utilisés dans des opérations de sauvetage, de reforestation, de distribution de médicaments, de détection de mine antipersonnel et de cartographie rurale.

Le premier prix, d’un million de dollars, a été décerné à l’équipe suisse Flyability, pour son drone « Gimball », résistant aux collisions et pouvant entrer dans des bâtiments effondrés ou en feu et diffuser des images de l’intérieur. 

Contrairement aux drones classiques, qui sont fragiles et ont tendance à s’écraser, le Gimball est suspendu dans une structure protectrice qui lui permet de rebondir sur des surfaces dures et de rouler le long du sol ou des plafonds.

« Notre drone peut être envoyé n’importe où et peut être dirigé par des non-spécialistes, car il est facile à piloter », a dit à IRIN Adrien Briod, l’un des créateurs. « Il pourrait être utilisé dans de nombreuses situations, dans des bâtiments effondrés, dans une forêt, dans des missions de sauvetage.

« Pour l’instant, nous ciblons les inspections industrielles, mais le sauvetage est assurément une utilisation potentielle et je pense que ça va venir, mais seulement lorsque nous aurons perfectionné notre technologie, car quand des vies humaines sont en jeu, il faut être sûr que la technologie est fiable à cent pour cent. »

Travailler avec la population locale

Autre finaliste, l’équipe britannique BioCarbon Engineering a mis au point un drone pour faciliter la reforestation dans des régions difficiles d’accès en les cartographiant puis en larguant des pastilles de semences dans des zones ciblées. 

« Notre technologie est idéale pour une reforestation diversifiée dans une zone difficile d’accès, comme une parcelle au milieu d’une forêt, et elle pourrait s’appliquer à des terres contaminées sur lesquelles les humains ne peuvent pas se rendre », a expliqué Irina Fedorenko, membre de l’équipe experte en sylviculture.

« À l’avenir, nous aimerions assurément travailler avec des ONG et la population locale et promouvoir une sylviculture durable. Les populations qui participent à la reforestation pourraient même bénéficier de programmes de crédits d’émission de carbone. »



L’équipe gagnante du concours national – et d’un million de dirhams des Émirats arabes unis (272 000 dollars) – est un groupe d’étudiants de la New York University (NYU) d’Abu Dhabi. Son drone Wadi, qui pèse 2,2 kg, peut voler sur une distance allant jusqu’à 40 km sans recharge.

Il a été conçu pour aider les gardes forestiers dans la collecte de données de pièges photographiques. « Cette sorte de technologie pourrait très bien être adaptée à une situation de crise », a cependant assuré M. Meier. « Elle pourrait être très utile pour collecter des données et des images de zones sinistrées quand les réseaux de téléphonie mobile et de 4G ne sont plus opérationnels. »

« Un autre modèle très intéressant proposait de transporter des organes pour des greffes, a-t-il ajouté. Cela pourrait facilement être adapté au transport de poches de sang ou même de vaccins sans rupture de la chaîne du froid et ce serait idéal pour des endroits comme le Liberia, où même de courtes de distances peuvent parfois être impossibles à parcourir par voie terrestre en raison des fortes précipitations. »

Échange dans les deux sens

José Luis Angoso, directeur de l’innovation et des alliances de la société de technologie espagnole Indra, a dit à IRIN : « Je suis totalement convaincu que les drones peuvent avoir des applications humanitaires, le potentiel est énorme.

« Mais l’échange doit se faire dans les deux sens. Les humanitaires doivent faire part aux créateurs de drones de ceux qu’ils veulent et de ce dont ils ont besoin plutôt que de rejeter cette technologie parce qu’elle ne sert pas leurs objectifs. »

En août 2014, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a publié son premier document d’orientation sur les applications des drones dans l’humanitaire. En novembre, une réunion de stratégie a été organisée au secrétariat des Nations Unies à New York pour discuter de ce document et des utilisations potentielles des drones dans l’humanitaire.  

Les drones ont déjà été utilisés à des fins autres que militaires, notamment pour la modélisation tridimensionnelle de vallées fluviales à des fins d’analyse hydrologique et de protection contre les inondations en Haïti et pour la cartographie des zones sinistrées après le passage du typhon Haiyan aux Philippines.

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