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Les cliniques spécialisées de Benghazi cherchent désespérément du soutien

Zainab al Beidi opens a locked gate to the swimming pool that was never completed. Kate Thomas/IRIN
Zainab Al Beidi ouvre une porte verrouillée qui donne sur une piscine dont la construction n’a jamais été achevée
Dans la ville libyenne de Benghazi, les médecins spécialistes sont confrontés à une pénurie de financement pour l’approvisionnement et les équipements, ce qui entrave sérieusement leurs efforts.

« Les conditions sont très mauvaises », a dit Zainab Al Beidi, directrice du seul centre de réadaptation public de Benghazi, où sont soignés les patients qui souffrent de lésions à la moelle épinière ou qui se remettent d’un accident vasculaire cérébral (AVC).

Soixante-cinq patients étaient hospitalisés à long terme au centre, mais lorsqu’IRIN s’y est rendu, il était devenu évident que leurs perspectives de rétablissement étaient limitées par une grave pénurie d’équipements.

« Nous nous débrouillons avec ce que nous avons, mais j’ai constamment l’impression que nous n’en faisons pas assez », a indiqué Mme Al Beidi. « Tout ce que nous pouvons faire, c’est offrir des couches et des fauteuils roulants, et nous n’en avons même pas assez pour tout le monde. Nous avons des patients qui devraient être soignés à l’étranger, mais comment pouvons-nous les transférer là-bas ? »

Jusqu’il y a deux ans, le centre était partiellement financé par le gouvernement libyen à Tripoli. Les fonds se sont ensuite taris sans prévenir. Le centre est maintenant financé par le Croissant-Rouge libyen et des organisations non gouvernementales (ONG) locales, mais, selon Mme Al Beidi, le budget est limité. « Ça nous brise le cœur de ne pas pouvoir en faire plus », a-t-elle ajouté.

Elle a montré à IRIN une annexe dans laquelle se trouvait une piscine à moitié achevée et laissée à l’abandon depuis cinq ans. « Lorsque nous avons cessé de recevoir de l’argent de Tripoli, nous n’avons plus pu payer les entrepreneurs », a-t-elle expliqué. « Personne ici n’a donc pu entreprendre une thérapie en piscine ».

En 2005, le centre a fait l’acquisition d’un scanner CT. Peu de temps après toutefois, Mme Al Beidi a reçu de Tripoli l’ordre de ne pas l’utiliser. « On nous a dit que nous n’étions pas habilités à nous en servir », a-t-elle indiqué. « Je soupçonne le gouvernement de vouloir faire payer les gens pour utiliser les appareils dans les cliniques privées, même si de nombreux patients ne peuvent pas se le permettre. Le gouvernement a envoyé des hommes pour briser l’appareil afin que nous ne puissions pas l’utiliser ».

Une grande partie du personnel infirmier a quitté dès les premiers jours du conflit. Malgré les obstacles toutefois, Mme Al Beidi se dit optimiste face à l’avenir pour la première fois depuis des années. « Si le régime finit par s’effondrer et que la Libye réforme son système de santé, il pourrait y avoir de profonds changements », a-t-elle ajouté. « À cause de la guerre, l’ambiance est à la bonne humeur parmi le personnel et les patients. Même si nos ressources sont limitées, aucun patient ne s’est plaint depuis le début du conflit », a-t-elle ajouté.

Besoins chroniques

D’après Simon Brooks, chef de la mission du Comité internationale de la Croix-Rouge (CICR) à Benghazi, les besoins d’urgence ne sont pas aussi pressants qu’ailleurs dans le pays, comme à Misrata, d’où l’ONG italienne Emergency a été contrainte de partir la semaine dernière pour des raisons de sécurité.

The unfinished swimming pool at Benghazi Rehabilitation Centre
Photo: Kate Thomas/IRIN
La piscine du centre de réadaptation de Benghazi, qui n’a jamais servi
« À Benghazi, les besoins d’urgence ne sont pas si importants », a-t-il dit à IRIN. « Mais c’est autre chose pour les besoins chroniques. Le CICR profitera de sa présence ici pour tenter de renforcer les institutions et d’améliorer la planification des mesures d’urgence pour qu’il y ait toujours des réserves de fournitures ».

Au centre psychiatrique de Benghazi, où, selon les médecins, les admissions ont augmenté de 50 pour cent depuis le début du conflit, les réserves de fournitures médicales s’amenuisent. Jusqu’en février, la pharmacie interne disposait de suffisamment de médicaments pour soigner les patients du centre. Elle n’avait cependant pas prévu de réserves pour traiter des patients supplémentaires.

« Par le passé, nous avons toujours eu l’impression d’avoir suffisamment de médicaments pour soigner tout le monde », a indiqué le psychiatre Kamil Rabai. « Le conflit nous a démontré que nous n’avions pas beaucoup de ressources ». Les médecins donnent maintenant aux patients l’équivalent d’une ou de deux semaines de médicaments au lieu de quatre.

Les services orthopédiques sont également paralysés depuis plusieurs années. À l’hôpital Al Hawari, à Benghazi, il n’y a pas suffisamment de matériel pour soigner les fractures. « C’est vrai qu’il y a eu une augmentation des cas à cause de la guerre, mais ce serait une erreur d’attribuer la pénurie de fournitures à la crise », a dit Fouad Al Mabrouk, un médecin en formation qui se spécialise en orthopédie.

Le centre médical de Benghazi (Benghazi Medical Centre), le plus grand hôpital de la ville, a ouvert ses portes il y a 30 ans. L’un des étages n’a cependant jamais été complété, a indiqué M. Al Mabrouk.

La gratuité des soins de santé qui prévalait sous le gouvernement de Kadhafi continue d’être appliquée dans les régions du pays contrôlées par les rebelles. Selon les statistiques publiées en 2009 par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), la mortalité infantile – un bon indicateur de la performance des systèmes de santé – est de 20 décès pour 1 000 naissances vivantes en Libye. Le système de santé national a toutefois souffert et ne s’est pas encore totalement remis des sanctions imposées au pays dans les années 1980.

D’après Murad Ali Lenghi, l’ancien ministre de la Santé libyen, le système de santé national est « déficient dans plusieurs secteurs...des investissements et des développements sont nécessaires dans l’ensemble du système ». Il a cité les pénuries de personnel, en particulier dans les cliniques spécialisées, la détérioration des normes, l’encombrement des hôpitaux et la tendance des Libyens à se faire soigner à l’étranger comme des facteurs qui contribuent à ce qu’il décrit comme « l’état médiocre du système ».

kt/eo/mw –gd/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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