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Solutions pour s’adapter au changement climatique dans les villes des pays du Sud

Children play outside their home Boa Vista informal settlement, Luanda, Angola, August 2007. In Luanda, home to some of the world's worst slums, nearly every neighborhood outside the city center is ringed by mountains of garbage, often soaked by rivulets Jaspreet Kindra/IRIN
Selon le nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les villes des pays en développement qui possèdent des services de santé, des logements et des systèmes d’évacuation des eaux qui sont de bonne qualité s’adapteront plus facilement au changement climatique.

Grand spécialiste des établissements humains, David Satterthwaite est l’un des deux principaux auteurs chargés de la coordination du chapitre urbain du rapport du GIEC. Il a déclaré à IRIN que le message du rapport destiné aux centres urbains des pays en développement était le suivant : un bon développement est le fondement d’une adaptation au changement climatique, aussi bien en termes d’infrastructures résistances (eau courante, canalisations et routes praticables en toutes saisons) que de logements de meilleure qualité… Si ces deux conditions sont réunies, cela contribue aussi au développement d’une assise institutionnelle et financière pour l’adaptation au changement climatique.

Les centres urbains des pays en développement sont souvent confrontés à un choix difficile : allouer des dépenses pour le développement ou pour l’adaptation au changement climatique. Pourtant, les auteurs du rapport affirment qu’il est possible d’atteindre un équilibre grâce à un axe politique clair, des professionnels qualifiés et motivés, une bonne connaissance du sujet, sans oublier des ressources financières.

Debra Roberts, responsable de la planification environnementale de la ville de Durban, en Afrique du Sud, est l’une des auteurs principaux du chapitre urbain du rapport du GIEC. Elle a écrit que de nombreuses villes des pays en développement réunissaient tous les ingrédients d’un cocktail explosif : une forte croissance démographique, un besoin de plus en plus urgent de s’adapter au changement climatique et un déficit de développement grandissant. Selon Mme Roberts, ces caractéristiques sont dues au manque de ressources humaines et financières, au niveau croissant d’informalité économique, à la mauvaise gouvernance, à la dégradation de l’environnement, à l’appauvrissement de la biodiversité, à la pauvreté et à l’accroissement des inégalités.

Un bon développement est le fondement d’une adaptation au changement climatique
Le rapport indique que, selon les prévisions des Nations Unies, près de la moitié de l’augmentation de la population mondiale se situera dans les centres urbains de pays actuellement à faible et à moyen revenu, d’ici 2050.

Des études des Nations Unies et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) montrent qu’une grande proportion de la population mondiale la plus touchée par les conditions météorologiques extrêmes se concentre dans les centres urbains. Selon le rapport, nombreux sont les centres urbains qui manquent à la fois d’un gouvernement local capable de réduire les risques de catastrophe, et d’infrastructures nécessaires à leur gestion.

M. Satterthwaite conseille aux planificateurs urbains de s’inspirer des expériences réussies dans de nombreuses villes pour évaluer des risques de catastrophes et investir dans des mesures pour les réduire. Il leur recommande de développer ces aspects tout en injectant quelques moyens supplémentaires pour prévoir des marges de sécurité dans les régions où les risques sont plus grands à cause du changement climatique.

Implanté au Royaume-Uni, l’Institut international de l’environnement et du développement (IIED - où M. Satterthwaite est agrégé supérieur de recherches) a conduit des études de cas sur trois villes confrontées à de gros problèmes de développement, mais qui s’efforcent de renforcer la résilience de leurs habitants confrontés aux phénomènes naturels extrêmes.

Rosario, en Argentine

Rosario est sans doute l’une des villes qui illustre le mieux la manière de renforcer la résilience de la population grâce à une aide au développement.

Les habitants étaient exposés à des inondations, liées aux fortes précipitations et aux crues des affluents du fleuve Parana. Un barrage a été construit pour réduire les inondations et les zones situées aux abords du fleuve sont transformées en espaces verts. Des canaux de drainage sont installés dans toutes les rues et le système d’intervention d’urgence a été amélioré.

Avec plus de 30 pour cent de sa population au chômage début 2000, il y avait de grands problèmes de santé et de logement à Rosario.

En 2001, la ville a lancé un programme de création d’emplois, de réglementation de la propriété foncière et d’amélioration des conditions de logement, de même que l’accès à l’eau, à l’électricité et au gaz, l’évacuation des grands dépotoirs sauvages et l’installation d’un éclairage public. En 2012, lorsque ce programme de 71 millions de dollars est arrivé à son terme, 98 pour cent des habitants ont déclaré (dans une évaluation réalisée en 2011) disposer de l’eau courante, des installations sanitaires et de l’électricité. En outre, 90 pour cent des familles ont déclaré que le risque d’inondation était limité.

Plus de 25 pour cent du budget de la ville est dévolu au secteur de la santé, à la prévention notamment, grâce à un réseau de centre de soins communautaires – accessible non seulement aux habitants, mais aussi aux migrants et aux étrangers.

Grâce à la décentralisation, la ville est divisée en plusieurs unités administratives, ce qui favorise la participation et l’implication communautaires.

« Chaque intervention est caractérisée par des règles claires et des devoirs pour toutes les parties concernées », a écrit Jorgelina Hardoy, chercheuse à l’IIED, en partenariat avec Regina Ruete, une chercheuse indépendante. Ainsi, chaque accord signé avec un propriétaire terrien privé ou un promoteur immobilier prévoit un terrain pour le développement d’un espace public ; pour la création de logements sociaux à l’initiative du gouvernement municipal.

Manizales, en Colombie

Construite sur les pentes abruptes d’une région de forêt tropicale humide, la ville de Manizales est exposée aux inondations, aux activités sismiques, mais également au conflit armé. La Colombie est le pays d’Amérique latine le plus exposé aux catastrophes naturelles. Le pays impose par décret une taxe municipale de 1,2 pour cent sur les propriétés urbaines et rurales qui doit être réinvestie dans la protection de l’environnement.

« La RRC [réduction des risques de catastrophes] est prise au sérieux [en Colombie] – les politiciens sont personnellement tenus par la loi de protéger leurs électeurs des catastrophes naturelles », ont écrit Mme Hardoy et Luz Stella Velásquez Barrero, une chercheuse à l’Institut d’études environnementales de Manizales.

Une loi de 2012 sur la gestion des risques de catastrophe exige l’intégration de la RRC dans l’aménagement du territoire et la planification environnementale, ainsi que la mise en oeuvre de mesures pour le logement, les infrastructures, le transport, les services publics, le secteur industriel, le secteur agricole, etc.

Manizales a une longueur d’avance sur d’autres centres urbains en ce qui concerne l’application de la loi, ont déclaré Mmes Hardoy et Barrero. La ville a relogé des habitants qui se trouvaient dans des zones à haut risque d’inondation et de glissement de terrain. De plus, elle a proposé aux propriétaires des habitations de souscrire un régime d’assurance collectif tout en subventionnant les groupes à faible revenu pour qu’ils puissent bénéficier de cette assurance.

Manizales offre également des avantages fiscaux aux propriétaires qui réduisent leur vulnérabilité aux risques. La réduction des risques est enseignée dans les écoles. En partenariat avec les universités locales, la ville a créé un indice de gestion des risques pour l’aider à évaluer ses performances.

Durban, en Afrique du Sud

Si Manizales a intégré la RRC et l’adaptation au changement climatique dans tous les secteurs, Durban – ville côtière de l’océan Indien qui a un besoin urgent de logements – a choisi une approche différente.

Bien que la ville de Durban ait mis à disposition 90 000 maisons au cours des dix dernières années, il manque encore plus de 400 000 unités de logement. « Cela pourrait prendre 28 ans pour résoudre le problème en l’état actuel des niveaux de financement/prestation de services », ont déclaré Mme Roberts et son homologue, Sean O’Donoghue, de la municipalité de Durban.

Beaucoup de gens vivent dans des bidonvilles exposés aux inondations. D’après les prévisions climatiques de Durban, il y a un risque d’augmentation – entre 30 pour cent et un doublement potentiel – de la variabilité des précipitations entre le milieu et la fin du siècle. « L’élévation du niveau des océans est déjà de 2,7 cm par décennie le long du littoral de la municipalité, et pourrait s’accélérer avec le temps », ont écrit Mme Roberts et M. O’Donoghue.

Il y a quelques années, la ville a commencé à expérimenter une approche intersectorielle pour que l’unité de gestion des catastrophes puisse travailler en collaboration avec tous les secteurs pour développer des systèmes d’alerte précoce, identifier les zones et communautés vulnérables, élaborer des stratégies pour réduire les risques et rendre les infrastructures résistantes au changement climatique. Il y a environ deux ans, la ville a réorienté ses efforts vers des secteurs spécifiques : « ceux qui cadraient avec les projets d’exploitation existants, les objectifs de développement et les financements et ressources disponibles », a déclaré Mme Roberts. La ville a choisi deux secteurs pilotes : l’eau et la santé.

Mme Roberts a déclaré qu’il y avait eu des progrès dans l’intervention du secteur de l’eau (la protection et la préservation des sources d’eau). La municipalité a établi un partenariat avec le secteur privé pour protéger une zone humide dans un parc industriel. De plus, elle a mis en place un partenariat régional avec les régions voisines pour recréer des zones humides le long du cours d’eau Umgeni afin d’empêcher les inondations. Le financement du projet provenait de l’étranger.

Des partenariats solides avec les établissements techniques et universitaires locaux sont essentiels pour enrichir les connaissances et la base de données sur les zones vulnérables, a-t-elle souligné. Durban a également été sélectionné pour son rôle précurseur par la Fondation Rockefeller dans le cadre du programme « 100 villes résilientes » ; une initiative de 100 millions pour encourager la résilience urbaine dans le monde entier.

Katharine Vincent, qui travaille également pour le GIEC, a déclaré que le cas de Durban était la preuve que les centres urbains n’ont pas besoin de choisir entre développement et adaptation.

« L’adaptation de Durban fondée sur les écosystèmes et les corridors verts... a, à ce jour, amélioré la préservation de l’environnement naturel, réhabilité des espaces verts au coeur de la ville, ouvert des perspectives touristiques et amélioré la qualité de l’air. Dans le même temps, cela a renforcé la résilience au changement climatique. Équiper les logements sociaux de chauffe-eau solaires à faible consommation d’énergie a amélioré la vie des habitants, sans l’augmentation habituelle des émissions de carbone. Donc, je ne pense pas que ce soit une question de choix entre l’un et l’autre… »

« Je pense que Durban est toujours considéré comme un exemple de bonne pratique à l’échelle mondiale, et de nombreuses villes de pays en développement s’en inspirent pour développer leurs propres approches. »

jk/cb-fc/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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