1. Accueil
  2. East Africa
  3. Sudan

Michael David, « Mon travail, c’était de nettoyer les fusils et de cirer les bottes »

Child soldiers guard a road near Bunia, Ituri region (file photo) UNICEF/HQ03-0555/LeMoyne
Michael David* n’a pas eu une enfance comme les autres. Pendant les 11 premières années de sa vie, il a été enfant soldat et enfant des rues, et fait partie du million d’enfants non scolarisés en âge de fréquenter l’école primaire, au Sud-Soudan. Mais aujourd’hui, sa vie est peut-être en train de changer :

« Ma mère était une des nombreuses épouses de mon père. Nous habitions une maison avec beaucoup de "tukhuls" [huttes] près de Bentiu, avec mon frère aîné et le reste de la famille. Un jour, ma mère a quitté mon père, qui était très vieux, et nous a emmenés chez un autre homme, un ami à elle. Je ne sais pas quel âge j’avais, mais je n’allais pas encore à l’école ».

« Cet homme ne nous aimait pas beaucoup, mon frère et moi. Nous sommes restés là-bas quelque temps. Lorsque j’ai eu sept ans et mon frère neuf, il nous a emmenés à la caserne et nous a laissés là. On devait travailler dur pour avoir à manger et un endroit où dormir ».

« Comme j’étais parmi les plus jeunes, mon travail, c’était de nettoyer les fusils et de cirer les bottes. Après avoir nettoyé un fusil, je l’emmenais au stand de tir pour le tester. C’est comme ça que j’ai appris à devenir soldat. Je faisais même de l’espionnage : je partais devant les soldats plus âgés et je revenais leur raconter ce que j’avais vu. Beaucoup de gens ne se doutaient pas que j’étais soldat ».

« A cette époque-là, je buvais déjà de l’alcool et je fumais ».

« Au bout d’environ deux ans passés à la caserne, mon frère et moi ne pouvions plus supporter ces souffrances : on ne nous donnait souvent pas à manger et les autres soldats nous maltraitaient. Mon frère nous a convaincus, moi et un autre garçon, qu’on devait essayer de s’échapper et finalement, c’est ce qu’on a fait ».

« Nous nous sommes retrouvés à Bentiu. Mon frère et moi savions où habitait un parent de mon père, alors nous sommes allés chez lui. Il a accepté de nous accueillir et de nous emmener à l’école. Mais deux mois plus tard, il est brusquement parti à Khartoum en nous laissant seuls chez lui. Peu après, le propriétaire de la maison nous a mis à la porte. Nous avons vécu dans la rue ; le jour, nous faisions les poubelles pour trouver de la nourriture et la nuit, nous retournions dormir devant la maison de notre voisin ».

« L’année dernière, une travailleuse sociale m’a trouvé dans la rue et m’a parlé de réhabilitation. Elle a essayé de me ramener chez moi, mais on m’a renvoyé parce que ma mère n’habitait plus là. On m’a ensuite emmené dans un centre [de réhabilitation] où je suis resté pendant trois mois. La travailleuse sociale m’a dit qu’on me chercherait une famille d’accueil. On m’en a trouvé une et j’étais censé habiter chez ces gens, mais ils étaient méchants avec moi. Ils ont vendu mon uniforme d’écolier et mes livres. Alors, je suis retourné vivre dans la rue ».

« Cette année, ma travailleuse sociale m’a accueilli chez elle et a veillé à m’inscrire à l’école. Aujourd’hui, je suis en CE1. J’aime beaucoup l’école. On m’a dit qu’on me trouverait une autre famille, sans doute un membre de ma famille, qui recevrait une aide pour que je puisse continuer d’aller à l’école ».

« Pour l’instant, je suis heureux de vivre chez ma travailleuse sociale ; je mange bien, je dors bien et je vais à l’école tous les jours. Un jour, j’espère aller étudier à l’étranger, surtout au Kenya, puis revenir et devenir professeur. Si je ne deviens pas professeur, je voudrais devenir un grand général dans l’armée ».

« Aller à l’école m’a aidé à arrêter de boire et de sniffer de la colle. Mais je n’ai pas encore réussi à arrêter de fumer des cigarettes ».

*un nom d’emprunt

js/cb – nh/og

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join