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Les travailleurs humanitaires accueillent avec réserve la mission d’évaluation

The city of Homs in Syria has been extensively damaged by government shelling of “terrorists” (March 2012) Jutta Hinkannen/OCHA
L’évaluation humanitaire organisée par le gouvernement syrien dans les zones de conflit a débuté le 18 mars par une visite de la ville agitée de Homs, lourdement endommagée après un mois de pilonnage.

Le personnel technique de plusieurs agences des Nations Unies, et notamment du Programme alimentaire mondial (PAM), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) se sont associés à la mission, qui doit se rendre dans les gouvernorats de Homs, de Hama, de Tartous, de Lattaquié, d’Alep, de Deir-ez-Zor, de Deraa et dans les faubourgs ruraux de Damas.

Le gouvernement n’a pas spécifié quelles villes feraient l’objet d’une visite dans ces gouvernorats ; il n’y a donc aucune garantie que les travailleurs humanitaires puissent accéder aux zones les plus touchées.

« Ça ne répond évidemment pas à l’appel en faveur d’un accès humanitaire sans entrave. Ça ne correspond pas à ce que nous avons demandé », a dit Amanda Pitt, porte-parole du Bureau des Nations Unies pour les affaires humanitaires (OCHA). « Nous aurons toutefois l’opportunité de collecter des informations, d’évaluer la situation dans ces zones et d’identifier les besoins ».

Cette mission pourrait également leur permettre d’accéder aux zones dans lesquelles même le Croissant-Rouge arabe syrien (CRAS) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) – les deux organisations d’aide humanitaire qui bénéficient du meilleur accès à la Syrie – n’ont pu se rendre.

Les travailleurs humanitaires espèrent malgré tout, avec l’aide du CRAS ou des chefs religieux locaux, pouvoir pénétrer dans les zones contrôlées par l’opposition et auxquelles le gouvernement n’a pas accès. Ils espèrent également mobiliser une réponse immédiate s’ils identifient des besoins urgents. Les travailleurs humanitaires des Nations Unies et de l’OCI tireront leurs propres conclusions et feront leurs analyses après les visites.

« C’est avec bonne volonté que nous participons, car nous n’avions pas véritablement le choix », a indiqué un travailleur humanitaire.

Tous espèrent que cette évaluation préliminaire préparera le terrain pour d’autres missions techniques portant sur des questions plus spécifiques, et notamment sur l’eau et l’assainissement, ou sur des groupes de populations vulnérables, comme les agriculteurs touchés par la sécheresse.

Le gouvernement « commence à agir » en accordant des visas à des spécialistes qui pourront entrer dans le pays pour soutenir les équipes humanitaires présentes sur le terrain, a dit Mme Pitt.

Le refus du gouvernement d’accorder un accès humanitaire sans entrave a placé les Nations Unies dans une position difficile. Si l’organisation est soumise à d’intenses pressions pour fournir de l’aide à un nombre croissant de personnes affectées par une crise qui ne fait que s’aggraver, elle ne peut malgré tout s’affranchir des contraintes du droit international et intervenir sans l’autorisation du gouvernement.

Valerie Amos, coordinatrice des secours d’urgence pour les Nations Unies, a séjourné dans la capitale, Damas, du 7 au 9 mars. Elle a fait pression sur les hauts responsables gouvernementaux afin qu’ils autorisent les travailleurs humanitaires à se déplacer « où ils veulent et quand ils veulent pour fournir de l’aide humanitaire », a dit Mme Pitt à IRIN depuis New York.

UN Emergency Relief Coordinator Valerie Amos visits Homs and other parts of Syria hit by violence (March 2012)
Photo: Jutta Hinkannen/OCHA
La coordinatrice des secours d’urgence des Nations Unies visite Homs et d’autres zones touchées par les conflits (mars 2012)
À la suite de la visite de Mme Amos, le gouvernement syrien a répondu qu’il avait besoin de « plus de temps » pour évaluer ses propositions, a dit Mme Pitt.

Il a ensuite proposé de conduire une évaluation – un geste qui ne correspond pas à ce que les travailleurs humanitaires ont demandé.

Le président du CICR Jakob Kellenberger a indiqué le 18 mars que les populations des zones affectées par les affrontements souffraient depuis plusieurs mois et que la situation humanitaire risquait encore de se détériorer.

Le gouvernement a violemment réprimé les manifestations antigouvernementales qui ont commencé il y a plus d’un an. Depuis, l’opposition s’est armée, plaçant le pays au bord de la guerre civile, et plus de 7 500 personnes – des civils, pour la plupart – ont trouvé la mort, selon le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

M. Kellenberger a de nouveau appelé à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu quotidien pour permettre aux travailleurs humanitaires d’évacuer les blessés et de distribuer des produits d’urgence. Le Secrétaire général de l’OCI Ekmeleddin Ihsanoglu a lancé un appel similaire le 16 mars. « Nous ne pouvons pas atteindre les hôpitaux, les personnes déplacées et les personnes dans le besoin », a-t-il dit.

La proposition d’une « pause » humanitaire – c’est-à-dire un cessez-le-feu temporaire établi pour une période prédéterminée – est différente de celle d’uncouloir humanitaire. Cette dernière a pour objectif la création d’une zone géographique « sûre » qui serait protégée par des militaires.

Les Nations Unies, qui continuent à faire pression pour obtenir un accès total sans entrave – comme Mme Amos l’a indiqué dans une déclaration du 15 mars, « il n’y a pas de temps à perdre » – fournissent de l’aide par l’entremise de partenaires locaux, comme le Croissant-Rouge. Par l’entremise du CRAS, le PAM distribue de la nourriture à 100 000 personnes rendues vulnérables par la crise. L’UNICEF et l’OMS font également appel au CRAS et à d’autres partenaires locaux pour faire entrer l’aide dans le pays.

Le 14 mars, le CICR et le CRAS ont pu se rendre dans les villes de Rastan, de Talbiseh et d’Al Zaafaraneh, dans la province de Homs, afin d’évaluer les besoins en termes d’aide humanitaire. Ils ont constaté que 12 000 personnes déplacées par les récents affrontements avaient besoin de matelas, de couvertures, de nourriture, de lait maternisé, de médicaments de base et de médicaments nécessaires au traitement de maladies chroniques.

« Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées du seul quartier de Baba Amr. Dans ce contexte, il est important de savoir ce dont les gens ont réellement besoin et où ils se sont réfugiés afin d’élaborer un plan », a dit Mme Pitt.

Outre les dizaines de milliers de personnes qui ont déjà fui à l’étranger, les groupes humanitaires syriens estiment que jusqu’à 200 000 personnes ont été déplacées par la crise dans le pays.

L’OMS a reçu des demandes de la part d’organisations non gouvernementales (ONG) locales qui ont notamment besoin de médicaments vitaux et de trousses de secours. Les autorités syriennes ont autorisé l’OMS à réaliser une évaluation des hôpitaux et des établissements de soins de santé primaires dans les gouvernorats de Deraa, de Homs et de Deir-ez-Zor et dans les faubourgs ruraux de Damas, a indiqué l’organisation dans un compte-rendu.

Les Nations Unies travaillent à l’élaboration d’un plan de réponse d’une durée de trois mois. L’organisation lancera un appel de fonds pour aider les Syriens qui sont dans le besoin, mais le « chaînon manquant » est l’évaluation qui aurait permis de confirmer les besoins présumés.

Selon les travailleurs humanitaires, cette mission ne suffira peut-être pas à satisfaire les donateurs.

L’OCHA prévoit allouer quelque 10 millions de dollars au financement de projets d’urgence en Syrie par le biais de son Fonds central d’intervention d’urgence (CERF).

Cette semaine, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) lancera un appel de fonds distinct visant à répondre aux besoins des réfugiés syriens présents au Liban, en Turquie et en Jordanie.

Selon l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO), 20 millions d’euros ont déjà été engagés pour répondre de manière globale aux efforts humanitaires en Syrie et dans les pays voisins qui accueillent des réfugiés.

Mme Pitt a souligné le besoin d’appels visant à obtenir un accès humanitaire afin de rester indépendant des discussions politiques entre les États membres et les organes des Nations Unies. « Si les acteurs humanitaires ne sont pas perçus comme neutres et impartiaux, ils ne pourront pas aider les personnes qui en ont besoin ».

ha/cb-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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