« Je faisais cela chez moi. Puis des femmes analphabètes de Wadi al-Jamous sont venues me voir : elles voulaient apprendre à lire. Je suis allée voir le maire, Khodr Abdelkader Akkari, qui nous a donné une salle dans le bâtiment de la municipalité. Nous nous sommes développées peu à peu. J’ai été présentée à des responsables du ministère des Affaires sociales d’Akkar. J’ai suivi une formation à l’alphabétisation des adultes et on m’a donné des livres à utiliser en classe, » a t-elle dit à IRIN.
Khadija n’a pas été au collège ni au lycée et elle a seulement appris à lire à l’école primaire. Comme la plupart des filles de son village, elle a été mariée jeune et passait presque tout son temps à la maison. Aujourd’hui, à 42 ans, elle n’a pas d’enfant, ce qui, dit-elle, lui donnait un sentiment de stigmatisation, dans cette société rurale traditionnelle.
Mais elle voulait faire quelque chose pour elle-même et pour les femmes de son village. En 2008, elle a mis en place une organisation non gouvernementale (ONG), Aleswa-al-hasana (« le bon exemple »).
« Ma vie a entièrement changé, et celle des femmes qui ne savaient pas lire avant de suivre les cours a changé elle aussi, » a t-elle dit. « Dans cette région, la vie des femmes est très rude. Elles passent leur temps à travailler à la maison ou dans les champs. Mais quand une fille sait lire, elle ne va pas souvent cueillir les olives dans les champs. Son horizon change et elle ne veut pas faire un travail aussi dur. Elle peut avoir un métier agréable qu’elle peut exercer chez elle, comme celui de couturière, de coiffeuse ou d’esthéticienne. »
Khadija a fini par ouvrir un atelier de couture pour aider au financement du programme d’alphabétisation et offrir à d’autres femmes du village une opportunité de travailler hors de chez elles. L’un de ses frères a fait cadeau d’un bureau. L’ONG a jusqu’à présent appris à lire à 120 filles et femmes.
A la fin de 1999, une délégation du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) s’est rendue au village pour évaluer ses projets d’aide à l’enfance et a décidé d’aider Khadija à lancer une initiative destinée à la vente des vêtements produits dans l’atelier, permettant ensuite d’utiliser l’argent obtenu pour financer des cours spéciaux pour les élèves ayant des difficultés d’apprentissage.
Après plusieurs mois, Khadija a rencontré Luca Babini, un photographe italien vivant à New York qui travaillait au Liban pour Orta Blu, un spécialiste turc du jean. Après avoir entendu parler du projet par M. Babini, Orta Blu a décidé de mettre en place un partenariat avec Khadija : les femmes d’Aleswa al-Hasana fabriqueraient des uniformes scolaires pour des enfants africains. Orta Blu a offert 12 machines à coudre neuves et fourni aux femmes le denim nécessaire à la fabrication des uniformes, dont une partie a été donnés aux écoliers du village.
Cet été, les femmes sont en train de coudre des uniformes pour des élèves de la Sierra Leone. « Je n’ai pas eu d’enfant, mais je sais que le travail que je fais a changé ma société en l’améliorant, » a dit Khadija. « Aujourd’hui, les gens me considèrent avec respect, je me sens vraiment pleine de vie. Avant, je m’ennuyais terriblement. »
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