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Soutenir la lutte contre la traite des personnes

A sex worker in Kenya. For generic use, PlusNews Siegfried Modola/IRIN
A sex worker on the streets of Nairobi, Kenya
L’Ouganda a mis en place un groupe de travail sur la traite des personnes en avril, mais l’exécution du plan d’action national visant à la combattre – à l’origine prévue en juin – pourrait accuser un retard de plusieurs mois alors que les responsables font le point sur les efforts dispersés d’application de la loi actuellement existante.

Le ministre d’État pour l’Intérieur James Baba, qui a établi le groupe de travail, a insisté sur l’importance d’une meilleure coordination.

« Les trafiquants ont souvent profité de la dispersion des interventions et du manque de coordination de la réponse, et ils ont exploité la vulnérabilité des personnes que nous essayons de protéger », a-t-il dit lors de l’allocution relative à la création du groupe de travail.

L’évaluation réalisée par le gouvernement a montré que tous les acteurs concernés par cette question – d’Interpol aux services d’immigration – manquent de personnel et de fonds, et mettent en place des interventions ad hoc sans véritable coordination, cette dernière tâche étant dévolue au groupe de travail.

Le bureau chargé de la lutte contre la traite des personnes (Trafficking in Persons, TIP), actuellement installé dans le bureau de l’immigration, ne dispose que de quatre collaborateurs et n’a pas encore établi de budget.

Un rapport rédigé par le consul honoraire de l’Ouganda à Kuala Lumpur en février a indiqué que plus de 600 Ougandaises étaient exploitées par l’industrie du sexe en Malaisie. Le ministère ougandais de l’Intérieur a commencé à mettre en application les dispositions de la loi de 2009 sur la traite des personnes.

Entretemps, Umar Mutuya, commandant adjoint de l’Unité des enquêtes spéciales (Special Investigation Unit, SIU) et responsable du service TIP, a indiqué que ses collaborateurs étaient pour l’instant dans l’incapacité de lutter contre les trafiquants. « Le problème est généralisé » a-t-il dit. « Si personne ne se plaint, nous n’intervenons pas, car nous sommes déjà débordés ».

Selon le département d’État américain, qui publie chaque année un rapport sur la traite des personnes, l’Ouganda occupe toujours le milieu du classement.

Les critiques du rapport américain

Le rapport a établi que le manque de poursuites judiciaires constituait un obstacle important au progrès en Ouganda. Bien que les responsables aient identifié cinq cas de traite des personnes l’année dernière et engagé des procédures dans trois cas, ils n’ont pas encore prononcé de condamnations au titre de la loi sur la traite des personnes.

À la mi-juin, la police a indiqué qu’un trafiquant de personnes présumé avait été relâché par le magistrat d’un tribunal de Kampala contre le versement d’une caution de 600 000 shillings ougandais (environ 240 dollars) et ce, bien que l’enquête ait montré qu’il avait exploité plus de 50 personnes par le biais d’une société écran qui était également une agence de recrutement illégale.

« Certains tribunaux ne nous donnent pas suffisamment de temps », a dit M. Mutuya. « Nous savons qu’il est impliqué – certaines de ses victimes commencent à parler ».

Le rapport américain a également souligné que l’External Employment Unit (EEU) – l’unité du ministère du Travail responsable des 22 agences de recrutement du pays et qui n’emploie qu’une personne – ne disposait pas des fonds et du personnel nécessaires pour contrôler leurs activités correctement.

Suite à des accusations portées par des femmes victimes d’esclavage domestique en Irak, où elles avaient été placées par des agences de recrutement ougandaises, l’EEU a mis en application une politique interdisant le placement de travailleurs Ougandais à l’étranger pour y occuper des emplois domestiques. L’EEU s’est rendue en Irak en 2010 afin d’enquêter sur les accusations d’esclavage, mais elle reconnait qu’elle n’a pas pu se faire une image complète de la situation.

Le rapport TIP publié l’année dernière par le département d’État américain a indiqué que des Ougandais avaient été victimes de la traite des personnes au Royaume-Uni, au Danemark, en Irak, au Soudan du Sud, au Kenya, en Chine, en Thaïlande et en Malaisie. De plus, Interpol a indiqué que des Ougandaises avaient été victimes de la traite des personnes en Inde, en Égypte, en Afghanistan, en Indonésie et aux Émirats arabes unis.

Actions

Selon le groupe de travail, plusieurs actions sont mises en œuvre. Depuis la création du groupe, plus de 50 victimes ont été rapatriées ou ont pu échapper à la traite, selon Eunice Kisembo, la présidente du groupe de travail, qui supervise les ministres impliqués.

Sous leur autorité, a-t-elle dit, la SIU a enregistré l’arrivée de trois collaborateurs supplémentaires chargés de la gestion des plaintes. La police a fait des progrès dans la tenue de ses dossiers et la sécurité aéroportuaire a été renforcée. Selon Mme Kisembo, huit femmes ont pu échapper au piège de la traite des personnes en Égypte grâce à la vigilance des autorités frontalières.

Un comité parlementaire qui s’est rendu en Malaisie en mars a récemment rendu un rapport évoquant le cas de 13 Ougandaises incarcérées dans des prisons malaisiennes. Les députés ont réclamé l’élaboration d’une campagne visant à sensibiliser la population aux dangers de la traite des personnes.

« Tant qu’il n’y aura pas de prise de conscience de la part de la population, la traite des personnes perdurera », a dit Dorah Mafabi, responsable pour l’Ouganda du programme mis en œuvre par l’American Bar Association's Rule of Law Initiative, qui coordonne le travail des partenaires de la société civile concernés par cette question.

Elle a appelé le gouvernement à financer une campagne inspirée des campagnes de sensibilisation sur le VIH/SIDA des années 1990.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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