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Philippines : les catastrophes éclipsées par le typhon Haiyan

Tubigon, Bohol - A church worker tries to salvage artifacts from a historic church destroyed by the quake Jason Gutierrez/IRIN
A church worker tries to salvage artefacts from a church destroyed in the quake
À la suite du typhon Haiyan, le gouvernement philippin peine à répondre aux besoins des survivants dans d’autres régions de l’archipel doublement frappées par la catastrophe et le conflit.

Les Philippines ont enduré plusieurs catastrophes successives, à commencer par le siège de Zamboanga, sur l’île méridionale de Mindanao, par les rebelles du Front de libération nationale moro (MNLF, en anglais) en septembre 2013.

Alors que le pays était à peine remis de ces trois semaines d’affrontement, un séisme d’une magnitude de 7,2 a frappé l’île de Bohol, dans le centre des Philippines à quelque 360 kilomètres au nord, le 15 octobre.

Trouver un toit à Zamboanga

« L’hébergement reste notre plus grand problème », a dit Wouter De Cuyper, un officier de terrain du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) à Zamboanga, où plus de 63 000 personnes étaient toujours déplacées à la date du 14 janvier.

« Les personnes qui vivaient dans les zones les plus sévèrement touchées par le conflit et celles dont les maisons ont été brûlées lors des affrontements ne peuvent pas encore rentrer chez elles », a dit M. De Cuyper. On estime à 10 000 le nombre de maisons incendiées pendant le conflit.

Selon le Bureau d’information de la ville de Zamboanga, 834 familles ont été transférées dans des baraques-dortoirs construites par le gouvernement local et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), et il est prévu de relocaliser davantage de personnes de façon à décongestionner les centres d’évacuation.

« Les hébergements temporaires ont été conçus pour accueillir 1 000 familles. Nous prévoyons de lancer la construction d’un abri permanent sur place avant [le] premier trimestre de cette année [2014] », a écrit Maria Isabelle Climaco-Salazar, la maire de Zamboanga, à IRIN.

Mais même l’identification de sites appropriés – transitoires ou permanents – pour le transfert des personnes déplacées pose problème en raison de la politique nationale relative à l’établissement de communautés côtières. En effet, l’article 51 du Code de l’eau philippin interdit de construire à moins de trois mètres du littoral ou de la rive en zone urbaine. Cette interdiction est portée à 20 m en zone agricole, et 40 m en zone forestière.

« Nous devons tenir compte du fait que de nombreuses PDIP [personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays] habitaient autrefois des maisons sur pilotis dans des communautés côtières », a écrit Mme Climaco-Salazar. « Nous estimons que sous 12 mois, les PDIP devraient avoir réintégré leur foyer d’origine, ou avoir été relocalisées non loin de leur ancien lieu d’habitation. »

D’après la feuille de route pour le relèvement et la réhabilitation de Zamboanga (Z3R), l’aide au logement et la mise en place d’infrastructures devraient nécessiter quelque 80 millions de dollars.

Le 25 janvier, le gouvernement et la principale entité musulmane du pays, le Front islamique de libération moro (MILF, en anglais), ont annoncé s’être rapprochés d’un accord de paix définitif qui mettrait fin à plusieurs décennies d’insurrection dans le sud. Il est prévu que cet accord, qui aboutirait à la création d’une région musulmane autonome jouissant de pouvoirs locaux, soit signé dans les mois à venir.

Séisme à Bohol

L’hébergement et la relocalisation sont également les principales difficultés auxquelles est confrontée l’île de Bohol, au centre des Philippines, où le séisme du mois d’octobre a tué plus de 200 personnes, déplacé 300 000 autres et détruit plus de 76 000 maisons.

Un rapport du 10 janvier 2014 a révélé que près de 600 familles étaient toujours hébergées dans des centres d’évacuation, et que bien plus encore vivaient dans des tentes à proximité des ruines de leur maison, ou étaient hébergées par des membres de leur famille élargie.

D’après le plan d’action du gouvernement national pour le séisme de Bohol, 46,8 millions de dollars seront nécessaires d’ici avril 2014 pour répondre aux besoins des quelque 300 000 personnes affectées par la catastrophe. Seules les familles dont le revenu mensuel total est inférieur à 227 dollars peuvent prétendre à une aide. Le gouvernement national a alloué 20,7 millions de dollars à l’aide au logement des survivants du séisme.

Jusqu’à présent, le ministère de la Protection sociale et du Développement (DSWD, en anglais) a alloué une aide au logement d’urgence de 227 dollars aux familles dont la maison a été partiellement endommagée, et une aide « de base » de 1 590 dollars à celles dont les maisons ont été entièrement détruites afin qu’elles puissent commencer à reconstruire un hébergement plus durable. Pour toucher ces aides, les familles doivent gagner moins de 227 dollars par mois.

Alors que les familles les plus démunies venaient tout juste d’être identifiées, une nouvelle catastrophe a interrompu les secours d’urgence. « Le DSWD a lancé l’évaluation initiale des maisons partiellement ou entièrement détruites aussitôt après le tremblement de terre. Cependant, lorsque [le typhon Haiyan, connu localement sous le nom de] Yolanda a frappé [ailleurs dans le centre des Philippines], le personnel du DSWD a dû être réaffecté dans les zones concernées », a dit Liza Quirog, la responsable de l’organe de coordination inter-agences du gouvernement pour les efforts de secours à Bohol.

« Nous finalisons la liste des bénéficiaires aujourd’hui [27 janvier] de façon à respecter l’échéance pour le versement des fonds du DSWD prévu cette semaine », a dit Mme Quirog.

Glissements de terrain et dolines

« Nous avons également des difficultés à trouver des sites d’installation appropriés, car certaines zones ont été déclarées propices aux glissements de terrain [sur] les cartes identifiant les risques géologiques », a signalé Loisella Lucino, la directrice provinciale de Bohol.

Les cartes, préparées par le Bureau des mines et des géosciences du ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles (MGB-DENR, en anglais), classent les zones selon leur prédisposition (faible, modérée ou élevée) aux inondations, crues subites et glissements de terrain. Six zones ont été déclarées inhabitables car elles étaient propices aux glissements de terrain ou présentaient des dolines, a précisé Mme Quirog.

Malgré ces difficultés, le porte-parole du Bureau de protection civile du gouvernement, le commandant Reynaldo Balido, a assuré à IRIN que les besoins des survivants seraient satisfaits. « Nous n’oublierons pas les crises de Zamboanga et de Bohol », a-t-il dit. « Des budgets ont été alloués pour le relèvement de ces deux régions, et des membres du personnel d’agences gouvernementales ont été affectés à la supervision des efforts ».

as/pt/he – xq/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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