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Idris Gilbert « Ma passion, c’est l’enseignement mais pour gagner un peu d’argent, je dois cultiver

Alors que les taux d’alphabétisation et d’inscription scolaire y sont parmi les plus bas du monde, les affrontements incessants entre les groupes rebelles locaux augmentent encore la pression sur le système éducatif déjà très fragile de la République centrafricaine (RCA).

Des années de déplacement ont provoqué l’effondrement de la participation scolaire. Les établissements détruits ou pillés sont encore en cours de reconstruction et il est extrêmement difficile de recruter des professeurs dans les zones touchées par les violences dans le nord. Ce sont donc les organisations humanitaires qui se démènent pour fournir un minimum d’éducation.

Comme pour beaucoup d’autres, la vie d’Idris Gilbert et sa capacité de travailler ont été perturbées par l’instabilité politique et la violence.

Avec une formation d’instituteur, M. Gilbert a été nommé au début des années 1980 agent de l’éducation par le maire de N’délé de la préfecture de Bamingui-Bangoran, au nord-est de la RCA.

A partir de 2000, il a travaillé à Bangbah, un village à 60 kilomètres de N'dele, sur l’axe Miamani-Golongosso, qui est passé ultérieurement sous le contrôle du groupe rebelle, la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP).

Formée en décembre 2008 comme groupe fractionnaire de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), la CPJP n’a pas encore signé l’Accord de paix global (CPA) avec le gouvernement ni pris part au programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) entrepris par les autres factions.

« A la fin de 2008, des rebelles de la CPJP sont venus me trouver au milieu de la nuit me disant de quitter le village, parce qu’ils avaient appris que j’avais informé le maire de Djamassinda de l’imminence d’une attaque dans un village voisin.

Jusqu’alors, la CPJP m’avait respecté à cause du travail que je fais. Mais quand ils ont découvert que j’étais la source des informations, ils m’ont mis sur leur liste noire.

Désormais, ma vie était en danger mais heureusement les gens du village avait pu s’enfuir avant l’arrivée des rebelles.

J’ai décidé de rester malgré tout au village. J’essayais de maintenir la régularité des cours avec les enfants à l’école, mais la situation était si fragile que beaucoup de gens étaient partis. Bon nombre d’entre eux ne sont jamais revenus.

La CPJP venait me voir régulièrement pour s’assurer que je ne collaborerais plus avec le gouvernement. Mais en septembre 2010, ma vie s’est trouvée à nouveau en danger. »

Suite à un conflit entre les groupes armés la CPJP et l’UFDR, la famille de M. Gilbert a été menacée par les deux factions, en raison de l’appartenance ethnique de sa femme.

« Ma femme est une Gula, le groupe ethnique qui soutient principalement l’UFDR, et nous vivions dans un village contrôlé par la CPJP. La CPJP ne voulait pas de Gula dans sa zone d’influence et de son côté, l’UFDR ne voulait pas que nous vivions dans une ville aux mains de la CPJP.

Cette fois, j’ai senti que je n’avais pas le choix. Je ne pouvais pas prendre le risque qu’il arrive quelque chose à ma famille. J’ai quitté le village et je suis venu m’installer à N’délé.

Depuis mon départ, je ne suis plus sous contrat avec le gouvernement. Toutefois, j’ai décidé de continuer à enseigner en zone rurale, même si je ne suis pas payé pour le faire. Ma passion, c’est l’enseignement, mais aujourd’hui pour gagner un peu d’argent, je dois cultiver la terre chez les autres. »

cp/mw-og/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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