Découvert en Ouganda en 1999 (d’où son nom), l’Ug99 est un champignon mutant mortel qui se propage d’un hôte à l’autre par des spores transportés par le vent. En 2003, la plupart des variétés de blé kényanes étaient déjà identifiées comme vulnérables au champignon. Celui-ci entraîne une diminution de la production de semences ou la mort des plantes infectées.
Les deux nouvelles variétés – Eagle10 et Robin – ont été développées par l’Institut de recherche agricole du Kenya (KARI) après plusieurs années de recherche.
Même s’il n’est pas aussi largement répandu que le maïs ou le riz, le blé constitue malgré tout une part importante de la production alimentaire kényane – il est cultivé sur environ 4 pour cent des terres arables du pays (160 000 hectares sur 4 000 000 d’hectares de terres arables), selon Peter Njau, un sélectionneur de plantes du KARI.
Depuis 2005, les scientifiques du KARI ont étudié plus de 200 000 germoplasmes de blé. Seuls 10 pour cent d’entre eux présentaient une certaine résistance à l’Ug99 et, parmi les 10 pour cent, une poignée seulement pouvait s’adapter à l’environnement kényan, selon M. Njau.
Les variétés sélectionnées ont ensuite été soumises à des essais plus poussés dans des régions de culture du blé et aux Services d’inspection phytosanitaire du Kenya (KEPHIS).
« La première étape de présélection avait pour objectif l’identification de germoplasmes de blé résistants », a-t-il expliqué.
Les experts ont ensuite évalué les lignées identifiées pour déterminer si elles étaient adaptées à la production commerciale au Kenya. Celles qui semblaient les mieux adaptées ont été développées davantage pour satisfaire les cultivateurs kényans.
« C’est ainsi que sont nées les variétés de blé Eagle10 et Robin », a expliqué M. Njau depuis le KARI, situé à Njoro, dans la vallée du Rift. « Elles sont toutes deux tout à fait adaptées à la boulangerie et à la panification ».
Seul le temps nous dira...
Bien que les scientifiques du KARI aient identifié les nouvelles variétés comme étant résistantes à l’Ug99 et à la rouille jaune du blé, seul le temps permettra de savoir si elles offriront satisfaction aux cultivateurs de blé kényans.
Situé à Njoro, le KARI est l’un des rares centres qui étudient la résistance de la rouille du blé dans le monde entier.
La variété Eagle10 a été sélectionnée pour les régions de basse altitude comme Narok, Naivasha et Laikipia, dans la vallée du Rift, tandis que Robin a été choisie pour les zones d’altitude moyenne à élevée comme Njoro, Mau Narok et Timau.
Lorsqu’elle n’est pas contrôlée, la rouille jaune du blé, qui exige un traitement chimique intensif, peut entraîner des pertes de rendement de 50 à 70 pour cent. Le coût élevé des produits chimiques constitue un obstacle à la culture du blé pour la plupart des petits exploitants.
Les cultivateurs qui ont assisté à une journée organisée par le KARI se sont montrés optimistes quant au succès des nouvelles variétés de blé.
Photo: IRIN |
Gros plan de la rouille des tiges du blé |
« J’ai planté du maïs sur les cinq acres de terre que je possède et où j’ai cultivé du blé pendant de nombreuses années, mais je suis sûr que les nouvelles variétés me permettront d’épargner l’argent que je dépensais pour les fongicides. Je suis prêt à en planter dès que les semences seront disponibles », a-t-il dit.
Production de semences
Le KARI travaille en collaboration avec la Kenya Seeds Company pour produire plus de semences. « Nous estimons à plus de 10 tonnes la quantité de semences de la nouvelle variété qui aura été produite à la fin de l’année », a dit le directeur du KARI Ephram Mukisira.
À Njoro, le KARI consacre 12 hectares exclusivement à la culture du blé.
« J’exhorte les fermiers à se remettre à la culture du blé, car les nouvelles variétés ont un coût de production beaucoup plus faible », a ajouté M. Mukisira.
Au cours des dernières années, les agriculteurs ont peu à peu abandonné la culture du blé à cause des pertes causées par l’Ug99. Entre 2001 et 2011, les coûts de production ont augmenté de 40 pour cent. Cette année, les cultivateurs ont dû arroser leurs champs de pesticides à trois reprises pendant la saison à un coût de 9 000 shillings kényans (90 dollars) l’acre.
Selon le ministère de l’Agriculture, le Kenya importe environ 60 pour cent du blé dont il a besoin. La croissance de la population et la diminution de la production nationale (due au fait que certains agriculteurs abandonnent le blé pour le maïs) permettent, dans une certaine mesure, d’expliquer ce chiffre.
À l’heure actuelle, le KARI étudie 27 000 autres lignées de blé dans le but de trouver des lignées à haut rendement qui pourront être utilisées directement comme variétés.
Dix-neuf variétés étudiées plus tôt au KARI sont déjà utilisées dans huit pays.
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