1. Accueil
  2. Middle East and North Africa
  3. Egypt

La frustration des réfugiés bloqués à la frontière

Patrick Yaw, a migrant worker from Kumasi in Ghana at the Libya-Tunisia border Kate Thomas/IRIN
A migrant worker from Kumasi in Ghana at the Libya-Tunisia border
Le migrant libérien James Saah, 40 ans, vend des bouteilles de parfum et du savon dans un stand de fortune installé dans un no man’s land entre la Libye et l’Égypte, près de la ville frontalière égyptienne de Salloum. Il y a trois semaines, il a fui la Libye, où il travaillait dans une fonderie. Aujourd’hui, il en a assez d’attendre.

« Je suis fatigué, très fatigué d’attendre », a-t-il dit à IRIN. « Les conditions sont très difficiles. J’essaie de me faire un peu d’argent, car j’ai quitté la Libye les mains vides ».

Plus d’un mois après que les premiers réfugiés ont commencé à affluer à Salloum, les conditions pour ceux qui y sont coincés sont toujours aussi médiocres.

« Ce qui est le plus urgent, c’est de trouver un meilleur endroit pour les gens qui viennent ici, et de leur offrir des conditions plus humaines, car les conditions dans lesquelles ils vivent sont inhumaines », a dit Astrid Van Genderen Stort, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Contrairement aux réfugiés de Choucha, un camp tunisien bien organisé situé près de la frontière entre la Tunisie et la Libye, la plupart de ceux qui sont à Salloum depuis quelque temps dorment dans des tentes fournies par le HCR et installées dans une sorte de no man’s land. Un endroit a été aménagé pour les familles à l’intérieur du hall des départs de la Libye, mais il est surpeuplé, et les tensions sont au plus haut.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), quelque 3 500 personnes sont actuellement bloquées au point de transit de Salloum.

Appel de fonds de l’OIM

L’ Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué que les fonds qu’elle avait amassés s’étaient taris et qu’elle avait dû réduire drastiquement le nombre de personnes évacuées chaque jour.

« Plus de 12 000 migrants restent bloqués à la frontière libyenne avec la Tunisie et l’Égypte, et un nombre encore plus important de migrants a besoin d’aide au Niger, en Algérie et au Tchad », indiquait l’OIM dans l’appel de fonds de 160 millions de dollars qu’elle a lancé afin de venir en aide aux migrants qui fuient les violences en Libye.

« Ceux qui attendent une aide en Tunisie ou en Égypte deviennent de plus en plus impatients de rentrer chez eux et [certains] cherchent désormais une solution alternative à leur situation », ajoutait l’OIM dans son appel de fonds. « Le personnel de l’OIM sur le terrain rapporte que les longs retards d’évacuation causés par le manque de fonds forcent certains migrants à se tourner vers des passeurs pour les amener en Europe ».

Afin d’améliorer les conditions d’exiguïté dans lesquelles vivent les réfugiés de Salloum, les autorités égyptiennes ont récemment accepté de construire six bâtiments et d’installer des latrines supplémentaires et un générateur.  Si cela permettra d’héberger temporairement 1 200 personnes, il n’est cependant pas suffisant pour loger tout le monde.

Au total, 174 176 personnes ont traversé la frontière entre la Libye et l’Égypte au cours des cinq dernières semaines, incluant 281 blessés. Depuis quelques jours, 2 500 Libyens traversent chaque jour la frontière, a indiqué le HCR.

Frustration

D’après les gardes-frontière libyens, la frustration des réfugiés de Salloum est à son comble. « Ils font tout ce qu’ils peuvent pour supporter cette situation difficile », a dit à IRIN un garde-frontière libyen qui a préféré garder l’anonymat.

« Parfois, la situation s’améliore, mais elle finit toujours par empirer à nouveau...Il y a beaucoup de Libériens, de Nigérians et de Somaliens. Ils essaient d’être patients, mais plusieurs d’entre eux sont au bout du rouleau ».

Le 5 avril, IRIN a été témoin de deux petites bagarres : l’une entre deux Somaliennes dans le hall des départs et l’autre entre des Nigérians à l’extérieur de celui-ci.

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) tente d’améliorer l’accès à l’eau et l’assainissement et organise une campagne de vaccination pour les enfants des réfugiés qui se trouvent à la frontière. « Nous avons une équipe sur place qui s’occupe essentiellement de l’accès à l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement », a indiqué le porte-parole, Toby Wicks. « Nous essayons de faire en sorte que les jours paraissent un peu moins longs aux personnes qui sont coincées ici ».

Les familles – des Somaliens et des Érythréens qui bénéficiaient du statut de réfugié en Libye, pour la plupart – se voient également offrir une aide psychosociale. Les organisations d’aide humanitaire organisent aussi des activités éducatives et de développement pour les enfants. « L’objectif est de permettre aux enfants d’exprimer leurs sentiments, et aussi d’avoir du plaisir et d’apprendre...dans un contexte difficile comme celui-ci ».

L’UNICEF et International Medical Corps (IMC) distribuent des trousses sanitaires et d’hygiène. Par ailleurs, pour pallier le manque de latrines sur le site, le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) a envoyé 2 000 « sacs de dignité » pour les hommes et les femmes.

En dépit des efforts déployés par les organisations d’aide humanitaire pour fournir l’essentiel aux réfugiés, ceux qui sont coincés ici sont mécontents. Samira, une Somalienne de 26 ans qui a trois enfants, a dit à IRIN qu’elle ignorait combien de temps elle devrait attendre à la frontière.

« Je ne veux pas vivre comme ça », a-t-elle dit à IRIN. « Nous obtenons un peu d’aide pour l’hygiène et d’autres choses, mais je ressens beaucoup de colère. Pendant tout le temps que nous sommes ici, mon mari ne travaille pas ».

kt/eo/cb –gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join