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Seuls quelques chanceux bénéficient de traitements contre le cancer

Sambetire is four months pregnant and could lose her baby - but she is one of the lucky few to make it to a health centre. Madagascar Tomas de Mul/IRIN
Sambetire is four months pregnant and could lose her baby - but she is one of the lucky few to make it to a health centre
Les patients hospitalisés à Madagascar ont l’habitude de tout payer, des gants et de la gaze utilisés par le chirurgien aux goutte-à-goutte et seringues, mais une crise politique et économique prolongée a encore fragilisé le secteur de la santé publique et seuls quelques chanceux ont désormais les moyens de payer les traitements contre le cancer.

Aujourd’hui, le pays ne dispose que d’un service d’oncologie de 60 lits, celui de l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona (HJRA) de la capitale Antananarivo, pour soigner la population entière de l’île, soit quelque 20 millions de personnes, et la grande majorité des Malgaches, dont 70 pour cent vivent en dessous du seuil de pauvreté, n’ont pas les moyens de payer les traitements.

Le coup d’État de mars 2009, qui a vu Andry Rajoelina renverser le président Marc Ravalomanana et prendre le pouvoir avec le soutien de l’armée, a conduit à la suspension de nombreuses aides extérieures et à la suppression de nombreux avantages commerciaux dont le pays était fortement dépendant, particulièrement pour le financement des secteurs sociaux. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le gouvernement a également réduit ses dépenses de santé de manière significative alors même que nombre de familles touchées par la crise économique se trouvaient dans l’incapacité de payer leurs soins de santé.

« Ici, une majorité de la population n’a pas les moyens de payer [les traitements] ; ce sont des agriculteurs, ou des chômeurs », a indiqué Melanie Anton, pédopsychologue à l’HJRA.

Selon les travailleurs sociaux de l’ HJRA, un fonds d’état qui est supposé donner des médicaments et des fournitures médicales gratuites aux personnes qui n’ont pas les moyens de payer les soins de santé couvre une partie des besoins, mais la crainte des patients de devoir faire face à des factures médicales qu’ils ne peuvent pas payer a conduit nombre de personnes à abandonner leur traitement de manière précoce, ou à ne pas se faire soigner.

« Les parents s’inquiètent de ne pas pouvoir payer les médicaments, donc ils retirent leurs enfants de l’hôpital avant qu’un traitement soit administré ou qu’une opération soit pratiquée, et les ramènent chez eux », a confirmé Mme Anton.

Selon Florine Rafaramino, directrice du service d’oncologie de l’HRJA’s, ce problème est particulièrement fréquent dans les cas de traitements contre le cancer, car le prix des médicaments est en augmentation et les séances de chimiothérapie coûtent jusqu’à près de deux millions d’ariary (1 000 dollars).

Déplacements coûteux vers la capitale

Mme Rafaramino a dit que les patients perdent souvent un temps précieux et de l’argent lors de leurs déplacements vers la capitale. « C’est catastrophique pour eux, particulièrement pour les gens de la campagne. Ils viennent et repartent souvent immédiatement parce qu’ils n’ont plus d’argent », a-t-elle indiqué à IRIN.

« Nous ne disposons que d’un appareil pour plus de 20 millions de personnes et il ne fonctionne pas »
Les parents de Mariosa, âgée de trois ans, ont effectué 500 km pour amener leur fille à l’HJRA après que des médecins de la région de Sava, dont elle est originaire, n’ont pas réussi à diagnostiquer que ces maux d’estomac étaient la conséquence d’une tumeur.

« Avant de venir ici, nous sommes allés dans plusieurs hôpitaux et tout le monde nous a dit de venir ici », a dit Teddy Tombotam, son père, qui travaille dans le commerce de la vanille.

Sa femme a quitté son travail pour rester aux côtés de Marosia tandis que M. Tombotam revient à Antananarivo toutes les deux semaines pour passer deux jours auprès de sa fille. Bien qu’ils soient mieux lotis que la majorité des Malgaches, le traitement de leur fille représente un fardeau financier.

« C’est difficile pour un petit commerçant, mais qu’est-ce que je peux faire ? C’est ma fille, ma seule fille », a dit M. Tombotam, ajoutant que si Marosia a besoin de davantage de séances de chimiothérapie que les trois séances prévues « nous serons ruinés ».

Équipements en panne

Le simple fait de se rendre dans la capitale à temps et d’avoir les moyens de payer les traitements ne garantit pas d’en bénéficier. Les stocks de médicaments sont souvent épuisés et le seul appareil de radiothérapie de l’hôpital, qui est utilisé pour soigner 8 pour cent des cas de cancer, ne fonctionne plus depuis plus d’un an.
« Nous ne disposons que d’un appareil pour plus de 20 millions de personnes et il ne fonctionne pas », a dit Mme Rafaramino, qui a noté que selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, il faut au moins un appareil de radiothérapie pour un million d’habitants.

Si plusieurs organisations caritatives fournissent des fonds afin de couvrir les coûts des traitements de certains cancers et des soins de certains groupes d’âge, le personnel ne peut pas aider les patients qui ne remplissent pas les bonnes cases et n’ont pas les moyens de payer eux-mêmes.

« La culpabilité est terrible si vous voyez votre enfant mourir », a dit Mme Rafaramino, ajoutant que nombre de patients meurent chez eux dans la douleur.

Une ONG prévoit l’ouverture de nouvelles cliniques

Certaines des difficultés rencontrées dans l’accès aux traitements contre le cancer pourraient être allégées par le projet de l’organisation caritative locale 4aWOMAN : celle-ci prévoit d’ouvrir trois nouveaux centres pour les traitements contre le cancer à Antananarivo, Fianarantsoa, la seconde plus grande ville de Madagascar située au sud, et dans la ville de Mahajunga située au nord-ouest.

4aWOMAN, un projet de la Fondation Akbaraly mis en œuvre par Cinzia Akbaraly, la femme d’un des hommes d’affaires les plus éminents de Madagascar, cible le cancer du sein et les cancers gynécologiques qui représentent 52 pour cent des cas de cancers à Madagascar.

Le directeur de projet Jacques Schmitt a dit que le financement des cliniques couvrirait le coût des appareils de radiothérapie et de la formation du personnel, mais qu’une culture qui empêche de nombreuses femmes de se faire dépister pour ces cancers devait également être remise en question.

« Le problème de la culture s’exprime par le fait que de nombreuses femmes, particulièrement dans les zones rurales où il y a un manque de connaissances ou une stigmatisation des examens gynécologiques, ne se font pas dépister », a-t-il dit à IRIN. « Cela veut dire que nous nous retrouvons souvent face à des patientes dont le diagnostic indique une mort presque certaine ».

hm/ks/cb – gd/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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