Les déplacés syriens rentrent chez eux

Près de la moitié des quelques milliers de Syriens qui ont fui dernièrement dans le nord du Liban pour échapper aux flambées de violence dans le sud-ouest de la Syrie sont rentrés dans leur pays, selon les habitants de la région.

« Cinquante pour cent des familles syriennes sont rentrées dans leur ville d’origine », a déclaré un cheikh de la région, sous couvert de l’anonymat. Dans la ville de Hadath, en Syrie, les familles et amis des demandeurs d’asile avaient informé ces derniers que la situation était calme dans leurs villages, a-t-il ajouté.

D’après Dana Sleiman, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), la situation est relativement calme dans la région de Wadi Khaled en Syrie, où se trouve Hadath.

« Bien que la situation soit grave, nous ne pensons pas pour l’instant qu’il s’agisse d’une situation d’urgence car le nombre des déplacés reste limité », a-t-elle dit. « Il n’y a pas d’afflux important ».

Il y a un peu plus d’un mois, des Syriens, dont une majorité de femmes et d’enfants originaires de villes telles que Hadath, Arida ou Tal Kallakh, ont commencé à fuir par petit nombre de l’autre côté de la frontière, au Liban, pour échapper, ont-ils dit, à la répression violente menée par l’armée syrienne dans leurs villages.

Selon une source, on entendait les bombardements du côté libanais de la frontière, il y a deux semaines. « ?Des membres de la milice pro-gouvernementale? Shabiha [qui réprime les manifestants] faisaient des descentes chez les gens, entraient, arrêtaient les hommes, violaient les femmes », a rapporté la source. « Nous les avons même vus tirer une balle dans le pied d’une vieille femme ».

Selon les estimations de l’organisation non gouvernementale (ONG) Islamic Relief, 6 000 Syriens ont fui au Liban. « Ils ont afflué dans le nord du Liban ?...? par des points de passage frontaliers illégaux pour échapper aux violences perpétrées à l’encontre des manifestants par les forces de sécurité fidèles au président Bashar al-Assad ». La plupart d’entre eux ont été hébergés à Akkar (dans le nord du Liban), essentiellement par des membres de leurs familles ; un fardeau de plus pour ces derniers, déjà pauvres.

« La plupart des personnes qui ont franchi la frontière ces dernières semaines sont des femmes et des enfants », a noté la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant- Rouge (FISCR), le 31 mai. « Un grand nombre de ceux qui ont franchi la frontière ont fui sans rien emmener. La plupart ont trouvé refuge chez des parents ou dans des familles d’accueil, et un petit nombre d’entre eux sont temporairement hébergés dans une école, à Tall Bire ».

Selon le Conseil supérieur des secours du Liban, qui dirige les interventions menées en vue de pourvoir aux besoins des Syriens, quelque 6,814 personnes ont reçu de l’aide.

Les manifestations actuelles ont commencé en Syrie à la mi-mars et sont régulièrement réprimées par le pouvoir. Au moins 1 100 personnes auraient trouvé la mort, dont plus d’une cinquantaine à la suite des manifestations qui ont eu lieu le vendredi 3 juin, après la prière. Plus de 10 000 personnes ont également été arrêtées, selon les experts des droits humains. 

Le 4 juin, le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon s’est dit alarmé par l’escalade de violence en Syrie et a appelé à ouvrir une enquête indépendante et transparente sur tous les massacres perpétrés.

as/eo/cb – nh/amz