« À part peut-être le Japon, les pays asiatiques doivent se préparer dès maintenant. Ces pays ont vieilli avant de s’enrichir », a dit Somnath Chatterji, du bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à New Delhi.
Selon la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), une personne sur quatre aura 60 ans ou plus en Asie en 2050. On en comptait une sur dix en 2010.
Plus de 65 pour cent de ces personnes âgées seront des femmes.
« La Chine et l’Inde sont évidemment les pays qui compteront le plus grand nombre de personnes âgées en chiffres absolus. Cela dit, la population chinoise vieillit plus rapidement que la population indienne en raison de sa politique de l’enfant unique », a ajouté M. Chatterji.
Selon les prévisions fournies aux Nations Unies par les deux États, le nombre d’habitants de plus de 60 ans passera de 165 millions en 2010 à 439 millions en 2050 en Chine et de 93 millions à 323 millions en Inde.
La population totale de l’Inde devrait dépasser celle de la Chine au cours de cette même période.
Philip Guest, directeur adjoint du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) à Bangkok, a dit à IRIN que le vieillissement de la population allait « gravement » affecter les pays en voie de développement de l’ensemble de la région.
Selon l’UNFPA, l’augmentation la plus marquée sur le continent sera celle du Bangladesh, où le nombre de personnes âgées sera presque multiplié par quatre, passant de 6,6 pour cent en 2010 à 22,5 pour cent en 2050.
IRIN a demandé aux experts quels seront les plus grands défis auxquels sera confrontée cette population.
Revenu
Dans de nombreux pays développés, les régimes de retraite et de sécurité sociale sont liés à l’emploi. Ce système peut difficilement être reproduit en Asie, où la plupart des habitants travaillent dans le secteur informel.
« Le secteur informel implique que les travailleurs ne participent pas au programme de sécurité sociale. La moitié des Thaïlandais n’auront aucun revenu lorsqu’ils prendront leur retraite », a dit Amornrat Apinunmahakul, professeur d’économie à l’Institut national d’administration du développement, une université publique.
M. Apinunmahakul a proposé la mise en place d’un régime de retraite universel, mais il a remarqué que cela posait des problèmes de financement.
« Actuellement, le gouvernement [thaïlandais] dispose d’un programme universel pour les personnes âgées. Il leur verse 500 bahts [16 dollars] par mois. Or, le salaire minimum en Thaïlande est de 1 500 à 1 600 bahts [48 à 52 dollars], cela n’est donc pas suffisant ».
« Le sentiment général en Asie du Sud est que de tels programmes coûtent trop cher », a dit Dave Mather, responsable du centre Asie du Sud de l’organisation non gouvernementale (ONG) HelpAge, basé à New Delhi.
Santé
Les maladies chroniques ont supplanté les maladies contagieuses, car la population vit plus longtemps, a écrit Sarah Harper, professeure à l’Institut Oxford de recherche sur le vieillissement, dans un rapport sur l’adaptation des soins de santé à une population vieillissante, publié en 2010.
« [Cette situation d’une] espérance de vie [plus longue] sans l’avantage d’une meilleure santé pourrait prendre une telle ampleur que nous nous retrouverions au bord d’une épidémie de fragilité ».
Au-delà de la fragilité physique, le nombre de patients atteints de démence dans la région Asie-Pacifique va passer de 14 millions en 2005 à 24 millions en 2020 et s’élever à 65 millions en 2050, d’après les estimations de l’ONG londonienne Alzheimer’s Disease International (ADI).
La dépression est aussi relativement commune chez les personnes âgées, a dit M. Chatterji, de l’OMS.
Les experts citent la solitude, la désorientation, le sentiment d’abandon et le manque d’estime de soi comme autant de causes de dépression et de faible santé mentale. Ces troubles se multiplient au fur et à mesure que les personnes deviennent moins actives.
Afin de garantir que les personnes âgées reçoivent les soins dont elles ont besoin, il faut s’assurer qu’elles disposent d’un réseau de soutien solide, ce qui est de moins en moins le cas.
« L’isolement social de ce segment de la population va devenir une préoccupation de premier ordre à mesure que la taille des familles se réduit et que les migrations [conduisent] les personnes âgées à vivre seules », a annoncé M. Chatterji.
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