Parmi ces phénomènes de moins grande ampleur figure le cyclone qui a touché la région du Puntland en Somalie ce week-end, faisant au moins 140 morts et décimant près de 100 000 têtes de bétail. Devant une telle situation, il est très difficile de savoir si les bailleurs de fonds vont se mobiliser, ce qui entraîne une volonté limitée des organisations à se livrer à des évaluations qui risqueraient de susciter des attentes irréalistes.
Le Bangladesh, qui compte parmi les pays au monde les plus exposés aux catastrophes naturelles, n’a pas officiellement déclaré d’état d’urgence depuis près de 10 ans. Pourtant, le pays a connu de graves phénomènes météorologiques, comme les inondations de la zone humide (Haor) au mois d’août 2010 qui ont contraint 10 millions de personnes à se déplacer d’après les estimations des ONG (organisations non gouvernementales).
« Il y a moins d’argent qui circule à cause de la crise financière mondiale », a déclaré Benedicte Giaever, directrice du département de l’aide d’urgence au Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) chargé de l’organisation du séminaire sur la réduction des risques de catastrophes à la Cité humanitaire internationale de Dubaï. « Les Philippines et Haïti vont recevoir de l’argent, mais les crises moins importantes qui ne font pas la une de CNN ou des journaux ne seront plus financées désormais — il s’agit là de millions de vies que nous devons sauver. »
Un bilan qui s’alourdit
Selon les estimations des Nations Unies et de la Banque mondiale, près de 3,3 millions de personnes ont perdu la vie à cause de risques naturels entre 1970 et 2010, soit près de 82 500 par an.
Lorsqu’un gouvernement décide de ne pas déclarer un état d’urgence humanitaire, ces catastrophes naturelles sont souvent qualifiées de « petites catastrophes », d’« événements de moindre envergure » ou de « phénomènes météorologiques violents ».
« Nous n’avons pas l’intention de minimiser l’importance des grandes catastrophes, mais ces phénomènes de moindre envergure se produisent plusieurs fois par an, et bien qu’ils ne fassent pas toujours de nombreuses victimes, ils ont un véritable effet et entraînent de graves répercussions sur les moyens de subsistance », a dit Sandie Walton-Ellery, coordinatrice de l’évaluation pour l’ACAPS (Assessment Capacities Project) au Bangladesh.
La grande majorité des personnes touchées par des catastrophes naturelles de moindre envergure vivent déjà en dessous du seuil de pauvreté. De tels phénomènes peuvent avoir des conséquences à long terme, notamment sur la santé et l’éducation.
Un manque de visibilité
Selon les analystes, bon nombre de ces événements n’apparaissent pas dans les bases de données de suivi mondiales et, sans preuve concrète, les donateurs sont moins disposés à intervenir.
Puisque ces catastrophes sont rarement considérées comme étant « mondiales », voire « nationales », les mécanismes humanitaires proposant une aide d’urgence ne sont généralement pas enclenchés. Les organismes des Nations Unies et les ONG dans le pays concentrent souvent leurs efforts sur les mesures de développement à long terme, en aidant notamment les populations à s’adapter au changement climatique, plutôt que sur les interventions à court terme.
« Sans doute pouvons-nous améliorer notre capacité d’intervention dans la programmation du développement », a déclaré Mme Walton-Ellery, qui contribue à des évaluations de développement axées sur les moyens de subsistance plutôt que sur le nombre de victimes. Cela pourrait permettre de ne pas susciter de trop grandes attentes concernant l’aide humanitaire appropriée.
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