« Il est nécessaire d’intensifier les actions. À ce jour, le gouvernement n’a pas pris les mesures appropriées, » a dit à IRIN Khairul Islam, représentant pays de l’organisation non gouvernementale (ONG) WaterAid au Bangladesh.
La population officielle de Dacca s’établit à 12,8 millions d’habitants, mais selon des estimations non officielles, la ville compterait près de 15 millions d’habitants, dont quelque 3,4 millions vivent dans des bidonvilles. Chaque année, 300 000 à 400 000 personnes s’installent dans la capitale, qui a vu sa population quadrupler au cours de ces 25 dernières années. Selon la Banque mondiale , la mégalopole affiche le taux d’accroissement démographique le plus élevé au monde.
À Dacca, le problème de l’eau résulte principalement d’une dépendance excessive à l’égard des eaux souterraines ; selon les hydrologues, la ville doit favoriser l’utilisation des eaux de surface, comme les étangs, les rivières et les canaux. La Banque mondiale note que la plus grande partie de l’eau fournie par Dhaka-WASA (DWASA) est prélevée dans des aquifères surexploités.
Suite à des pannes de courant et à la baisse du niveau de la nappe phréatique au cours de la saison sèche annuelle (de mars à mai), DWASA est dans l’incapacité d’extraire suffisamment d’eau pour répondre à la demande. Au début du mois d’avril, la pénurie a été si grave dans certaines parties de la ville que nombre d’habitants ont été privés d’eau pendant plusieurs jours ; les résidents d’autres quartiers se sont plaints que l’eau n’était pas potable. De nombreux habitants de la ville ont manifesté.
Actuellement, quelque 700 personnes souffrant de diarrhées sont soignées chaque jour contre 250 à 300 en moyenne en temps normal, a indiqué le Centre international de recherche sur les maladies diarrhéiques (ICDDR) du Bangladesh, le 23 avril.
Feroze Ahmed, ancien enseignant à la Bangladesh University of Engineering and Technology (BUET) et hydrologue, convient que les problèmes d’eau que connaît la ville chaque année résultent en grande partie de la dépendance excessive à l’égard des eaux souterraines. « Les initiatives qui visent à limiter la dépendance et à [favoriser] l’utilisation des eaux de surface auraient dû être mises œuvre bien plus tôt », a-t-il dit.
Photo: Mushfique Wadud/IRIN |
Les habitants font de leur mieux pour faire face à cette situation |
« Ce n’est pas un problème majeur. Dans une mégalopole au développement anarchique, comme Dacca, si quatre ou cinq pour cent de la population a du mal à obtenir de l’eau, la situation est considérée comme normale », a dit M. Khan. De plus, un plan à long terme a été mis en place afin de réduire la dépendance de la ville à l’égard des eaux souterraines, mais cela prendra du temps, » a-t-il noté.
« WASA est en train d’accroître la production alors qu’on est en situation de crise », a dit Mujibur Rahman, hydrologue et enseignant à l’université BUET, ajoutant que la stratégie gouvernementale visant à accroître la production en fonction de l’augmentation de la demande ne fonctionnera pas.
Les précipitations de la mi-avril ont amélioré la situation, mais le problème risque de persister. « La source d’eau n’est pas correctement gérée, donc la ville risque d’être confrontée à de graves pénuries d’eau à l’avenir », a prévenu M. Rahman, citant la forte dépendance à l’égard des centaines de puits tubulaires de la ville qui doivent permettre d’extraire davantage d’eau.
Pour construire un puits tubulaire, une canalisation de 10 à 20 cm de diamètre en général est creusée dans le sol jusqu’à la nappe phréatique. Une crépine placée à la base permet d’arrêter les corps étrangers à l’ouverture du tuyau d’aspiration de la pompe, qui permet de faire remonter l’eau à la surface, dans un petit réservoir ou barrage. La profondeur du puits tubulaire dépend de la profondeur de la nappe phréatique.
WASA fait fonctionner 600 puits tubulaires profonds dans la ville pour extraire de l’eau ; Dacca compte également 2 000 puits tubulaires privés. Environ 87 pour cent des habitants de Dacca utilisent de l’eau souterraine fournie principalement par des puits tubulaires profonds, tandis que le reste de la population utilise de l’eau de surface traitée.
Comme chaque année à cette époque, la crise de l’eau revient à Dacca et déclenche des manifestations. En 2010, l’armée a dû protéger les pompes à eau dans certaines zones.
Des groupes de défense des droits civils et de l’environnement, comme le Citizens Rights Movement, le Green Club of Bangladesh et le Council for Implementation of Environment-Friendly and Liveable Dhaka, ont demandé la démission du directeur de WASA.
Le rapport 2012 d'ONU-Eau, « Analyse et évaluation mondiale sur l'assainissement et l'eau potable » (GLAAS), publié en avril, note que 70 pour cent des pays ont pris du retard dans la réalisation des objectifs en matière d’alimentation en eau potable.
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