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Les donateurs commencent à mettre à profit les leçons du passé

Women thresh grain in Niger ILRI/Steve Mann
Niger is worst-hit by the 2011 Sahel-wide drought
Les donateurs ont réagi plus rapidement cette année pour répondre aux besoins humanitaires du Sahel. En 2010, la réponse avait mis du temps à venir. Selon les organisations d’aide humanitaire, les bailleurs de fonds ont cependant commis une erreur classique en adoptant une approche de résolution rapide au lieu de chercher à mettre en place des mesures de prévention des catastrophes à long terme et à renforcer la résilience des populations.

Jusqu’à présent, plus de 150 millions de dollars de dons ont été promis pour répondre à l’insécurité alimentaire, à la sécheresse et aux besoins nutritionnels des habitants du Sahel. À la même époque en 2010, les donateurs n’avaient « presque rien fait », a dit Amadou Sow, de la division de coordination pour l’Afrique du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Les organisations d’aide humanitaire et les gouvernements nationaux ont commencé à faire campagne pour recueillir des dons dès le mois de décembre 2011 et OCHA a lancé un appel d’urgence à la même époque. En 2010, ces mesures n’avaient été mises en œuvre qu’en avril, soit bien après le début de la saison de soudure.

Selon Cyprien Fabre, chef du bureau régional de l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO) en Afrique de l’Ouest, la Commission européenne (CE) a accordé 138 millions de dollars à la région et « il y a un fort engagement au niveau de l’Union européenne ». Les commissaires au développement et à l’aide humanitaire travaillent en effet en étroite collaboration pour endiguer la crise au Sahel. L’UE devrait également mettre en place d’ici peu un mécanisme de financement à long terme.

Pour faire face à la crise, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a donné 67 millions de dollars dont 25,5 millions aux bureaux du Programme alimentaire mondial (PAM) au Niger et au Tchad; la France et le Département britannique pour le développement international (DFID) ont chacun promis 10 millions de dollars à cinq pays du Sahel sans préciser les sommes allouées à chacun d’eux ; le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies (CERF) a débloqué 16 millions de dollars de fonds de démarrage ; la Suède, l’Allemagne, l’Autriche et d’autres bailleurs de fonds ont accordé des sommes plus faibles aux pays de la région.

La plupart de ces dons n’ont pas encore été pris en compte par le service de suivi financier d’OCHA (FTS). Celui-ci indique toujours que les appels en faveur du Tchad et du Niger sont respectivement financés à hauteur de 7 et 15 pour cent.

Si les promesses des bailleurs de fonds sont les bienvenues, la commissaire européenne à l’aide humanitaire Kristalina Georgieva a récemment dit qu’il faudrait, selon une estimation prudente, 500 millions d’euros [654 millions de dollars] pour couvrir les besoins des habitants de la région pendant les six prochains mois. « Les fonds recueillis jusqu’à présent sont clairement insuffisants », a fait remarquer Stephen Cockburn, coordinateur régional des campagnes et politiques d’Oxfam pour l’Afrique de l’Ouest.

Éviter les erreurs du passé

Selon les travailleurs humanitaires, les bailleurs de fonds craignent peut-être de répéter les erreurs qu’ils ont commises par le passé dans la Corne de l’Afrique, lorsque tout le monde avait réagi trop tard, et veulent aussi montrer qu’ils ont appris les leçons des crises survenues précédemment dans le Sahel.

« Les donateurs s’intéressent plus au Sahel qu’auparavant », a dit M. Fabre. « Ils veulent probablement s’assurer qu’ils ne manqueront pas l’occasion d’apporter une réponse correcte, cohérente et de qualité cette fois-ci ».

Certains craignent toutefois que les bailleurs de fonds attendent la publication de statistiques plus détaillées sur les besoins des différents pays et que l’allocation de l’aide à des pays spécifiques en soit retardée. OCHA doit en effet faire paraître prochainement un document stratégique précisant les besoins de chaque pays.

Selon M. Sow, d’OCHA, les donateurs ne devraient pas accorder des fonds au Tchad et au Niger au détriment d’autres pays affectés comme le Burkina Faso, la Mauritanie, le Mali, le Nigeria et le Sénégal.

Sous-financement des interventions à long terme

Les bailleurs de fonds ont peut-être réagi rapidement, mais l’aide à long terme que les experts du Sahel préconisent depuis plusieurs années ne constitue toujours pas une priorité, selon ces mêmes experts.

« Le débat [en faveur d’une aide à long terme axée sur le renforcement de la résilience] n’est pas encore gagné », a dit M. Fabre.

Un certain nombre d’organisations d’aide humanitaire sont impliquées dans des projets de renforcement à long terme de la résilience. Oxfam a notamment mis sur pied des programmes de transferts d’argent ou des programmes argent-contre-travail pour aider les familles vulnérables à faire face au prix élevé des denrées alimentaires. « Certains donateurs [l’UE et le DFID] commencent à financer ce genre de projets, mais l’approche en tant que telle n’est pas encore une priorité », a dit M. Cockburn, d’Oxfam.

Le secteur de la prévention et du traitement de la malnutrition aiguë modérée (MAM) est confronté à un problème de sous-financement chronique dans le Sahel. On estime en effet à plus d’un million le nombre d’enfants qui souffriront de malnutrition sévère menaçant leur survie cette année. En temps « normal », ce chiffre tourne autour de 800 000.

Robert Johnston, un spécialiste en nutrition du bureau régional du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Afrique de l’Ouest et centrale, a dit à IRIN : « Il est difficile pour les organismes publics d’assurer le financement d’activités de prévention à long terme lorsqu’ils peuvent soutenir des interventions susceptibles de sauver des vies à court terme. Il est beaucoup plus facile [pour eux] de justifier ces interventions que celles qui ont des objectifs à plus long terme ».

De la même façon, il peut être difficile de convaincre les gouvernements nationaux de participer [à des programmes de prévention à long terme]. « Dans les régions où les niveaux d’éducation sont faibles et où les systèmes de santé sont fragiles, il est difficile de persuader la population du bien-fondé de la prévention », a indiqué M. Johnston.

Malgré tout, l’attitude des donateurs semble commencer à changer, a-t-il dit. Les programmes de l’UNICEF se fondent désormais sur l’idée selon laquelle le traitement d’urgence et la prévention de la malnutrition à plus long terme sont deux éléments de solution d’un même problème. « Tout le monde commence à comprendre le message », a-t-il ajouté.

D’après Kazimiro Rudolph-Jacondo, coordonnateur du bureau d’OCHA en Afrique de l’Ouest, situé à Dakar, les organisations d’aide humanitaire et les bailleurs de fonds devraient considérer leur réponse à la sécheresse qui sévit au Sahel comme une occasion de modifier leur approche. « C’est le moment opportun pour mettre à profit les leçons du passé et résoudre ces problèmes à long terme », a-t-il dit à IRIN.

aj/cb-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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