Une semaine avant la visite à Dungu le 10 mars de Mme Valérie Amos, Secrétaire générale adjointe des Nations unies aux Affaires humanitaires et coordonnatrice des secours d'urgences, cette ville du Haut Uélé a été la cible d’une attaque de la LRA.
Le 6 mars, six camions du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été l’objet d’une embuscade à quelques kilomètres au sud de Banda, sur la route d’Ango, dans le Bas Uélé. Ces camions faisaient partis d’un convoi de 17 véhicules. Les assaillants, une trentaine, ont emporté des sacs de farine et les biens personnels des chauffeurs.
Quelques jours plus tôt, le village de Bambangana, dans la même zone, avait été attaqué. Plusieurs soldats de l’armée congolaise ont été tués, une femme immolée en public et plusieurs autres femmes violées.
« Ici les gens sont tellement traumatisés qu’à la moindre alerte ils quittent le camp et partent dormir en brousse », a expliqué Marine Jarney de l’ONG Solidarité internationale qui apporte de l’aide aux déplacés à Dungu.
Des 293 400 déplacés des deux districts, 56% se sont installés à Dungu.
« Ces gens, qui ont assisté à des viols, des tueries et des enlèvements d’enfants, ont tellement peur qu’ils n’osent même plus aller aux champs. Et une saison de récolte ratée, c’est très difficile à rattraper », a dit à IRIN Abdou Dieng, représentant du PAM en RDC.
La majorité des attaques à Uélé est attribuée à l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), groupe rebelle originaire d’Ouganda dont les quelques centaines de combattants sont aujourd’hui dispersés entre le nord de la République démocratique du Congo, le Sud Soudan et l’est de la République centrafricaine.
Photo: ReliefWeb |
Face à cette dégradation des conditions de sécurité, il y a eu des demandes pour le renforcement de la présence militaire de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) et l’accompagnement des convois humanitaires par des escortes armées ou militaires. Certaines organisations non gouvernementales (ONG) s’opposent à l’utilisation des escortes militaires et plaident pour une meilleure sécurisation des principaux axes routiers.
« Il y a un manque important de fonds à la fois pour assurer la protection des civils et celle des humanitaires », a constaté Emad Aziz, chef du bureau du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Dungu, qui s’inquiète d’une plus grande détérioration sécuritaire en cas de troubles au Sud Soudan, où s’installe un nombre important des refugiés congolais.
« Il faut être réaliste et garder nos espoirs dans les limites du raisonnable, les capacités de la Monusco sont limitées », a dit Fidèle Sarassoro, Représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations unies en RDC.
Les travailleurs humanitaires ont également fait part à Mme. Amos du rôle des soldats de l’armée régulière dans les violations des droits humains ; un tiers de ces violations pourait être attribué aux forces armées congolaises.
L’une des cibles des forces armées serait, selon plusieurs témoignages, les pastoralistes Mbororos, dont quelque 2000 accompagnent régulièrement leurs troupeaux à la recherche de pâturages dans la région. Les Mbororos sont délibérément pris pour cibles par des groupes armés, mais sont aussi accusés par les communautés indigènes de laisser leurs bêtes saccager les plantations.
Au début du mois de janvier, des militaires et des policiers ont expulsé quelque 300 Mbororos d’un site près de Niangara. Une délégation des Mbororos a déposé une plainte officielle dénonçant l’attaque et le viol d’une trentaine de leurs femmes par des militaires.
Des rapports non confirmés des travailleurs humanitaires suggèrent que certains Mbororos ont rejoint des unités de la LRA, ce qui pourrait expliquer l'augmentation des attaques dans la région.
fp/am/mw - amz
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