« J’ai survécu à un cyclone. J’ai vu les ravages qu’il a faits », a déclaré à IRIN un laboureur de 35 ans, l’oreille collée à son transistor devant chez lui, à Mohadapur, une communauté de fermiers et de travailleurs journaliers au nord de la ville portuaire de Chittagong.
Le 30 avril 1991, le cyclone Marian a fait plus de 100 000 morts sur la côte sud-est du Bangladesh.
« Nous devons être préparés », a expliqué ce père de deux enfants qui écoute Radio Sari Giri, l’une des 16 stations de radio communautaire récemment créées au Bangladesh, qui émet en bengali, le dialecte local.
Plus du tiers de la population du pays (près de 50 millions de personnes) habite les régions côtières. Beaucoup vivent dans des zones rurales où la radio est le principal service d’information.
« Émettre dans le dialecte local est particulièrement efficace », a affirmé Bazlur Rahman, le président du Réseau des ONG chargées de radio et de communication (Bangladesh NGOs Network for Radio and Communication - BNNRC) qui comprend 150 ONG bangladaises, évoquant un énorme potentiel de diffusion.
« Cela nous permet d’atteindre les communautés en donnant des informations en temps et en heure, là où elles sont le plus utiles », a déclaré Mohammad Abdul Wazed, le secrétaire adjoint au ministère de la Gestion des catastrophes naturelles du Bangladesh.
Après des années d’efforts communautaires, Dhaka a adopté sa première politique en matière de radio communautaire en 2008, politique qui élargit le spectre de fréquences radio pour que de nouveaux intervenants viennent s’ajouter aux 18 stations de radio commerciales nationales déjà existantes. La radio communautaire répond mieux aux intérêts locaux et sa programmation cible les besoins locaux des auditeurs.
Cette politique a été suivie d’une stratégie nationale de radio communautaire en 2011 avec une promesse de participation financière prochaine du gouvernement – un point qui ne s’est pas encore concrétisé.
L’espoir grandit
Le gouvernement a accordé des licences pour émettre à 16 stations communautaires, notamment à huit stations présentes dans les régions côtières propices aux cyclones (Khulna, Satkhina, Cox’s Bazar, Chittagong, Bhola, Hatiya et deux à Barguna), et le BNNRC souhaite la création de 60 stations de radio communautaire d’ici la fin de l’année 2013, puis de 400 stations sur tout le territoire national d’ici 2021.
Bien qu’elle soit encore récente, la radio communautaire (qui émet sur la bande FM dans plusieurs dialectes) offre plus de 120 heures de programmation par jour, notamment des prévisions météorologiques, des informations et des débats.
Les programmes de radio communautaires couvrent habituellement les problèmes liés à l’environnement et au changement climatique, mais proposent également des conseils pratiques à l’approche d’un cyclone, a-t-il expliqué.
De nombreux auditeurs participent aux émissions en envoyant des messages par SMS ou en téléphonant ; certaines stations radio affirment recevoir en moyenne 500 SMS par jour.
Selon le BNNRC, environ 50 pour cent des auditeurs au Bangladesh écoutent la radio sur leur téléphone portable.
« Aujourd’hui, la plupart des gens au Bangladesh possèdent un téléphone portable et s’en servent pour écouter la radio », a déclaré M. Shamim de la Radio Sagor Giri.
Les défis futurs
Cependant, le financement de la radio communautaire reste un problème.
La majorité des stations sont financées par des ONG locales ; un plus petit nombre est financé par les partenaires pour le développement et le gouvernement. Sur les 536 jeunes gens qui travaillent dans des stations de radio communautaire, la plupart sont bénévoles.
Presque toutes les stations ont besoin d’un meilleur équipement, notamment des ordinateurs et des enregistreurs vocaux, ainsi qu’une formation professionnelle.
Et comme les coupures d’électricité sont fréquentes au Bangladesh, les émissions sont parfois interrompues pendant de longues durées, car le coût du carburant pour faire fonctionner un groupe électrogène est souvent prohibitif.
« C’est un coût énorme et certaines stations de radio communautaire ne possèdent même pas de groupe électrogène », a déclaré M. Rahman du BNNRC. « C’est pour cela [l’équipement et la formation professionnelle] que l’aide internationale serait la bienvenue ».
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