Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), la moitié des 3 410 bureaux de vote sont installés dans des écoles ; 668 écoles supplémentaires sont utilisées comme bureaux de vote en comparaison avec l’élection présidentielle d’août 2009. De plus, 173 centres de santé et 171 madrasas (écoles religieuses) devraient être utilisés comme bureaux de vote.
« Le fait que les forces de sécurité afghanes et internationales assurent la protection des bureaux de vote et le fait que le processus politique actuel donne lieu à de fortes contestations [expliquent] que les bureaux de vote présentent un risque élevé d’attaque pendant le déroulement du processus », selon une récente déclaration de l’association Agency Coordinating Body for Afghan Relief Development (ACBAR).
Lors des élections de 2009, 249 incidents de sécurité ont été signalés dans des écoles au mois d’août, contre 48 au mois de juillet et 38 au mois de septembre, selon un rapport de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). Le nombre d’attaques contre des centres de santé a quasiment doublé.
« Il y a encore un certain nombre de centres de santé sur la liste des bureaux de vote potentiels et nous nous inquiétons tous du fait que, non seulement le secteur de la santé est mis en péril, mais aussi que les populations n’auront pas accès aux soins de santé pendant un certain temps », a dit à IRIN Mark Bowen, un coordonnateur humanitaire. « C’est l’une des questions pratiques que nous devons résoudre ».
Le mois dernier, les talibans ont publié une déclaration appelant les Afghans à éviter les bureaux électoraux, les isoloirs, les manifestations et les rassemblements. « L’Émirat islamique ne permettra jamais à l’ennemi de réaliser ses objectifs par le biais de ce simulacre théâtral », a indiqué la déclaration.
Kaboul a subi quatre attaques majeures cette semaine. Les Nations Unies ont enregistré plus de 4 600 incidents de sécurité à travers le pays au cours des trois mois précédents le début de la campagne électorale en février. Cela veut dire que la violence a augmenté de 24 pour cent par rapport à la même période en 2013.
Un père vivant à Kaboul a dit à IRIN que l’utilisation de centres de santé comme bureaux de vote l’inquiétait, car les soins aux patients seront perturbés, et si des personnes ont besoin de consulter un médecin, elles risquent de mettre leur vie en danger.
« J’ai surtout peur que ma mère ou ma sœur ne puissent pas recevoir de soins si elles sont malades ce jour-là ; en revanche, les écoles seront fermées, donc s’il y a une attaque, les enfants et les enseignants ne seront pas là ».
Si les écoles sont souvent utilisées comme bureaux de vote dans d’autres pays, en Afghanistan, cette pratique a souvent un impact important sur l’accès des enfants à une éducation de base et constitue un risque en matière de sécurité.
Inquiétudes concernant la neutralité
Conformément au droit international humanitaire (DIH), les parties à un conflit doivent faire la distinction entre civils et combattants, les biens de caractère civil étant protégés à moins qu’ils ne soient employés à des fins militaires. Les infrastructures de santé sont protégées par le DIH et le fait de lancer des attaques délibérées contre ces infrastructures constitue un crime de guerre.
« Pour nous, la neutralité, en particulier celles de nos cliniques de santé, est mise en danger lorsque des activités politiques sont organisées dans ces infrastructures de santé », a dit à IRIN Benoit De Gryse, responsable des programmes de Médecins Sans Frontière (MSF) en Afghanistan.
« Dans tous nos programmes, nous sommes très attachés au principe de ne pas accepter d’armes ou de présence militaire ou policière dans les hôpitaux. L’idée d’établir des hôpitaux dans un espace neutre, extérieur au conflit, est la condition préalable à l’intervention. Installer des bureaux de vote à l’intérieur des infrastructures de santé, des cliniques ou des hôpitaux constitue un manquement à l’impartialité dans un environnement conflictuel comme celui de l’Afghanistan ».
Mais il ne s’agit pas d’un problème unique, selon M. De Gryse, qui dit qu’il s’agit d’une lutte permanente pour les travailleurs de santé.
« Ce sont les élections, alors davantage de personnes s’expriment – mais en réalité, c’est une lutte permanente. Cela ne pose pas seulement problème le 5 avril, mais aussi le 10 avril … Les patients ont des besoins de soins de santé et ils doivent pouvoir avoir accès en tout temps aux hôpitaux. Ils ne devraient pas être arrêtés et interrogés aux postes de contrôle quand ils sont blessés et qu’ils nécessitent une attention médicale immédiate. C’est le bon moment pour aborder cette question, car on ne devrait pas seulement en parler pendant les élections ».
Les attaques contre les établissements et les personnels de santé ont augmenté en 2013, selon le rapport 2013 Protection des civils dans les conflits armés de la MANUA. La plupart des incidents correspondaient à des menaces, des actes d’intimidation et de harcèlement suivis de l’enlèvement et de l’assassinat ciblé de travailleurs de santé.
Soixante-deux incidents liés au conflit ont également été rapportés dans le secteur de l’éducation en 2013, y compris des menaces, des actes d’intimidation et de harcèlement contre des étudiants et des enseignants. Le rapport met en lumière la question de l’occupation des écoles et l’impact des opérations militaires menées à proximité des établissements scolaires sur le taux d’assiduité.
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